[JDR] Lieu de Rencontre.

Dans les ténèbres de ce qui aurait pu être une immense caverne ou qui aurait paru auprès de nos aventuriers comme le dôme d'un temple mécanique enterré sous la pierre, quelqu'un était assis.

Assis sur un trône, au centre du sol de la grande salle délimitée par le dôme.

Il ouvrit les yeux.

Instantanément, des étendues lumineuses, tels des panneaux d'affichages spectraux, apparurent face a lui, livrant des informations incompréhensibles.

Trois des panneaux affichaient des vues en plongée sur le sol de la forêt carbonisée par un impact.

Les points de vues semblaient être placée sur les pans d'une aiguille fichée a la verticale dans le sol, que nos aventuriers voyaient actuellement depuis l'extérieur.

Et l'image affichait les regards sombres et curieux des aventuriers, rivées sur l'aiguille.

Celui qui était assis sur le trône sourit avec sadisme. Logé dans les hauteurs de l'aiguille.



Bien loin plus bas, au fond d'un gouffre, le carnassier regarda le trou fait par sa dague, puis s'assit sur le matelas.

Il entreprit de fouiller dans le trou dans l'objectif de la retrouver.



Hors du gouffre, a une cinquantaines de mètres de l'aiguille et de la boursouflure qu'elle avait faite en perçant le sol a son arrivée, l'homme qui suivait fixait le pic de roche, cherchant a distinguer ses hauteurs a travers le ciel.

Il n'y arrivait pas.

La lune se masqua derrière les nuages, privant l'équipée de son éclairage.

à milles lieues de là, Mi traversa une étrange porte qui le mena dans les tenèbres de ce qui aurait pu être une immense caverne.


Chester, lui, de son côté, se réveilla d'un bond, choqué par ce matelas rose qui se perdait dans l'infini, complètement mou tel de la guimauve.
Il ne s'étonna pas du fait qu'il n'y avait aucune lumière en dehors de celle qui émanait légèrement du matelas, mais ses poils étaient hérissés. Ce lieu là ne présageait rien de bon, contrairement à ce qu'il avait pensé au début.

Il jeta un vif coup d'oeil autour de lui, cherchant désespérément la direction d'une éventuelle sortie.

L’écho des pas de Mi sur le sol froid répondirent aux croassements, d'un corbeau probablement, survolant le toit de celle-ci.

En surface, l'homme qui suivait se tourna vers l'avocate et marcha dans sa direction.



Le carnassier extirpa avec facilité sa dague des plumes une fois qu'il l'eut sentit au bout de ses doigts et la remit dans celui des six fourreaux qui lui était destiné d'un geste vif et efficace. Puis il commença a gravir la pente formée par sa chute dans le matelas.

La pente était rude, d'au moins quarante degrés, sur quelques mètres de hauteur…
Le carnassier repensa a sa tentative de rester éveiller durant la chute. Pourquoi donc avait-il luté ? Il ne comprenait pas du tout ce qu'il avait pu avoir en tête a ce moment là.
Comme s'il s'agissait de lui répondre avec ironie, le carnassier glissa puis chuta en arrière, en pestant. Il atterrit en bas de son trou. La grimpette n'était pas son fort.

Il reprit son escalade et sortit enfin du trou, scrutant l'horizon du matelas afin de pouvoir appréhender les limites de ce dernier.

En premier lieu, il vit un autre trou, aussi profond que le sien. A cinquante mètres. Peut-être était-ce ce chat… ou peut être pas.

Tandis qu'il avançait dans la direction du trou en scrutant des yeux afin de trouver les limites du matelas, il oubliait déjà son interrogation sur son étrange réflexe du survie.

L'homme carnassier n'était décidément pas de ces gens qui se posent des questions.

Le Chat aperçut depuis son trou d'un bon mètre cinquante un autre trou, avec une chevelure foncée qui en ressortait légèrement.
Il hésita à s'en approcher, lorsque soudain, un bruit retentit dans son dos.
Il se retourna vivement et put distinguer quelque mouvement.
Une Entité se trouvait là et l'observait, quelques dizaines de mètres plus loin.
Non, pas une. Plusieurs.
Des dizaines de murmures et un gloussement en provenaient.

