d'un sauvetage

Vif. Il sautait de pierres en pierres, un long bâton dans la main droite, passant entre les arbres, sautant par dessus les tronc morts, aussi à l'aise qu'un furet dans ce milieu végétal. Rien ne pouvait l'arrêter, ni personne. Leste, on ne voyait de lui qu'une vive lumière bleue lors de son passage, car la forêt lui servait de cachette...

certains l'avaient surnommé Bluefox, mais le surnom originel resterait et demeurerait à jamais : Anoki. Venant de Aoi no Kitsune, signifiant le renard bleu en japonais, que quelqu'un avait inventé lors d'une tentative pour le courser et qu'une autre avait traduit, ce surnom lui avait plu d'emblée...

Il courait actuellement en pleine forêt de la Serre, dévalant une pente menant à un petit ruisseau, faisant rouler des cailloux en granit rempli de gros éclats de mica... il avait un but, un unique but : trouver le lieu de la forêt où, une vingtaine d'années plus tôt, ses parents étaient venus admirer les étoiles. Il lui fallait faire vite, car contrairement à ce qui l'entourait, vif et vert, son existence menaçait grandement de disparaître. Pire encore, de ne jamais avoir existé... il n'était qu'un éclat, qu'une émergence hasardeuse d'un problème imaginatif, un vecteur propre qui menaçait de disparaître dans les méandres de l'espace-temps...
Il avait quitté la ville pour venir en ces lieux de souvenirs, de sentiments, de plénitude, pour lui inconnus, à la recherche d'une réalité qui le dépassait. Ses parents. Disparus. Depuis quand ? mystère. Une larme coula sur sa joue pour se perdre dans la tourbe et les feuilles mortes.
Il évita un grand chêne aux feuilles bien vertes pour courir droit vers la table de pierre qu'il apercevait derrière.
"encore un peu... "
Les arbres avaient commencé à pousser ici aussi...
Lorsqu'il descendit au milieu des ces jeunes pousses, il frôla une dizaines d'orchidées sauvages aux fleurs vertes à l'odeur repoussante...pour arriver vers le lieu tant espéré. La cabane en bois était vide, usée, en friche, sale, mais tenait encore bien debout. Il suivit les nombreuses branches usées par les pas pour grimper. à l'intérieur, tout était vide. seule une échelle semblait mener vers les hauteurs de l'arbre.
Il atteignit la plateforme usée par le temps, le vent et la pluie, ce qui l'obligeait à être particulièrement prudent dans ses pas.

Il s'assit en regardant le ciel, attendant le coucher du soleil pour agir.
Il sortit un petit papier plié de sa poche...
" mains jointes, souffle calme, pleine lune, extraction, vide, mur, monde autre, essence, cristallisation, mémoire, lien à renouer... pardon"
Il ne comprenait pas grand chose, mais il prit le bâton, le posa devant lui, usant d'un noeud troué du bois pour le maintenir vertical.
Il posa ses mains dessus, ses doigts entrelacés, et entreprit de calmer son rythme cardiaque qui avait augmenté considérablement lors de la course.
Une nuit... rien qu'une nuit ... il devait y arriver... l'enjeu était de taille et méritait amplement de sacrifier une nuit de sommeil.

Déjà la lune se levait. Il espérait que ce bâton était le bon, car il avait dû remuer ciel et terre pour l'obtenir. Heureusement que des bâtons de toutes sortes avaient été utilisés, sinon il doutait qu'il eu pu même retrouver celui-là...
Cette lune était passionnante, enivrante et presque effrayante...

Son souffle se confondit avec le bruit du vent chaud qui soufflait ce soir... Il ferma les yeux.
Attendit. Attendit ... encore et encore.

jusqu'à ce qu'un mur se dessine...







que lui avait-elle dit, déjà ? Ah oui... "ne pas rester ici... santé mentale"
Il trouva, conformément aux dires de cette femme, la fameuse faille qu'il devait emprunter.
il marcha, marcha longuement jusqu'à voir les murs s'éloigner de lui, pâlir et devenir flous. Lui aussi devenait transparent et flou.
"A quoi bon? Je disparaitrai de façon pire que celle la... et celle là je la connais"
Lorsqu'il ne senti plus rien de tangible hormis son existence, et encore, il ouvrit les yeux... quels yeux ?
Sa consistance était revenue... il avait beau avoir été prévenu, c'était déconcertant...

