la quantique des quantiques...

"Ses journées, il les passait à patienter. à méditer. à attendre. Attendre de trouver en lui l'élément qui pourrait partir. Partir hors de lui.
Il espérait.

M était trop... M ne mettrait jamais tous ses œufs dans le même panier, c'était impossible...
Il devait certainement y avoir une exception, quelque chose qui ne soit jamais resté dans ces mondes...
Quelque chose qui ne fut jamais connecté au reste...
Quelque chose à la frontière des mondes...

Un concept ?
Une personne ?
ou plusieurs...

Oui. Il y avait plusieurs choses qui n'étaient jamais rentrées dans ces mondes malikiens.
Anoki en était certain...
La clé de sa délivrance devait être là.
à portée de main...
à portée de pensée...
ou à portée de cœur...

Il fallait y croire.


En tergiversant pour la n-ième fois sur ce problème...
Il s'endormit.

Un jardin. Non. CE jardin.
à portée de main.
Il lui suffisait de poser la main sur la poignée de la porte pour y entrer.
Mais... il hésitait.
Où était-il ?
Y- avait-il quelqu'un à l'intérieur ?
Avait-il le droit de mettre les pieds en ce lieu inconnu ?
et...
Quelqu'un pourrait-il l'aider ?

Il restait là... à contempler l'infranchissable abîme qui le séparait du lieu de vie végétale...
Lorsque soudain, une voix lui parvint.






Non... pas une voix...




Un chant."

Soprano.
Un La.



Largo.
Mezza voce.

En d'autres termes... aigu... assez lent, presque arythmique... et à mi-voix...
Une plainte. Tenue.
Ou une prière...

Cette seule note convergeait en ce sens.
Une émotion. Une note.
Transperçante...

Une larme pour une note.

Anoki ne pouvait qu'écouter.
Muet comme une carpe.
Sans réfléchir, juste se tenir là...
Cette note ne donnait même pas envie de faire autre chose.

Il restait là, debout, en lisière du jardin, la main à 2cm de la poignée...
seule la note existait vraiment, en ce monde...
Seule la note avait un sens.

Jusqu'à ce que...

Sol.

Brusque bouffée d'air.
Un changement.
Après une longue tenue...
Une nouvelle note. Aussi intense que la précédente.
Mais totalement différente...

Le sol contenait une redescente vers le sol... la note avait baissée...
Presque comme un soupir.
Doublé d'une attente.
Plus cette note se tenait, et plus cette attente se faisait grande.
Cette note était la dominante.
Elle contenait l'attente en son sein.

Puis, plus rapidement, cette fois, arriva...

Ré.

tenu. Inattendu.
contenant une tension.
Une magnifique tension.
Ce ré témoignait la souffrance de son créateur, il regorgeait d'hésitation.
Un ré unique.
à en pleurer.


Qui laissa bientôt, bien trop tôt, la place...

A l'ut.
Le do.
La tonique.
La fondamentale.
La base.
La conclusion.

Cependant, comme un oiseau apeuré reprends son vol, ce do ne tint pas.
Il prit pied sur un un fa qui passait par là, et repartit de plus belle vers ce La qui l'attendait.
Une envolée lyrique.


Ce la tenait de plus belle.
Identique au premier.
Identique, et pourtant...
différent.

Car il instillait une autre envie dans l'esprit de celui qui l'écoutait.
Une envie de suivre.
Plus haut.

Ce La appelait...
Un do aigu.
Cependant, il n'appelait pas qu'une personne.


Aussi Anoki fut-il surpris lorsqu'il entendit une autre note s'ajouter au Do qui avait réagi à l'invitation du La.
un Sol.

Une autre voix...
Anoki mit un instant à comprendre...
que c'était la sienne.









L'autre voix, surprise, se tut.
Durant une seconde, il ne se passa rien.

Anoki, mal à l'aise, commença intérieurement à paniquer.
Mais c'est alors que la voix reprit.


Comme si rien ne venait de se passer, pensa-t-il.