Le Chat resta figé sur place lorsqu'une voix féminine prit la parole, retentissant de manière étrangement profonde dans tout le lieu :
"Bienvenue à vous, Voyageurs. Qui êtes-vous ?"

Les yeux du semi-félin s'écarquillèrent de stupeur lorsqu'il aperçut les Entités, que la Carne, dans la légère pénombre, ne pouvait encore distinguer à moins d'être assez près du Chat. Une foule d'humains, hommes et femmes, se tenaient pour certains assis et d'autres debout sur le matelas, et tous semblaient percevoir tant la Carne que le Chat.
Chester ne perçut pas tout de suite qu'aucun d'eux ne courbait le matelas.



De son côté, Mi s'avança dignement dans la vaste salle contenue dans le grand pic rocheux. Il évita les vastes étendues lumineuses et observa avec un joli sourire encore plus sadique celui qui, sur son trône mécanique, souriait déjà d'un sourire sadique.
"Salut à toi, Voyageur."

La tête sur le trône pivota vers le semi-chat.

« L'on m'a donné bien des noms. »
Sa voix semblait altérée. La brisure d'un gorge usée par les éléments, mais le charisme d'un être solidement forgé par sa vie.
« Mais jamais personne ne m'a appelé Voyageur… »
Les panneaux de lumière volatils disparurent.
« Je ne t'attendais pas. »
La luminosité était devenue pénombre, mais l'être continuait de fixer Mi. Presque de façon dédaigneuse.
« Tu ne sais probablement pas plus que les habitants de ce monde qui je suis. »
L'entité sourit a nouveau.
« La question restant en suspens sera ; comment est-tu rentré ici ? »
Elle ménageait son effet en prenant son temps entre ses phrases.
« Et j'apporterais une réponse a une question que tu n'as pas posé. »
L'être pencha la tête avec un soupçon d'amusement.

« Je suis une femme. »



Bien plus bas, dans les profondeurs d'un gouffre, le carnassier distingua Chester.
« Eh ! Tu m'avais pas dit qu'on atterrirait dans de la literie ! »
Il commença a avancer vers le chat, sans percevoir les entités devant lui.
Puis il nota qu'on lui avait parlé.
« Qui je suis ? »
Il pouffa, puis afficha son sourire carnassier.
« Je suis … enfin bref. Et vous ? »
Le carnassier se tut un instant. Il ne voyait toujours personne d'autre que le chat.
« Je suis en train de parler a la grotte, ou au matelas, là ? »

En haut le sorcier Nils n'avait subit aucun dégâts visible. Tout au plus, il toussait car sa bulle, une fois coupée, ne pouvait le protéger des poussières environnantes.

Il s'assura que ses compagnons n'étaient pas trop amochés entrepris de sonder le pic qui était brusquement tombé à quelques pas devant eux. Il prévint ses camarades d'infortune.

- Ce machin est plein. Que de la roche, enfin tout ce qui est visible en tout cas. Je ne peu pas savoir jusqu'où il s'étend en dessous mais vu à la vitesse où cela a du arriver.... Et je n'ai jamais croisé un tel pouvoir des quelques milliers de mondes que j'ai pu ané....heu .....visiter. La brute et le truand étaient de l'autre côté avant que cela ne tombe mais je ne les sens plus. Que faisons nous ?

L'homme qui suivait, debout, sourit.

Ce mage électrique se montrait toujours plus surprenant.

« Peut être devrions nous au moins essayer de chercher la brute et l'hybride chat adulte… Peut être qu'une fois le pic contourné, tu les sentiras a nouveau… je ne sais pas comment tu sens les choses, mais ce pic me semble assez épais pour pouvoir perturber ton pouvoir… »

L'homme qui suivait leva les yeux, cherchant la lueur de la lune a travers les nuages.
Quand il l'eut repérée, il ferma les yeux. Il tourna lentement sur lui même. Puis, au bout d'un peu plus d'un quart de tour, il ré-ouvrit les yeux, et chercha a nouveau la lune.

