Vector Zero : Chapitre 0 : Chute

Le vent soufflait entre les immeubles, les gens marchaient dans les rues. Les oiseaux volaient entre les buildings, qui siégeaient la tels de grands pavés gris sortis du sol par centaines, et qui empêchaient de toute part de voir la ligne d'horizon depuis le sol. Les vitres reflétaient des immeubles, les immeubles reflétaient l'orgueil de la ville. Les rues étaient géométriques dans cette zone. Vu du ciel, tout ça formait des carrés. Chaque avenue, chaque rue, menait a un carrefour a quatre voies. Et dans une rue somme toute comme les autres, une dizaine de personnes regardaient le bord du toit d'un immeuble.

Car il était en haut de l'immeuble, sur la balustrade. Maigre, portant un pantalon de toile noir, tombant sur ses baskets noires tout ce qu'il y avait de plus classique, il avait un sweat a longues manches tout autant noir, qui choquaient avec la peau blanche de son fin et anguleux visage et ses longs cheveux blancs, détachés mais reposant derrière ses épaules. Il serra les dents. Ses yeux étaient fous, d'une détermination glacée.

« Toute ma vie, je n'ai toujours été qu'un lâche. Je ne serais même pas capable de me tuer ! Fait le ! »

C'était les dernières paroles qu'il lui avait adressé. Lui, Zero. Là, il se tenait en haut de l'immeuble, regardant le sol. Il ne voulait pas sauter, non. Il savait très bien qu'il n'en serait jamais capable. Il voyait tout ces gens, en dessous, qui le regardaient. Comme si il était fou, comme si il allait simplement sauter.

− Abrutis.

Il souffla d'un coup sec, en souriant.

− C'est dingue, après tout ce que j'ai fait à cette ville… C'est dingue qu'ils ne s'attendent qu'a ce que je saute.

Il crispa sa main droite, relevant son bras au niveau de sa hanche. Un éclair sortit d'un de ses doigts, allant toucher l'air a quelques centimètres devant lui, tandis que d'un mouvement ample et lent, il remontait sa main a la hauteur de son visage, tout en regardant les éclairs qui en fusaient, et qui s'approchaient pour mieux s'écarter de sa peau. Il leva le bras par dessus sa tête, jusqu'à ce que la manche glisse, fixant avec attention l’électricité qui s’échappait, selon sa volonté, de sa main.

− C'est a moi… Maintenant.

Il leva de même sa main gauche, puis rabaissa les deux a la hauteur de son visage. Les éclairs l'éblouissait, mais il les regardait avec une certaine émotion.

« Après tout ce temps… »

Il rit faiblement d'un air sinistre, comme dément.

Les éclairs entre ses mains s’amplifièrent.

− Laissez moi vous montrer…

Il approcha alors ses deux mains, qui, tels deux aimants pôle contre pôle, se repoussaient. L'électricité courrait autour de son visage, sa tête tremblait, tandis qu'un bruit sourd envahissait l'air autour de lui. Il opposa une résistance aux vibrations pour regarder le ciel, y jetant un regard toujours aussi déterminé.

− Laissez moi vous montrer ! Hurla t-il vers le ciel, a l'adresse de quiconque pourrait l'entendre.



Plus bas, en bas de l'immeuble, il arrivait en courant. Attiré par l'agitation lumineuse, convaincu par l'agitation de la foule, il avait couru depuis une rue adjacente, pour espérer ne pas le trouver lui.

« Non ! Zero ! » Avait il hurlé dès qu'il l'avait vu la haut.

« Il se montre en spectacle ?… », avait il imaginé pouvoir croire.

Il regardait en l'air, essoufflé. Il s'était arrêté dans la foule en bas de l'immeuble, a cinq mètres d'un grand cercle qui semblaient délimiter un point d'impact large d'une dizaine de mètres, que la foule avait visiblement inconsciemment délimité sur le sol de ciment, ne s'y disposant pas.



Le bruit amplifiait. Il luttait, rassemblant ses forces musculaires, pour faire entrer ses deux mains en contact. Il le voulait. Il peinait a faire éviter l'électricité a son visage. Ses cheveux blancs battaient au vent produit par l'électromagnétisme, a la fois portés par l'air et par l'électricité statique.

Il hurlait de tout l'air de ses poumons, s'arrachant la gorge, la voix recouverte par le bruit sourd de sa mort.

Ses deux mains étaient si proches, les éclairs si brûlants. Il n'irait pas plus loin. Le bourdonnement l'assourdissait. Un arc électrique se forma, partant d'un point entre ses mains, déchirant l'air en face de lui du bas vers le haut, comme au ralenti.

− MAINTENANT, C'EST A MOI !

Il joignit les mains, qui penchèrent légèrement vers la droite. L'explosion, s'étendant depuis ses deux paumes en contact, s'étendit a la verticale, traversant son visage, sa poitrine, sa jambe droite. Il fut poussé vers l'arrière et la gauche par le dégagement électromagnétique, tangua et pivota entièrement sur le pied gauche, et tomba dans le vide, le dos en direction du sol.



− NOOON ! Hurla Vector d'en bas.

Il se remit a courir sans vraiment réfléchir, bousculant des gens devant lui.

« Non… »

L'autre tombait, laissant une traînée électrique derrière lui.

− Non…

Zero chutait, ses cheveux blancs battant l'air autour de sa tête. L'électricité l'avait quitté en vol.

Vector était avancé de deux mètres dans le cercle délimité par la foule, impuissant.

Et sur le ciment, le dos de Zero heurta le sol a trois mètres de lui. Tout ses os se brisèrent dans un bruit sinistre, ne laissant planer derrière le son ignoble qu'un long silence. Personne n'osait même respirer, seul le souffle court de Vector semblait pouvoir laisser envisager qu'un bruit pourrait encore exister après ça.

Son visage et ses mains étaient brûlées, et une longue ligne plus brûlée encore séparait la droite et la gauche de ce qui avait été sa tête, du menton jusqu'au front.

Son corps désarticulé dont la moitié des membres avaient pris des angles impossibles laissait échapper un sang trop noir.

Vector tomba a genoux, les mains ouvertes vers le ciel. Un éclair parcourra l'air entre son index et et son pouce gauche.