...
Non, pas comme si rien ne venait de se passer.
...



Le La appelant DO et Sol se fit plus présent et plus fréquent.
Puis d'autres vinrent.
Timidement au début.

Un Si souhaitait parfois un ré,
Un fa dièse fit son apparition en jouant avec un la,
un mi se tenait au milieu d'un accord, faisant la courte échelle à une mélodie menant à un si bémol.

L'ambiance avait changé.
Une invitation.

Le Lento devenait Adagio.
L'Andante arrivait...

La souffrance avait laissé place au jeu.
Mais pas seulement.

La solitude avait laissé place à l'apprivoisement.



Le jeu continua son cours...
Un contre-temps fit son apparition, venant briser le rythme jusque là très lié.
Une farce.
Anoki suivait tant bien que mal.

Mais lorsque sa propre voix trébuchait, l'autre venait automatiquement la rattraper, et la consolider...
Toujours un jeu, et une rencontre en même temps.

Le jeu se modifia graduellement.
Les triolets et les syncopes venaient et partaient en ressacs réguliers.
Les appogiatures se firent de plus en plus nombreuses, maintenant des tensions pour les dénouer ensuite, le broderies et les notes de passages entrant dans une folle danse vers une mélodie qui ressemblait de plus en plus à une forme de Jazz manouche.

Allegretto.

Rapide.
Anoki aimait ce rythme. entrainant.

Puis arriva le moment où ce rythme fut brisé.
La voix qui menait s'était engagée sur un chemin plus ardu.
Le 8 8. Rythme du Tango, qui devint la base de beaucoup de musiques actuelles. 3 3 2;
1-2-3-1-2-3-1-2...
1-2-3-1-2-3-1-2...


Mais le jeu avait une fin.

Cependant, pas une fin malheureuse.
Une fin malicieuse.

Anoki la sentit venir.
Elle se propageait dans l'air.

Elle lui instillait une envie.
Celle de s'accrocher.
à n'importe quoi.
Un sol, par exemple.

Et il tint cette note.


L'autre voix, amusée...
Se mit à dégringoler à toute allure, faisant des embardées, remontant, redescendant, arpégeant, vrillant...
jusqu'à donner à la sienne l'impression de s'être trompé d'ancrage.
C'est quand elle s'approcha dangereusement de ce qui semblait être la base qu'Anoki se rendit compte que son accroche était glissante.

Et c'est tout naturellement qu'un do vint échouer dans ses cordes vocales.
Tandis que l'autre voix continuait sa course pour se scratcher un peu plus bas, dans un atterrissage maîtrisé mais volontairement six pieds sous terre.

Puis ce fut le silence.

On néglige souvent le silence en musique, de nos jours , lui préférant les sons à tout prix.
Pourtant, il avait sa plus belle place.
Rien ne pouvait ici remplacer un silence.

Et Anoki en était soufflé.

Lorsqu'il sortit de ses pensées, il vit que quelqu'un s'était approché de la porte.
Approché de lui.
Durant le chant.

Et en plongeant son regard dans les yeux qui le reflétaient, lui, avec sa masse de soucis et d'univers, il comprit.

Mais QUI !?

Je n'ai jamais aussi bien entendu une musique qu'en te lisant ...

Je n'ose rien dire, n'osant influencer la beauté non pas du texte, mais de ce qu'il conte.

"S'il vous plaît... dessine moi un mouton!"*

Anoki était abasourdi.

En face de lui se tenait...
Un enfant.
Plus jeune encore que lui... lui qui pourtant n'était pas bien vieux...
Et pourtant... l'épreuve de porter sur soi l'ensemble des univers l'avait vieilli.
Il lui semblait que des générations le séparaient de celui qui, en face de lui, venait de lui faire une requête aussi naïve qu'insensée...

Et cet enfant, sans même savoir logiquement de qui il s'agissait, il sentait qui c'était.
Lui ?!

"..."
Après un instant de réflexion, Anoki se défendit gentiment.
"Je ne peux pas dessiner un mouton..."