« Bien. S'ils sont bien partis dans la direction qu'ils avaient pris au départ, ils sont bien partis par là. »
Il désigna la direction du pic rocheux du tranchant de la main.
« Il nous faudra contourner le pic. Et continuer tout droit. Idéalement… »

L'homme qui suivait avait toutefois oublié que le carnassier avait aussi crié sa position. Cela aurait pu augmenter la précision de la direction a prendre, mais de toute façon, si il se sentait parfaitement capable de se repérer aux astres et de recouper ça avec sa mémoire, déduire l'emplacement exact de quelqu'un par son cri poussé dans une forêt une dizaines de minutes plus tôt était autre chose.

Mi continua à s'avancer avec la femme en souriant.
"Bienvenue à toi, donc, Voyageuse. Non, tu vois juste, je ne sais pas QUI tu es. En revanche, rien ne m'empêche de le savoir, et seule la politesse me fera te le demander, Gente Dame. Je vais volontiers répondre à ta question, et ensuite je serai d'avis d'apprendre qui tu es."

Mi prit une inspiration avec un air goguenard.

"Comment je suis entré est une mauvaise question. J'ai su comment rentrer par le même biais que je suis capable de savoir qui tu es. Je reconnais être entré par effraction, et en toute impolitesse, mais le besoin m'y pressait. Je suis rentré par ta porte, ou du moins l'une de vos nombreuses portes, et peut-être par une dont vous ignoriez l'existence. La vraie question en revanche est, je crois : POURQUOI suis-je rentré ?"




Ailleurs, loin ailleurs, Chester ne répondit pas à la Carne.
Les voix se turent un court instant, certaines murmurèrent hâtivement, et le Chat vit clairement l'une des femmes qui portait une toge s'avancer doucement, droite et digne, sans ne faire ne serait-ce que frémir le matelas rose. Une femme au port aussi altier qu'une impératrice ou qu'une déesse grecque.
Elle observa le Chat d'un regard magnétique avant de se tourner vers la Carne qui enfin était à bonne distance pour pouvoir l'apercevoir.

"C'est à moi que vous parlez, Tueur Sombre. Et je vous prierais de garder vos lames dans vos fourreaux, sans quoi votre mort sera plus imminente que votre prochaine inspiration. C'est à vous de décliner votre identité le premier."

Elle revint sur Chester qui déglutit.
"Quant à toi, Chat Sauvage, je connais ton nom et ton destin, et je dois reconnaitre que le second m'intrigue. Dis m'en plus."

L'ordre était impérieux, et Chester ne put que s'incliner raidement. Les mots refusaient de sortir de sa bouche.

Le carnassier haussa un sourcil, s’arrêtant.
Puis, il s'inclina en révérence, de façon théâtrale.
« Il est hors de question pour moi de sortir mes lames face a une femme au port aussi altier. »
Il sourit. Son ton paraissait surjoué, mais on pouvait aussi y déceler une forme de respect.
« Cependant, je suis au regret de ne pouvoir que vous décevoir ; je ne connais pas vraiment ma propre identité. Je n'y prête aucune attention… »
Il releva les yeux vers elle, se redressa, et repris sa marche vers le chat.
« Je tiens a vous prévenir que je peux m'ennuyer facilement, mais cependant votre menace de mort m'amuse − sans dénigrer le respect qu'elle m'invite a vous accorder − au plus haut point. »
L'apparence moqueuse de ses propos tranchait avec son air sérieux.



Bien ailleurs, dans le pic, la femme haussa un sourcil face aux propos de Mi.
Cet enfant ne manquait pas de culot.
Elle répondit toutefois avec une neutralité surprenante ; « L'Incisateur ne possède aucune porte que tu n'ai pu franchir physiquement. Tu n'es pas rentré ici par des moyens naturels… me tromperais-je ? »
Elle analysa le regard du petit hybride félidé.
« Pourquoi es-tu rentré ici ? »
La question était posée avec simplicité. La femme avait fait fi de l'aspect provocant des propos de Mi.