Exister est déconcertant.

Il avança encore, son bâton devant lui lui servant de guide sensoriel. Il ne pouvait se permettre de créer de la lumière, l'énergie devait être conservée ici... Mais il sentait que courir devenait de plus en plus facile... et de moins en moins fatigant.

Il arriva dans une vaste salle, éclairée de couleurs vives et changeantes...

Plusieurs piédestaux trônaient en cercles autours du centre, avec sur l'un un livre à la couverture mouvante, sur l'autre un cube parcouru d'irisations électriques. La lumière de la salle provenait du contenu des autres piédestaux, des sphères aux couleurs changeantes, parfois vives et parfois sombres...

Il fut intrigué par tous ces objets.
Il n'osa pas toucher le cube, dont l'écriteau en dessous indiquait "Allspark".
Il ouvrit en revanche l'encyclopédie qui avait pour explication :"lisez et vous saurez"

Il tomba sur un extrait qui disait : " Anoki : De son prénom, Malik, être à l'existence controversée."

Le reste de la page, étrangement, était vide.

Puis, lisant les autres écriteaux : "Intramonde. Monde Tytrutif." Il s'arrêta là. Une partie de son objectif était presque atteint.



"trouve l'antre aux joyaux de l'imaginaire, ou de son noyau la destruction va naître."

Il était temps de tester l'une des possibilités de ce lieu : la création.
Il quitta donc cette vaste salle désormais sombre, un sac Zébré de Noir, de Jaune et de blanc en majorité sur le dos, qui semblait éclairé de l'intérieur par un chargement irisé, ainsi qu'un livre et un cube...

Un mystérieux, nouveau, double psychologique de Yo entre en scène.
Et semble, pour une raison inconnu, voler des objets très puissants !

- " Lisez et vous saurez ", est-ce un clin d’œil à RDA : ("Gueulez et vous saurez") ?

blue fox, blue box ... un lien ? (blue box est le nom du disque dur de Yo)

Il suit les conseils d'une femme, mais de qui ?

AU Voleur !!!!!!!!!!!

Mon cube? Création? Intramonde? Notre conversation a t'elle un lien?

ma réponse à trois questions fermées est sans conteste, oui.

Cependant le clin d'oeil à RdA fut à moitié inconscient, le temps de le taper.

Quant au lien avec la destruction d'un monde, elle n'a fait que me rappeler ces objet et pousser Anoki à entrer en action. (il a déjà sa mission propre, la conversation n'a fait que me pousser à écrire... ce qui est déjà pas mal !!)

Enfin, le lien entre Blue Fox et Blue Box est juste que ce rapprochement étonnant m'a fait garder la version anglaise. Mais le rapprochement vient réellement d'une traduction japonaise d'un surnom qui m'est déjà familier, que j'ai apprivoisé en moins de trois semaines...
le renard bleu est devenu Ao no Kitsune, par une protagoniste qui voyait son frère tenter de me courser dans un bois pour se battre en duel, frère qui me voyant détaler m'a surnommé ainsi. Sa soeur, férue de son apprentissage nippon a automatiquement traduit, et raccourci ce surnom. Eh ouais... y a des choses du monde réelles que j'aime à utiliser en ces lieux...

Enfin, si cet individu est certes mystérieux, je me demande réellement s'il est nouveau... je crois juste qu'il ne ressemble pas à sa version plus jeune... à vous de le découvrir !!

Sa version plus jeune... Yoendel ?

ha... le grand dilemme, n'est-ce pas ?

Sauf que tu sembles oublier que Yoendel est un elfe. Il n'a pas de parents provenant d'un monde où la forêt de la Serre existe... ^^

Et si... Ses parents sont ses créateurs? Toi et quelqu'un d'autre ayant pensés a un tel personnage dans cette forêt?

Mais il semble voyager entre les mondes .. ce blue fox.

dangereux, dangereux...

bonne imagination...

Serait-ce toi et Mel ?