"Tu n'en n'as jamais vu ?"
Petite voix fluette...
plus encore que la sienne.

"Encore une question d'enfant", pensa-t-il.
"... si, si... mais ... je ne sais pas dessiner."

Un regard surpris.
Et une pointe de déception...
Qui laissa rapidement place à une lueur.
"...ça tombe bien, moi non plus... on apprend ensemble ?"


Anoki ne savait pas du tout quoi répondre à ça...
Ne réagissant qu'avec lenteur, il finit par acquiescer, peu sûr de lui...

Le visage enfantin se fendit en un large sourire.
"Viens, mes crayons sont là-bas !! Viens !"

Se laissant guider par son futur compagnon de dessin, il entra dans le jardin.
De l'intérieur, il paraissait plus grand encore que vu du dehors.
à même le sol, au pied de la grande Balançoire, un large éventail de feuilles avaient été étalées pour permettre de faire plusieurs oeuvres en même temps.

Devant lui, son insouciant guide murmurait un air qui ne lui disait rien.

"Rot, rot, rot sind alle meine Kleider
Rot, rot, rot ist alles was ich hab'.
Darum mag ich alles, was so rot ist
Weil mein Schatz ein Feuerwehrmann ist !"

Une fois arrivé au pied du jeu, l'enfant se retourna vers Anoki.
" Voilà ! C'est tout ce que j'ai, mais on peut essayer, non ?"

Puis, après une seconde de silence :
" ... Et si on commençait par dessiner une rose ? C'est joli, une rose !! "

Et avant même qu'Anoki n'ait répondu, notre enfant s'était déjà accroupi, et commençait avec entrain ce qui devait être des pétales.
Il avait déjà réussi à se mettre un coup de crayon rose sur le visage, d'ailleurs... Sur la joue gauche.

Anoki trouvait ça Mignon. Tellement naïf...

"Tu ne dessines pas ?"
L'enfant avait relevé la tête, et le contemplait avec l' air interrogatif propre à tout enfant qui découvrait insouciamment le monde.
Un pourquoi brulant se lisait dans son regard...

"Je te regardais, c'est tout ! Je m'y mets aussi !"
Il s'accroupit alors aux côtés de l'enfant...

s'il s'attendait à ça... à dessiner sans réfléchir aux côtés d'un enfant de 8 ans... 10 tout au plus...

L'autre le regardait en souriant.
"Attention, Anoki, tu commences à penser comme les grandes personnes !
La naïveté et la réceptivité à tout ce qui t'entoure, ça peut s'entretenir, tu sais ! Même quand on porte les univers en soi !!"

Anoki fut chamboulé.

"Tu... tu ... tu lis dans les pensées ?!"

L'autre sourit encore plus franchement, si cela était possible.

" Pas besoin ..."

" Pas possible... tu... au fait, que fais-tu ici, Solveykiel ?!
Tu... tu es bien Solveykiel, n'est-ce pas ?!
Tu es tout seul ?"

Son interlocuteur continua de sourire.

"Eh ben tu vois, pas la peine de lire dans les pensées !!"

S'il avait répondu à la seconde question, il en avait éludé deux.

"Tu est tout seul dans ce jardin ??"

Un voile d'ombre passa.
" Non... oui... enfin... non, d'habitude."

Anoki resta silencieux un moment.
Avant de reprendre.

" Quelqu'un vient te voir de temps en temps ?"

Nouvelle ombre.
"... oui. Venait... Mais il ne pourra plus revenir. Sa place n'est plus ici..."

"Qui est-ce ? Pourquoi ?"

Un sanglot. Une larme vint s'écraser sur la pétale encore à moitié dessinée.
"Il est retourné dans son monde... et j'ai même pas pu lui dire au revoir..."

"Et personne d'autre ne venait ?"

Solveykiel eut un pâle sourire.
"Pour quoi faire ? Ce jardin est à part. Rares sont ceux qui connaissent son existence. Personne ne vient..."

Un silence.
"... seul Yoendel venait me voir..."