Pour peu, cela aurait semblé être de la sagesse.

La femme haussa légèrement un sourcil aux propos de la Carne. Derrière elle, la vingtaine de gens qui restaient en retrait se remirent à murmurer rapidement, certains même à glousser en commentant d'un air tantôt choqué tantôt émerveillé la réaction du porteur de lames.
La femme leva la main, et les propos se turent presque instantanément derrière elle.

"Ainsi donc, Tueur Sombre, vous prétendez ne pas avoir ne serait-ce qu'un nom ?"

Elle le darda d'un lourd regard, avant de tourner la tête vers Chester qui venait de se relever avec incertitude, crispé jusqu'au visage. Un imperceptible sourire pointa sur le bord des lèvres de la Dame, lorsqu'elle reprit cette fois pour l'hybride :

"Et toi, Être Sauvage dont le nom est aisé, parle-moi de ce destin qui m'échappe : Où en est la partie ?"






"Je suis venu réclamer votre aide pour récupérer mon trône."

Mi regardait la femme avec un sourire faussement serein et pour autant amusé.

"De plus", reprit-il, "Votre... Incisateur n'a peut-être pas de porte, mais de chez moi, c'est une vraie passoire. Il y a au moins 7 portes qui y mènent, dont au moins 4 sur lesquelles n'importe qui peut tomber. C'est de la magie élémentaire, Madame. En plus de la porte qui est la vôtre, il doit y en avoir 3 évidentes, qui n'existeraient pas si vous n'aviez pas eu la malchance, ou peut-être l'intention, de vous poser à moins de 200 mètres d'une zone à forte puissance magique. Il faut croire que votre ... maison doit subir des effets du gouffre, et vice versa."

La femme acquiesça avec une moue de compréhension, mais n'ajouta rien. Si Mi voyait bien dans la pénombre, il aurait remarqué que ses yeux n'était plus sur lui. Mais il n'y avait aucun doute qu'elle était toujours en train de l'écouter.


Plus bas, le carnassier sourit face aux réactions d'émerveillement.
Puis, se rendant compte qu'on lui avait posé une question, il rapporta son attention a la femme au port altier.
« Seuls les faibles ont besoin de posséder un nom pour qu'on se souvienne d'eux. »
Puis, il se mit a rire. Et redevint sérieux.
« Non, sérieusement, j'en sais rien. »
Il regarda l'hybride-chat et ajouta ; « Allez, Être sauvage, illumine nous de ton savoir. »

Mi continua à avancer jusqu'à atteindre le bas du fauteuil.
"Donc, m'aiderez-vous pour ce faire ?"




De son côté, seuls de plus amples murmures répondirent aux dires de la Carne.
La Dame se tourna vers la Carne, et reprit alors que derrière elle, le silence reprenait :

"Les faibles n'ont pas de nom. Les Forts ont des titres futiles et inutiles, je le concède. Mais chacun a un nom, un vrai. Vous dites ne pas en avoir ? L'auriez-vous oublié ?"

Son regard revint sur le chat :
"Vous ne pouvez parler ? Je ne vous connaissais pas aussi avare de mot, Être Sauvage. Me forcerez-vous à vous délier la langue ?"

« Je n'ai jamais eu besoin de nom pour qu'on se souvienne de moi. Si on se souvient de moi. »
Le carnassier ajouta a l'égard des propos concernant le chat : « Je l'ai effectivement connu plus bavard. Vous devez l'impressionner. »



Plus haut, dans les hauteurs du pic rocheux, la femme installée sur le fauteuil porta a nouveau un regard vers l'enfant, presque étonné.
« Pas sans plus de raisons. »
Elle marqua un temps de pause.
« Que m'apporterait cela ? »

La femme en toge dévisagea la Carne, inspectant d'un regard dur et mesurant la vérité dans ses propos.
Les murmures derrière reprirent de plus belle, trahissant une légère excitation de la part du groupe qui suivait la Dame.
Elle se retourna vers le groupe et s'avança vers euxd'un pas assuré et osé,sans plus de regard pour ni la Carne ni le Chat.
Le groupe se tut immédiatement, soudain sur le qui vive. Une des femmes ne put cependant pas s'empêcher de laisser échapper un léger cri d'excitation, vite étouffé.