De plus, il semble pouvoir voyager dans le temps aussi ...

... pour arriver devant un gouffre sans fond, dont les pierres glissantes formant le bord n'inspiraient pas la moindre confiance...

Que lui avait-elle dit, déjà ?
ah oui...

" En ces lieux tu es roi, car seul l'amour y fait loi."
"en tes proches aie foi, aussi lointains qu'ils soient".

Elle avait raison. Ils étaient venus ici. Cela se sentait dans l'atmosphère.
Et tant d'autres aussi étaient venus.

Obéissant au conseil, il sortit le livre de son sac, l'ouvrit et chercha parmi les pages un passage précis.

« Une lueur.
Dans le ciel obscure elle m'est apparue,
mais troublé je suis car je ne la vois... plus. »

Il devait aller dans un endroit haut placé. Pour regarder le ciel sans arbres, avec une vision à 360° et pas de gouffre à proximité.
Et un endroit semblait convenir parfaitement pour ça.
Le phare.
Il était en partie la clé de tout.
Le lieu où ses parents ... avaient disparu.
D'après les écrits, en tout cas. Car rien n'en était moins sûr.

On ne disparaît pas du monde réel par voyage dans un monde imaginaire.
Enfin, il ne le pensait pas.

Il traversa la jungle mouvementée sans aucun frisson, sachant exactement où il se rendait. Il avait confiance.
La pluie s'était mise à tomber... assez drue pour passer le rideau végétal.
"comme cette fois là... à Lyon... lorsque..."

Il n'y avait pas à dire, cette femme avait réellement bouleversé ses habitudes et son train de vie quotidien.
L'ex petit prince des rues lyonnaises déambulait actuellement dans une ville faite d'arbres et de plantes, plus étouffantes que le bitume et l'asphalte.
Mais il avait vu pire que la force végétale, et avançait sans trop de soucis.

hormis l'orientation... il renifla l'air trois fois pour s'assurer de la direction, et usa de ses facultés d'analyses pour baliser et borner ces lieux dans son esprit. Il lui semblait bien avoir majoré l'erreur d'orientation, mais un virage inopportun à cause d'une touffe infranchissable le força à tout recalculer.
Et à user de toutes ses capacités pour enfin, fatigué et sale sous cette pluie battante, arriver au pied de la majestueuse tour de pierre.

... pour s'affaler contre la pierre blanche, lisse et froide. Si agréable... et pourtant glaciale...
Il s'endormit presque instantanément...

Mh...

Tu n'es pas a court d'inspiration, ça me rassure... Tu écris ça spontanément?

quasi, oui. Juste, dès que ça me vient à l'esprit, je vais chercher une citation utile ou un détail oublié... souvent juste au moment où il me vient l'envie de le mettre.
Ici c'est du direct sur le forum, pas de recopiage, si c'est ça que tu demandes...

Sympathique, comme ça en prime on a ton état d'esprit en quasi direct ^^

Du moins si il est lié a tes écrits, ce qui semble être le cas jusqu’à maintenant.

... à son réveil, la pluie tombait toujours, et il était trempé...

Il devait trouver l'entrée de la tour, pour pouvoir se sécher...
si se sécher l'on pouvait. Après tout cette femme ignorait tout de l'intérieur du phare. Elle n'y avait d'ailleurs jamais mis les pieds.

"tout s'est toujours passé au pied du phare.
les seuls à y avoir jamais mis les pieds sont soit disparus, soit partis, soit inaccessibles. M, tes parents, l'elfe Yoendel peut-être ...
aucun n'en a parlé..."

Elle savait tout. En tout cas tout ce qu'il y avait à savoir sur ce lieu.




Jetant un regard vers le sommet de l'édifice, il se rendit compte que les pierres étaient trop glissantes pour permettre un prise fiable.
Seule option : tourner autour en cherchant une ouverture...
La tour de la topologie... décidément son concepteur était particulièrement dingue...
le seul moyen d'arriver jusqu'à cette tour : avoir un raisonnement topologique ou suivre quelqu'un qui en a un...
"dire que j'ai dû me farcir un mois de cours de topologie pour en arriver là..."
Mais ça avait quand même été un peu plus amusant que les tables de multiplication...
c'était tout un monde... Pire : cela réinventait le monde. Les mondes...