"Yoendel ? Il pouvait venir te voir ? Comment ?!"

Un court silence.
L'enfant semblait chercher sa réponse.
"Il... Il a toujours été avec moi... j'avoue, je sais pas... peut-être parce que c'est un ange ?"

Anoki ne put retenir un léger rire.
"Oui, peut-être bien... Je dirais plutôt qu'il entretenait des liens privilégiés avec l'auteur, non ?"

Solveykiel le toisa un moment , ébahi, sans rien dire.
Puis éclata d'un grand rire.

"Des liens avec l'auteur ?!? C'est... C'est trop drôle !! ça n'est pas possible, ça !!"

Il était plié, aussi sûrement que deux secondes auparavant il était triste...

Il mit du temps à s'en remettre.
"L'auteur... pff... Je n'ai jamais autant ri depuis... depuis que ces deux là sont passés me voir... J'étais sérieux, moi !!"

Anoki tiqua sur le nombre.

"Deux ? Qui ça ?"

"Ben... euh... les deux voyageurs qui s'étaient perdus... comment s'appelaient-ils, déjà ? Ils m'ont posé des question sur Yoendel...
Euh... Le garçon avait un nom assez court... comme Yoendel... je sais plus..."

Il était plongé dans ses pensées...
"Ils étaient amusants, ces deux là... quand j'ai demandé un mouton, le premier m'a dessiné une fourmi, et son amie prétendait qu'aucune couleur que j'avais ne pourrait donner la vraie couleur d'un mouton. Et encore moins l'odeur..."

Il sourit. Et soupira.
"Yoendel aurait certainement aimé les connaître, ces deux là..."

"Et... désolé de te demander de te rappeler autant de détails, mais où sont-ils partis ?! Mes parents te l'ont-ils dit ?! "

"Hum... Oui... mais c'est difficile à dire... c'est pas vraiment dans les mondes, ça. Enfin... pas plus qu'ici, en fait."
Il sourit en disant cela.

Anoki eut une idée à partir de celle là.
"Oui, au fait on est où ? Si on est pas dans les mondes, comment cela se fait-il que je sois là ?"

Solveykiel sourit encore, pour la n-ième fois.
" Deux questions plus différentes que tout ce que tu peux imaginer...
On est dans mon jardin. En fait, non : dans le jardin tel qu'il sera dans mon futur. Lorsque j'aurai changé. Dans quatre ans, je crois... je ne connais pas très bien mon futur. Disons quand... "quand la période de la floraison arrivera", disait Yoendel.
Comment es-tu venu ? Ben... je m'ennuyais... tu voulais venir. Je t'ai appelé.
Tu as répondu. C'est pas plus compliqué que cela... ça devrait ?"

Anoki fut abasourdi.
La Magie de la logique M-ièsque n'avait cure ici, ou bien ?
Solveykiel ignorait que c'était impossible, alors il l'avait fait ?
à moins que...

M. Solveykiel. M. Solveykiel.

Se pouvait-il que ce qui prime en Solveykiel soit la curiosité enfantine ?
Que ce soit le coeur de M ?
La première couche ?
Et que toute cette Magie basée sur la raison ne soit impuissante face à l'insouciante innocence de l' enfant que fut M ?

Un espoir renaissait. Celui de pouvoir retrouver ses parents.

"Mais je ne peux pas te dire où ils sont."

Neuf mots. Une douche froide.

"... en revanche, je peux aller les chercher..."

Anoki prit une grande inspiration.

"... tu... tu ferais ça pour moi ?!?"


Un air malicieux.
Il venait de se lever.

"à condition que tu me dessine un mouton en attendant..."

Il s'avança vers la sortie du jardin. Anoki n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles.

avant de s'évanouir dans la forêt qui entourait le jardin, la voix se fit une dernière fois entendre.

"... Et un paravent pour ma fleur !!"

Il n'y a pas de smileys pour ça non plus…

Je me contente donc de continuer sans ; c'est joli.

Intéressant ... mais un peu ... lent.

