suite du mur ... le sauvetage !!

il comprit une chose importante... fondamentale, même...
il avait une emprise considérable ...
Sur les faits et gestes de tous les personnages de ce forum... lui compris.
Le premier démiurge à pouvoir se détruire lui même s'il le souhaitait...

il tenta alors plusieurs expériences...

...comme envoyer des MP à son propre auteur, pour mettre les choses au point.
Pour jouer les intermédiaires, ou pour parler, tout simplement.

Mais sa capacité en devenait vertigineuse. Sans opposition de l'un des membres, il pouvait sans peine changer chaque monde reproduit sur le forum, chaque histoire remodelée à sa sauce.
Il aurait pu ressusciter de force Bacrima si cela eut été nécessaire, anéantir son assassin, truquer les dés, ...
voire même, comme M en personne, écrire une histoire et créer lui même un monde.
Une puissance dangereuse s'offrait à lui.
Seule limite : la réalité. à savoir que les vraies B,A, M et tous les Gdlpiens existants en dehors de l'imagination du forum pourraient tout faire pour contrer un acte égoïste, néfaste ou mesquin.
Le modérateur aurait tout pouvoir pour supprimer jusqu'à son existence.
sur le forum tout du moins. Car l'imagination de M ne se restreignait pas à ce monde informatique.
Les Yoann, Stinelys, Yoendel présents n'étaient que de pâles copies de leur ego couché sur papier, et il le savait bien.

Comme c'est troublant de savoir pertinemment que l'on n' est qu'un personnage, libre, mais un personnage tout de même !!

Yoann sentit soudain un grand vide.
Comme si Yoendel ne reviendrait plus jamais.
Comme si...
sentiment à la fois positif de joie, et négatif par sa tristesse...

Il avait les larmes aux yeux, et Stinelys qui ne comprenait pas était chamboulée.

" Yoendel... est reparti. Dans son monde."

les larmes coulèrent.

Lorsque Yoann comprit que Yoendel ne reviendrait pas, et que cette impression fut confirmée, son grand moment de tristesse laissa peu à peu place à une incompréhension.

" où est-il allé ?"
Stiny tentait de trouver les réponses à ses interrogations... elle non plus n'arrivait pas à faire le deuil.
"une chose me sidère... il n'est pas mort. Il est seulement... parti. Sans au revoir... comme si c'était urgent..." renifla-t-elle.

tout à leur incompréhension, ils n'entendirent pas la personne derrière eux qui s'était doucement approché à leur rencontre...

"Vous ne comprenez pas ?"
Tristes mais surpris, leurs regards se troublèrent lorsqu'ils aperçurent l'adolescent qui se tenait derrière eux.
" ... ?"
" N'ayez crainte... c'est moi, M. Celui que vous êtes venus récupérer ici... ou sous un nom qui vous parlera plus encore : JE suis Solveykiel."
Ils furent chamboulés.
Il interrompit leurs divagations avant qu'elles ne commencent : "non, je ne suis pas un autre personnage. Je ne suis pas non plus un Yoendel bis...
rappelez-vous : vous êtes venus me chercher, ici... en ce lieu même"
Il regarda le phare, un air triste et douloureux se peignant sur son visage.
" ce phare... ah, cet espace euclidien de Banach, si fermé et si dur... que mon moral a vu s'effondrer et que Hilbert a tenté de reconstruire...
Vous souvenez-vous de mon état ce jour là ? était-il le même que celui de Yo, du vôtre ou de celui de quiconque d'autre qui fut en ces lieux ?
non... il était pire... bien pire...
Je suis censé incarner le coeur même de M, celui qui soupirant après ses sentiments, vient se réfugier dans ses jeux mathématiques aussi passionnant que tout roman d'aventure...
Je suis celui qui, synchronisé, doit reconstruire sa vie à partir de rien...
je suis celui dont la note résonne en ces lieux, le sol dont les harmoniques brisées viennent s'échouer en vagues déferlantes sur la jungle...
je suis celui dont le vecteur propre définit un espace propre dans l'endomorphisme de la vie...
je suis l'ami de Yo, qui m'a tant cherché malgré le fait que l'auteur voulait s'en charger de lui-même... mais pas si brutalement...
je suis...
Solveykiel.
ou plutôt : ce qui regroupe Solveykiel.
Pas un personnage, pas une personne.
Mais moi aussi je vais cesser de discuter ici avec vous. Le masque reprendra ses droits. M redeviendra un personnage en ces lieux, le M en haut redeviendra moi en temps que personne, sauf que...
Yo avait détruit le masque. Pas moi.
Et ce genre de masque est une hydre...
seriez vous capables de le briser ? Moi même je ne le peux. L'un de mes personnages le peut-il plus que moi-même ?
si oui, cela remettrait en cause l'idée que l'on maîtrise son imagination, si elle peut nous dépasser.
Je pense que si l'on peut la laisser atteindre des limites inédites, il est possible de ne pas la brider... dans ce cas mon imagination pourrait me dépasser...
si non, j'aurais bien malgré moi atteint la première limite de l'imagination. Et donc anéanti du même coup toute idée d'infini dans ma recherche personnelle des mathématiques, des romans et de ma vie. Un mur serait placé entre moi et ces concepts. Je serais bridé, moi... chaque fois que j'évoluerais en eux...
dans ce cas, j'aurai anéanti mon existence.
je comprends enfin la crise existentielle que traversent ceux qui méprisent l'imagination ou la brident. La crainte pascalienne vis à vis d'elle, les incompréhensions, les hantises... les phobies et les refus.
Pauvres, pauvres personnes. J'ai choisi de me raccrocher à la première voie... illusoire ? Oui, car c'est sa définition : imaginer que l'imagination est un rempart à l'habitude qui peut me faire changer au gré de mes envies de sens à ma vie...
Voilà le fond du problème : limite ou pas limite ?
et là, comble du malheur, revient à grand pas, la topologie...
c'est son fondement : la notion de limite.

Je vous ai dit l'essentiel.
Maintenant, les bonnes nouvelles. Là où est Yoendel se trouve aussi le fondement de votre essence. Il a pu emporter une partie de vous en lui, en quelque sorte... et il n'est pas malheureux. Il est juste ... introuvable pour le commun des mortels. Ce qui pourrait mettre en rogne quiconque aurait une quelconque jalousie à son égard. Tout humain, en somme. Moi compris.
Je ne peux vous dire où il est, je puis en revanche vous dire où il n'est pas. Sur la Terre des humains, que nenni. Non plus que dans l'imagination de l'un d'eux. Il est ... ailleurs.
dans votre langage et vos connaissances étriquées, vous pourriez dire qu'il n'existe pas. Hmm... Qui sait ?
Existez-vous, vous ? Et votre auteur, existe-t-il ?
Réfléchissez à cela. Mais ne l'oubliez pas. Il reste et demeure lié par certains aspects à votre auteur. Ainsi, la compréhension du fonctionnement de Yoendel est une clé du fonctionnement de M, donc intrinsèquement de moi.
Et de même, la clé de mon fonctionnement vous permettrait de cerner un tout petit peu celui de Yoendel. C'est ce qui, en math, s'apparente à une certaine... dualité ?"

Je n'ai pas vraiment tout compris sinon que l'on ne reverra plus Yoendel ..