Après une marche glaciale longeant le grand mur octangulaire de la tour, il arriva devant un petit escalier qui servait d'accès à une grande porte de bois sculptée.
Des personnages de toutes sortes étaient immortalisés sur le haut de l'entrée, dont une sorte d'ange, trois humains, un renard, ainsi qu'une masse végétale de plantes qui ne lui disaient rien.
Et, en dessous, à hauteur de ses yeux, plusieurs mots :
" cette porte est réellement à la fois ouverte et fermée"
" et n'est ni l'un ni l'autre"

plus bas : "hasa hakanaru"
et enfin "l'infranchissable devient traversable. Tout est question de dimension."

Chacun semblait gravé d'une main différente. L'une des phrases était écrite d'une écriture ronde et nette, une autre de façon plus pressée, l'une encore était plus scolaire.

Il lui sembla comprendre qui avait écrit ça.
Il décida à son tour de graver quelque chose.
après avoir cherché une pierre qu'il estimait particulièrement tranchante, il se mit à l'ouvrage.

Lorsqu'il eut terminé, on pouvait lire une petite écriture incertaine, qui disait : " ce n'est pas plus une porte infranchissable qu'un boa mangeur d'éléphant n'est un chapeau."

écriture qui s'effaça dans les secondes qui suivirent sa dernière relecture.
Il ne s'en formalisa pas le moins du monde.
Et décida de suivre les précédents conseils...
"tout est question de dimension... " ça lui disait quelque chose. La méthode du simplexe standard, entre autre...
"hasa hakanaru"... quelle étroitesse d'esprit... ou plutôt, plus littéralement : quelle irrationalité...
" cette porte est réellement à la fois ouverte et fermée..."

cette dernière phrase était la plus énigmatique.
"C'est du Schrödinger ou de la topologie ?"
"C'est du M à coup sûr, ça... une blague semi-topologique".

"à la fois ouvert et fermé ? R entier ? ou l'ensemble vide...
donc cette porte est soit tout l'espace entier... soit rien... néant.
Si elle est tout, je suis déjà dedans.
Si elle n'est rien, je puis passer sans problème..."

Visiblement, les autres écrits témoignaient d'autre moyens d'entrer... chacun avait-il le sien propre ?
Mais celle de M lui plaisait.
Donc il entra... sans tenir compte d'un porte qui n'était en fait pas une frontière...

j'admire cette écriture spontanée, personnellement, je n'y arrive pas.

Pas de réponses ...
Pas encore ...

Pas de réponses, que des questions... C'est la tout l’intérêt de l’œuvre, je crois.

Un tout jeune adolescent de treize ans venait de traverser comme si elle n'existait pas une porte de buis de dix bons centimètres d'épaisseur, sur laquelle un message en lettres bleues venait de réapparaître gentiment.

L'intérieur était sombre, un long escalier de pierre serpentait autour d'une vaste salle cylindrique, s'élevant vers les hauteurs du phare...
Au centre, deux grands contrepoids étaient maintenus suspendus en l'air par de très fines cordelettes qui semblaient faites en nylon.
Juste en dessous, un puits s'enfonçait profondément dans les entrailles du sol, entouré de pierres qui dans la faible luminosité paraissaient bleues nuit.

Il décida de monter l'escalier, qui devait sans doute mener dans une salle principale, au dessus de sa tête...
l'ascension lui aurait paru interminable s'il n'avait cessé de regarder par la rambarde le système de contrepoids... il était en soi fascinant...

"hasa hakanaru" une référence à Angel Beats ?

Mais qui a t-il en haut du phare?!

Ne nous soumet pas a une attente de quatre jours! :mrgreen:

Ou fait le, mais avec de bonnes raisons.

Chacun des poids était soi-même constitué d'un ensemble complexe de rouages comprenant des micro-contrepoids. Le tout constitué de rouages de cuivres, d'or, d'étain, d'argent, reluisant et entièrement huilé, ce qui donnait un air neuf à l'ensemble. Tandis qu'il passait à proximité de l'un des deux poids, il pût percevoir, en plus du bruit avoisinant, une foule de tics-tacs retentissants et clairs, aussi doux que le ruissellement d'un ruisseau dans une forêt au début du printemps et du dégel...