Jolie clin d’œil que le "dessine-moi un mouton."

Je l'ai pas trouvé lent. Il fait simplement des mouvements amples, comme un enfant qui découvre et fait découvrir en même temps un trésor adorable.

Beau texte, pur.

:mrgreen:
Les avis divergent. Tant mieux...

Désolé, Bac... Solveykiel s'étant réveillé, ça va être dur de ne pas faire "des mouvements amples, comme un enfant qui découvre et fait découvrir en même temps un trésor adorable."


D'ailleurs, une question frappe doucement à la porte de mon cerveau.
"Quel âge semble avoir Anoki, d'après vous ?"

Je sais, Ben, l'âge n'a aucune importance.
Ce n'est pas du tout d'ailleurs une question de l'ordre du "avez vous lu et retenu?" mais de l'ordre de "mentalement, psychologiquement, a-t-il l'air plus d'un enfant, d'un ado, d'un adulte, d'une personne agée ?"
Oubliez son âge prétendu (je sais même pas s'il est noté, mais il n'est pas censé apparaître par la suite, de toute façon...) et dites moi ce que vous pensez de son âge apparent...

C'est juste parce que quelque chose me turlupine un brin...
Et la rencontre que je viens de décrire n'a fait que l'accentuer...
J'en parlerai peut-être...

J'ai l'impression qu'il rajeunit au fur et à mesure que l'histoire avance ...

Bacrima a écrit:J'ai l'impression qu'il rajeunit au fur et à mesure que l'histoire avance ...

Certes, mais pas a ce point, à mon goût. Son changement caracteriel ne me semble pas incompatible avec les chamboulements récents dans son existence, sans relecture.

Sinon, je crois en effet que, soit tu nous avais indiqué son age physique, soit je l'imaginais entre 16 et 18 ans, mais le fait est que je l'imagine maintenant a 14 ans et qu'il me semblait plus agé au départ. Mais c'est peut être moi.

J'avais la même impression , donc tu n'es pas seul ben !

En effet... il semble rajeunir... :suspect:

Sauf que, après vérification, j'avais bien posté son âge à un moment donné, dans le sujet précédent...juste en passant.
Et ça collait avec ma vision que j'avais de lui à chaque instant.
Donc je vais rectifier mon point de vue...

Il semble plutôt revenir à son vrai âge.
Ce que vous voyez comme un rajeunissement.

Comme si dès le début, il est plus adulte qu'il ne devrait l'être.
Puis ça empire avec la fusion des univers. (hormis dans les moments de faiblesse)
Et là... c'est l'inverse...

Hum... ça m'intrigue, tout ça...

Tandis qu'un jeune adolescent restait ébahi, scotché, dans un jardin magnifique en bordure de forêt, un enfant s'en allait apparemment seul à l'intérieur desdits bois.

Lui, contrairement au premier, n'était pas du genre à prendre de la vitesse en exprimant son élan bucolique, mais à lever les yeux vers les cimes pour les admirer, restant au rythme de la marche.

L'enfant qui se promenait dans cette forêt poussa un soupir.

Trouver les parents de Anoki serait très difficile à ses yeux.
Il n'avait pas pu les retenir à l'époque, lorsqu'ils s'étaient lancés à la recherche de son ami Yoendel.
Et désormais... leur propre fils les cherchait... Et lui seul avait pu le remplacer.
S'il lui avait dit qu'il suffisait de se rendre dans la forêt, nul doute que ce dernier s'y fut rendu sur le champ...
Mais ce n'était pas bon, pas bon du tout...
Il valait mieux pour Anoki de rester dans le jardin qui purifie les esprits tourmentés et les coeurs que de venir ici.

Solveykiel sentit l'ombre repasser dans ses pensées...
Tout ça à cause de la partie visible de l'iceberg qui était chamboulée...à cause de la recherche de Anoki, due à l'évaporation de ses parents, suite à la disparition de Yoendel... due à un problème interne dans ces mondes...
Vraiment, la naissance de Yoendel avait vraiment tout chamboulé ! Un vrai phénomène chaotique !