Soudain, la Dame s'arrêta, pencha légèrement la tête en arrière, et sa voix ordonna d'un ton assez sec, avec toutefois une légère pointe d'amusement.

"Suis-moi, Être Sauvage. Je crois que l'on doit parler dans de meilleures conditions."

Puis, s'avançant au niveau du groupe qui la suivait.
"Occupez-vous bien du Tueur Sombre durant mon absence..."

L'un des hommes de sa compagnie, apparemment son second, acquiesça d'un signe de la tête neutre, tandis que tous les regards se tournaient vers la Carne, oscillant entre l'admiration et la délectation amusée.

Elle commença à s'éloigner, tandis que Chester, lui, ne bougeait pas, sans que quiconque ne puisse comprendre pourquoi. À la limite, on pouvait deviner un léger tremblement dans son immobilisme, et une potentielle crainte dans son regard. Mais il n'obéit pas à l'injonction de la Dame.




Plus loin, Mi répondit du tac au tac :

"Simple. De réussir ce que vous souhaitez obtenir en ce lieu. Sans mon aide, vos efforts risquent fort d'être vains, et sans la vôtre les miens seront inefficaces. On a tous les deux à y gagner."

« Ce que je viens chercher en ce lieu a probablement plus de valeur que ton trône… »
Son index glissa a nouveau sur l'accoudoir du fauteuil. Les affichages translucides revinrent. Affichant des informations incompréhensibles a Mi, et probablement a quiconque sur ce monde.
Elle en était pleinement consciente, tandis qu'elle vérifiait divers paramètres d'un regard neutre.
« Souhaite-tu exposer une autre requête, continuer a essayer de me séduire avec la précédente… ? »
Elle semblait avoir préparé ses mots pour une troisième option, qu'elle tut.


Le carnassier était pensif. Que pensait cette femme en disant de s'occuper de lui ?

La première option qui lui vint en tête était amusante, mais aussi probablement mortelle. Un doute lui vint, concernant le caractère néfaste et définitif de la mort. Un doute qu'il balaya vite.

Son visage se fendit en un merveilleux sourire carnassier, tandis qu'il regardait le groupe bien fourni en face de lui, en ayant oublié d'envisager une option où on ne tentait pas de lui régler son compte.
Il restait immobile, la tête légèrement penchée en avant en un sourire aussi fou que laissant sous entendre qu'il ne comptait pas bouger en premier.

Mi eut un sourire amusé.

"Ce que vous venez chercher a sans doute plus de valeur, dites-vous. Cependant vous n'avez aucune idée de la valeur de mon trône. Dommage. J'espérais trouver en vous une alliée, cependant je dois m'avouer un peu déçu si tel n'était pas le cas. Votre quête en ce lieu, comme je l'ai déjà dit, échouera sans mon aide. Mais votre choix est respectable."

Il se retourna et commença à s'éloigner dans la direction de son arrivée.
Puis il s'arrêta, se retourna une dernière fois et ajouta :

"Votre vaisseau va exploser avant que vous n'ayez réussi votre mission. L'usage de votre Technologie de pointe n'y changera rien."

Puis il s'éloigna nonchalamment.






De son côté, Chester esquissa un geste bref. En lui, ce n'était que panique, mais sa lutte intérieure ne pouvait pas se voir de l'extérieur. Du moins, il l'espérait.
Il ne souhaitait pas suivre la Dame. Et pourtant, il savait qu'il ne pourrait lutter contre elle.

"Chester... je t'ai prié de venir."

Le ton était plus doux que d'ordinaire, et pourtant sans appel.
le Chat avança, complètement à contrecœur, mais suivit la Dame qui s'éloigna au loin.

La quarantaine de personnes qui restaient attendit en murmurant, et l'homme qui devait être le second de la Dame s'avança vers la Carne. Sa voix était douce mais néanmoins assurée.