Il continua à grimper, grimper, sans hâte et sans s'arrêter dans ce long cylindre d'escalier qui se perdait dans les hauteurs de ce monde inconnu et pourtant si intime... le phare semblait infini, mais il sentait qu'il n'en était rien. Les illusions n'étaient dues qu'à une incapacité de son esprit d'estimer les distances dans ce lieu purement spirituel des plus étranges...

Au bout d'un certain nombre indéterminé de tours, il arriva devant une arcade au beau milieu du passage...
à dominante violette, une foule d'entrelacs sculptés sur les deux colonnes, il n'y avait qu'à passer en dessous pour continuer l'ascension. Anoki jeta un coup d’œil sur l'étrange système qui jouxtait le passage, puis décida de continuer son périple. Une antenne dépassait de la petite boîte aux cliquetis incessants, elle aussi.
Il passa avec une petite appréhension sous la voûte, prenant le temps pour percevoir tout changement et tout imprévu et pouvoir y parer. Tandis qu'il attendait une éventuelle surprise, le son d'un cliquetis retentit. Se penchant contre la balustrade, il comprit : Les contrepoids s'étaient mis à descendre d'un coup pour l'un, et à monter pour l'autre. Pour s'arrêter quelques secondes après.
Il attendit encore, l'oreille aux aguets. Soudain, au bout d'environ dix secondes, il ne se passa rien.

Et encore une infernale montée …
Au bout d'à peine un tour et demi, il se rendit compte qu'il y avait encore une arcade.
Jaune, cette fois. Encore avec une petite boîte jaune jouxtant l'ensemble. L'antenne, cette fois, était une petite parabole pointant dans les hauteurs du phare. Mais vers quoi ? Mystère...
Il passa avec un peu moins de crainte cette seconde architecture ouvragée,attendant cette fois encore un phénomène étrange ou inattendu. Cette fois encore, seul un cliquetis retentit et les deux poids reprirent leur mouvement, s'arrêtant quelques mètres après. Patient, il attendit à nouveau un phénomène, pour enfin se remettre à monter ces escaliers décidément bien longs. Il laissa derrière lui l'arcade violette pour continuer sa marche vers ses origines...

Au bout d'un tour et demi, il aperçut encore une arcade.
Jaune.






Au bout de 4 arcades jaunes, il eut enfin la certitude que l'on se F****** de lui. Non, il ne pensait pas comme cela...plutôt qu'il tournait en rond...
Il eut alors l'idée saugrenue de ne plus chercher à s'enfermer dans une boucle de portes interconnectées ; mais éviter les portes signifiait passer par le vide central, donc s'accrocher aux balustrades, ce qui ne semblait pas hors de danger. Une autre idée encore plus irréaliste : sauter sur l'un des contrepoids pour tenter une escalade par les cordes, mais c'était tout simplement trop risqué, les cordes en question n'étant que de très petits fils de nylon...
Au rendez-vous, une autre idée saugrenue : rebrousser chemin... s'il le pouvait encore.
Et celle là n'était pas irréalisable, cela ne lui coûtait rien d'essayer...
Il franchit donc la porte violette en descendant...


Un cliquetis. Plus grave que les précédents.


… pour se retrouver à la porte jaune. En descendant, toujours...
C'est alors qu'il se rendit compte qu'un autre bruit avait fait son apparition...
Un son très clair, très doux, qui s'accentuait et dont le crescendo rappelait de plus en plus l'ensemble des cliquetis que la salle recelait... un bruit fluide, humide et...
Le temps de comprendre ce qui lui arrivait, se sentit basculer en arrière, puis emporté dans une vaste dégringolade le long des escaliers interminables...
lorsque son cerveau appréhenda l'information, il se trouvait sur le dos dans un bateau pneumatique orange, qui filait à toute vitesse sur un coussin d'eau, cascade ruisselante, qui coulait le long des mêmes escaliers qu'il avait pris en montant. Il aperçut la première arcade violette, et comprit que cela n'aurait aucune fin... Une spirale infernale, dans une cascade déchaînée, destiné à dégringoler indéfiniment le long d'escaliers qui ne menaient nulle part...
Il était perdu.