Il s'assit, médita dix minutes, le temps de chasser ces sombre pensées de son esprit. C'était la seule solution si l'on voulait survivre dans cette forêt.
Se vider de l'énergie que l'on avait accumulée, doucement, et reprendre son calme.
Ré-Apprendre à aimer.

Il se leva, et repartit, un large sourire sur le visage.



La forêt se faisait de plus en plus dense.
Presque étouffante par endroits.
Mais Solveykiel savait.

Il savait où aller.

Il se dirigeait doucement mais sûrement vers la Porte.
Il allait se rendre définitivement hors des mondes de M.
Ne pas rester à la frontière...

Elle était là.
Dans la sombre clairière se trouvait la porte que d'aucuns nommeraient "du Désespoir".
Mais ce nom, Sol le trouvait stupide.
Sa destination faisait peur, certes, mais elle était la clé de l'existence de ces mondes de bonheur...
Elle était juste la porte vers "le Reste".
La porte des "Résidus".
Devant ses yeux.
Sombre, imposante, magistrale.
Aux lueurs violettes et pourpres.


Il la franchit sans aucune difficulté.
Après son passage, une ombre bougea.
Une queue rousse s'en fut rapidement dans la direction opposée, c'est à dire vers le jardin de la Réconciliation.

Un sablier cessa soudain de s'écouler.
Plus bas, un contrepoids vacilla avant de se stabiliser à nouveau.
Ailleurs, loin ailleurs, une brise glaciale parcouru pendant un court instant un petit jardin en bordure de forêt.
Au moment où elle lui arriva en plein visage, Anoki releva la tête.
Le jeune Solveykiel se retourna dans son élan. "Enfin..."
Le vif flot de couleur rousse se hérissa un moment, stoppé dans sa course, avant de repartir à toute allure vers sa destination.
Un monde d'univers entiers, sans aucunes limites, sans aucune notion ni du mal, ni du bien... un monde de mondes s'était arrêté, et retenait son souffle...

Le monde avait changé en cet instant.
Tout avait bougé.
Une respiration.
Une modification invisible venait de se faire... de s'achever...

Non... pas une ... de nombreuses modifications simultanées... sur la nature même des liens.
Apprivoiser...
Tous les liens entres les mondes, les intermondes et les intramondes s'étaient remodelés.
Anoki le pressentait.
Solveykiel le voyait bien, lui.

Depuis le départ de Yoendel, c'est cette stabilité qui est partie.
Envolée.
Vous croyez que cela est une histoire...Non.
Cela fut/est ma réalité. Sera ? C'est une autre histoire.


...
Matière et antimatière...
Alors qu'un lien de détente et d'acceptation s'était profilé, un autre lien, opposé, venait de se créer...
Ailleurs, différemment.

Mais ces perturbations de l'espace temps émotionnel ne durent pas. Ou plutôt... les conséquences ne se voient pas directement dans le Jardin de la Réconciliation, puisqu'il a justement été conçu pour éviter cela...

Tout reprit dans ce même et différent monde.

Solveykiel reprit sa course, doublant l'allure.

Anoki garda le nez en l'air, pour flairer à nouveau le phénomène qui lui échappait totalement.

Comment pouvait-il comprendre que la libération se mélangeait à l'anéantissement, au vide... et au choc de la réalité.
Une libération bénéfique, et par compensation... d'autres soucis.
Les dimensions observables étaient calmes, mais dans les autres... c'était le calme entre deux séismes.

La porte du Jardin s'ouvrit.
Du coin de l'oeil, Anoki ne put qu'apercevoir la touffe Rousse qui lui fonçait dessus.