"Si vous voulez bien nous suivre, je vous prie. Votre voyage a du vous épuiser. Vous nous raconterez."

« Voyons. Tant d'impulsivité est inutile.
Comme tu dis, je n'ai aucune idée de la valeur de ton trône. J'ai employé le terme « probablement »… Explique-moi donc. »
On entendait a la façon dont elle parlait qu'elle souriait. Pourtant rien ne semblait approprié a l'amuser…
« Explique moi ce que tu sais, ce que tu veux, ce que tu exiges. J'écoute toujours avec attention.
Et explique moi pourquoi mon « vaisseau » pourrait exploser. »



Le carnassier eut un air penaud un instant.

On ne voulait pas le tuer ? Ça l'attristait un peu. Mais on lui prêtait attention, et ça l'amusait.

Il avança donc vers le groupe en faisant un sourire entre carnassier, aimable, et − étonnamment − gentil a celui qui lui proposait un peu de sympathie.

"La valeur de mon trône vaut bien plus qu'un monde entier. Il vaut bien plus que... des centaines de mondes. Mais cela vous semblera exagéré, car vous ne connaissez pas la partie qui est en train de se jouer, et dans laquelle vous n'êtes tout au plus qu'un pion."

Mi resta à sa place, c'est à dire loin.

"Ce que je sais, je ne peux pas entièrement le dire. C'est dans le contrat. Ce que je veux, c'est mon trône. Ce que j'exige, c'est votre coopération. Ce que je donnerai : mon aide et mon soutien. Ce que j'ai à vous apporter : la survie de ce monde. Quant à votre "vaisseau", il explosera parce que vous avez un corps étranger dans l'un de vos nombreux systèmes, et votre système de sécurité est à ce niveau... défaillant. Je vous donne à peine le temps de mettre en place ce que vous souhaitez faire ici avant que vous ne détruisiez la forêt, pour de bon cette fois, tout en risquant de mourir du même coup. Cependant, pour vous rassurer, je sais que vous vous en sortiriez vivante... du moins jusqu'à ce que votre commanditaire vous remette la main dessus et s'énerve de votre... échec."



Chester se retourna une dernière fois, et le regard qu'il laissa à la Carne fut une mine entièrement décomposée.
Il n'eut pas le temps de voir si ce dernier l'avait repéré, que déjà la femme l'appela doucement et qu'il se remit à la suivre à contrecœur, épouvanté. Ses oreilles étaient rabattus sur sa tête, et sa queue raide comme la justice, le poil entièrement hérissé.

L'homme invita la Carne à le suivre dans la direction opposée, tout en gardant un air neutre en réponse au sourire du Carnassier, et ils commencèrent à partir doucement, suivis par l'ensemble du groupe qui murmurait encore, amusé.
La Carne, contrairement au reste, s'enfonçait encore dans le matelas à chaque pas, mais personne n'en tenait cure.
À un moment, l'homme s'arrêta et désigna au loin un petit promontoire sur lequel reposait une table et de confortables fauteuil, invitant la Carne à s'y rendre.
L'homme fit un signe de tête et une des femmes, tout sourire, demanda à la Carne si elle pouvait le débarasser de quelque vêtement de route pour qu'il puisse se mettre à l'aise.

Le femme rit franchement.
Puis elle reprit son sérieux.
« A quel niveau puis-je ou devrais-je t'aider ? »


Le carnassier était trop occupé a regarder autour de lui pour remarquer Chester.
Quand on lui proposa de retirer un vêtement, il haussa un sourcil.
Et hocha négativement la tête, en croisant les bras tout en s’arrêtant et observant l’environnement autant que les gens.

Mi eut un sourire dédaigneux.

"Simplement en retardant au maximum ceux qui pourraient s'opposer à mon projet. En deux mots, ceux et particulièrement celui qui se trouve en ce moment au fin fond du gouffre, à savoir...mon frère. Vous devriez le reconnaitre aisément, il a le même charme que moi. Quand il est en forme, du moins."

Son ton laissait clairement transparaître une part de l'ironie dans son propos.