Dans un élan désespéré, il tenta de freiner le mouvement de son bateau... il ne réussit qu'à le faire chavirer... trempé jusqu'aux os, il fut emporté par le courant.
Lorsqu'il refit surface, il crut apercevoir au loin une arcade violette en amont.
Il ne comprit pas ce que cela signifiait.
Il au bout de trois tours d'escalier, il se rendit compte qu'il n'y avait toujours pas eu d'arcade...
c'est alors qu'il le vit.

L'un des contrepoids montait vers les hauteurs, tandis que le second chutait au même rythme effréné que sa dégringolade...
vers la base du phare...qui cette fois était remplie d'eau au point d'ensevelir la porte entièrement. Et au centre... il y avait...

Anoki n'en crut pas ses yeux. Pourtant, sa mémoire exacte lui envoyait un message d'alarme qui confirmait cette folie.

Le puits.

Dévorant, aspirant, siphonnant, vidant, inexorablement dans un bruit de succion toute cette eau mouvementée...

Tout, absolument tous les courants se rendaient vers ce trou béant grondant qui inspirait une panique ineffable. L'emportant lui avec.
Il tenta tout et n'importe quoi, le crawl, la brasse, de se retenir à des éléments qui pouvaient passer à sa porter... mais il n'y en avait pas le moins du monde.
C'était peine perdue...
Après l'inexistence, les horloges folles, les murs infranchissables, les jungles touffues, les portes inconsistantes, les arcades bouclées, les cascades d'escaliers... il devait encore faire face à pire … sa propre mort. Incontournable, inévitable, inexorable, obligatoire, définitive. Il ne pouvait y survivre...

Et il chuta dans le cœur du gouffre...
à côté, un objet semblait aussi accompagner sa course... toujours le même, le contrepoids...
étrangement, il arriva à lire ce qui était écrit sur le bord du gros cylindre...

« je suis le bâton qui soutiendra les faibles »

Il s'accrocha à l'objet.

Ça valait le coup d’attendre !!!

c'était froid, trempé, glissant...
mais il s'accrocha de toutes ses maigres forces.


Il sentit au bout d'un certain temps que le poids avait ralenti pour s'arrêter, mais de l'eau continuait à se déverser au dessus de sa tête avec force... le puits ne se remplissait pas. Avait-il une fin ? Ou s'enfonçait-il dans les entrailles de ce monde virtuel ?

Anoki en avait plus qu'assez de ce fichu monde auquel avaient participé ses parents. Décidément, l'auteur était un véritable fou.
C'est alors qu'il sentit une chose étrange dans son dos. Lorsqu'il se retourna, il failli lâcher son précieux soutien : son sac se déchirait. dans un ultime réflexe,il utilisa une main pour le rattraper, et la ramena automatiquement sur le poids dont les micro-rouages continuaient de fonctionner indépendamment de l'eau qui s'infiltrait.
Murphy joua alors en sa faveur... le poids du contenu ajouté à la force liquide, ce fut trop pour la fermeture-éclair... le sac s'ouvrit, laissant choir son précieux contenu dans les abimes. Les boules avaient roulé le long du cylindre. Seul le cube, plus stable de par sa géométrie, resta sur le haut du poids. Le livre, trop léger, avait aussitôt été emporté avant même les boules mondes...
Dans un dernier mouvement, Anoki pressa d'une main sur ce dernier que le courant amenait dangereusement vers le bord du cylindre...

pour toute réponse, une vive étincelle électrique jailli. Surpris, il lâcha le cube, qui s'en fut aussitôt rejoindre ses prédécesseurs dans le puits.
Puis une puissante vibration se fit sentir au cœur du contrepoids...

Non !!!!!!!
Nos création !!!!!!!!
Non !!!!!!!!!!!

[diantre...]


Durant un court instant, rien ne se passa... jusqu'à ce que, dans un sursaut, le contrepoids ne se mette à monter assez rapidement...
Vers les hauteurs, emmenant son chargement avec lui, qui s'accrocha de toutes ses dernières forces...