Mh…

Tu vas pas te mettre au cliffhanger aussi, quand même ? :mrgreen:

Solveykiel courut longtemps au milieu d'un paysage... indescriptible.
C'était sensiblement le même que celui qu'il avait quitté en passant la porte, mais en différent... comme ... dénaturé.
Car les arbres se clairsemaient par endroits pour laisser place à bien des objets plus insolites, tels qu'une lunette astronomique dont un pied était cassé, une batterie de voiture à moitié ensevelie sous les feuilles ou encore une carcasse de deux-chevaux totalement rouillée entourée de quelques seaux sans fond faits du même métal.
Mais Sol continuait à courir, même s'il portait une attention particulière à chaque détail qui s'y trouvait.
Le paysage changeait...

Les arbres de plus en plus épars... les détritus changeaient de nature, certains plus fonctionnels, d'autres tout aussi inutilisables... le sol devenait de plus en plus pauvre...
Les arbres laissèrent place à des mauvaises herbes en nombre, avec toujours autant de déchets enfouis mais bien moins visibles...
Le soleil, pour peu qu'on eut pu en affirmer la nature, avait changé... son spectre lumineux tendait vers le violet...
un violet... agressif.

Mais Sol courait toujours, inlassablement.

Une maison en ruine défila sous ses yeux tandis qu'il continuait son chemin.
Puis une autre...
Et un immeuble...
La ville se faisait de plus en plus proche...
Une ville ... des ruines.

Il courut sans s'arrêter une seconde en voyant le panneau qui trainait par terre...
Des morceaux de lettres manquaient.
"DC. F"

Lorsque soudain, un cri perça dans le silence.
Sol s'arrêta, l'oreille aux aguets.
Ne pas paniquer...
Ce n'était qu'une projection involontaire...
Il observa du plus calmement qu'il put l'être ailé qui avait pris son envol depuis un magasin environnant...

Il prit le temps de se calmer.
Cela fut légèrement plus difficile que lorsqu'il avait passé la porte des Résidus.
Mais il y parvint.
"Chimères." fut prononcé par ses lèvres se fendant en un sourire.



La ville n'était plus celle qu'il avait connue.
Des êtres fantasques se mêlaient à des être plus réels, sans guère se préoccuper les uns des autres.

Solveykiel avait mis une seule fois les pieds ici.
Et ce n'était pas de son plein gré.

Mais bon... "Yoendel y est arrivé !"
Ce fut la pensée qui le motiva.
Il n'était ni Yoann, ni Yoendel, mais guère plus qu'un petit enfant chétif avec la force de sa volonté.
"Tout comme Anoki tel qu'il aurait dû être..."

Cependant une phrase lui revint aussi en mémoire : " L'essentiel est invisible pour les yeux."
Il avait entre-aperçut la touffe rousse qui était tapie dans le fourré juste à côté de la porte.
Et il avait compris.
La dualité de ce monde... était une chance extraordinaire.
Car chaque être des mondes en Anoki... avait son dual. Pas son opposé, non...
Son conjugué serait le terme le plus exact.

Et celui du renard bleu devait certainement foncer droit vers le Jardin à l'heure qu'il était.
Solveykiel réfléchit un moment avant d'être sûr.

Son propre conjugué l'attendait... ici... au milieu des Résidus du passé.
Et c'était seulement avec lui que retrouver Yoendel, Yoann et Stiny serait possible.
Car il lui faudrait sans aucun doute, à un moment où à un autre... découper les songes pour reconstruire les rêves...


Il reprit encore (pour la n-ième fois !) sa course.
Passant entre les Chimères, les humains, les séraphins, les pokémons, les tytrutiens, et toutes les formes de vies mécaniques, organiques, végétales ou animales, sans nom ou sans origine, qui apparaissaient ça et là sans aucun sens ni aucun but précis.
Il se trouvaient même des formes de vies totalement incompréhensibles pour le profane : certaines étaient purement mathématiques.
D'autres concrètement littéraires. Les livres prenaient vie.

Solveykiel se retourna lorsqu'un être fait de chair et de vent le salua poliment.
Ses lèvres se fendirent en un sourire, et il répliqua l'une des citations favorites de ce dernier : "Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent ! * "
Il aperçut le sourire sur le visage de son interlocuteur avant que celui-ci ne réplique plus sérieusement : "Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents *: ne l'oublie pas..."
Il répondit alors " Ne vous en faites pas pour moi... je Tracerai ma route ! Et nos vents se recroiseront à nouveau !"