La femme ne s'offusqua pas de son refus, et l'homme l'invita tout de même à s'assoir sur l'un des fauteuils qui semblaient extrêmement confortables. Derrière, les murmures allaient bon train.
La moitié des gens présents derrière la Carne étaient des femmes, l'autre moitié des hommes, tous vêtus du toges typées grecques et discutant doucement, parfois avec excitation, parfois avec douceur, et jetant souvent des coups d’œil à la Carne. Certaines des femmes parmi les plus osées se risquaient à lui sourire tantôt ouvertement tantôt avidement, tandis que les autres se contentaient de regards amusé et appuyés. Les hommes, quant à eux, restaient plus en retrait, même si la Carne pouvait percevoir autant de regards de leur part, oscillant entre de la neutralité passive pour certains, de l'intérêt vague pour d'autres et dans quelques rares cas, des regards soutenus suivis d'un murmure inaudible qui devait certainement être à son sujet. La tendance moyenne était aux cheveux mi-longs ou longs, à la mode stéréotypée grecque.
L'homme qui présidait, quant à lui, ressemblait en tout point à ces autres hommes, à son port encore plus altier près. Il se plaça devant un fauteuil, attendant visiblement que la Carne ait fait son choix pour, de même, s'assoir, par politesse.

Le carnassier sourit a sa façon a une femme qui lui souriait ouvertement, puis eut un instant une moue surprise devant un autre sourire avide.

C'était bien une première pour lui. Il s'amusa donc a rendre un sourire charmeur.

Puis il balaya du regard les hommes en présence, redirigea son regard vers le plus altier, et, voyant qu'il attendait je ne sais quoi, se décida a s'assoir sur le premier siège a son niveau en faisant fi du fait qu'on aurait pu lui imposer de rester debout. Il n'avait visiblement pas prêté attention a l'homme depuis plus d'une minute.



La femme semblait pensive.
« Je ne crois pas avoir en mes moyens … »
Elle se tut soudainement.
Un instant plus tard, il y eu un son métallique aigu, puis un très puissant grondement commença.



Loin plus bas, l'homme qui suivait fut obligé de se boucher les oreilles. Il ne cherchât même pas a savoir d'où provenait le son, qui l'écrasait.

Le son dura une dizaine de secondes. Puis le bruit cessa aussi vite qu'il était apparu.



Alors que la salle laissait résonner encore partiellement le son beaucoup trop puissant, elle reprit la parole.
« … quoi que ce soit de suffisamment doux pour ralentir autre chose que des corps célestes. »
Une idée lui traversa l'esprit. Elle la jugea stupide.
Visiblement le son ne l'avait pas même surpris. Elle en connaissait parfaitement l'origine. Il était normal pour elle.

Mi ne prêta pas plus attention au son qu'à la mouche qui se posa sur le nez de la femme.
Il prit un bouquin dans sa poche, l'ouvrit, lut quelques secondes avant de relever la tête, triomphalement.

"Vous pouvez modifier leur trajectoire."




Du côté de la Carne, ledit homme s'assit à sa suite.
"Puis-je vous proposer un rafraichissement ? Ensuite nous vous écouterons parler, si vous le voulez-bien."
Il lui indiqua la petite table sur lequel trônaient divers alcools, et de nombreuses boissons sans noms, maintenues glacées par on ne sait quel miracle.

Un homme s'approcha dans le but de servir un verre à l'homme dans le fauteuil, puis attendant une réponse de la Carne.
Derrière, les autres restaient debout, patients.

Voyant tous les jus, le carnassier s'étonna et s’inquiéta ; « Vous avez de l'eau ? »



« Quand je parlais de modifier une trajectoire, j'affabulais. Ce n'est pas dans les cordes de l'Incisateur. Pas sans préparation d'au moins une semaine. Surtout s'il est déjà fiché. »
Elle semblait pensive.
« En revanche, je peux faire ce pourquoi je suis venue. Dis-moi… tes ennemis,… sont-ils liés a la magie ? »
Elle semblait toujours pensive, écartant une troisième option.