Puis il continua son chemin.

Désormais, les ruines l'entouraient de toutes parts. Sous ce soleil incandescent et avec quelques arbres épars qui avaient pris leur pied sur le lieu... l'endroit aurait pu être très chaleureux... si l'on exceptait l'aura qui s'en dégageait, et que Sol ressentait extraordinairement forte.
C'était en ces lieux qu'il avait changé.
Que son futur avait basculé.
Il passa sous le pont de pierre fermé qui joignait les deux bâtiments.
Et il passa la petite porte qui dans ses souvenirs, servait d'entrée...
Mais tout était en ruine dans ce lieu...
Le sycomore n'était plus... la cabine, comme tout le reste de la petite cour intérieure, était emplie de sable et d'objets épars.

"Revivre le passé..."
Il s'arrêta, et s'assit pour méditer au pied du grand parterre vide anciennement destiné aux fleurs qui était au centre de la cour.
"Main sur le frein du temps"...
"Mais où l'ai-je caché !?"

Il resta bien dix minutes sans bouger.
Lorsqu'il revint à ses esprits, la clé de sa question en main et avec la ferme intention de trouver l'objet qui lui permettrait d'avancer, l'ambiance et l'aura du lieu avaient changé.
Empiré, pour être exact.

L'endroit avait perdu plusieurs éléments importants : sa cohérence et le peu de paix qu'il contenait.
Le ciel était toujours d'un jaune aveuglant sous un soleil violet, mais il y avait de fortes zones de... trous. Des trous dans le ciel, des trous dans les murs et le sol.
Des abîmes aussi étroites que pourtant sans le moindre fond.
Le tout était devenu comme une tapisserie déchirée par des failles donnant sur le néant.
Mais sur quoi cela donnait vraiment...
Solveykiel ne tenait pas trop à y penser, même s'il lui aurait suffit de peu de réflexion pour le savoir...

Un bruit monstrueusement chuintant se fit entendre légèrement sur sa gauche. Il ne put alors retenir le réflexe de faire un saut sur le côté.
Réflexe qui lui sauva la vie.
Une faille venait de s'ouvrir à l'endroit qu'il venait de quitter.


Il avait craint ce phénomène.
Le rejet mêlé à la peur. Dans le monde des détritus, les deux phénomènes existaient bel et bien, alors qu'ils avaient tout fait pour les bannir des mondes et les cloisonner.
Mais dans ce lieu... Aucun M, aucun Solveykiel, aucun Anoki ne pouvait être maître.
La peur du lieu. Le rejet de ce qui fait peur...
Ce monde cherchait à la fois à donner une contenance à cette peur et à ce rejet en le rendant réel...
Tout en tentant du même coup de détruire la raison de cette peur.

"et la raison de cette peur... est ce lieu en lui-même."


"... ah moins que... il ne s'agisse... de ..."


Le chuintement reprit de plus belle.
Sous ses pieds.
Très fort.

Il arriva d'extrême justesse à sauter au moment où la faille s'ouvrait.
Cependant le grondement ne s'arrêta pas durant son saut.

C'est au moment d'atterrir à côté que ses yeux s'écarquillèrent.

D'effroi.

Car il vit à l'instant où ses pieds allaient retrouver leur stabilité... qu'il n'y avait plus de sol là où ils tentaient de se poser.

Une seconde faille s'était ouverte avec un léger retard.

Le "moi !?" auquel il avait pensé resta coincé dans sa gorge et dans ses pensées du même coup.

La chute... inexorable... venait de commencer.



* citations liées à la Horde

Spoiler:

Ah.

Ravi de voir la course reprendre…

Pour finir en chute…

désolé... j'avais besoin de stopper là... plus tard ça aurait fait trop d'énergie dépensée ...
Même si en faisant ça je réalise encore un Cliff sans l'avoir vraiment voulu...

Pas de soucis !

J'ai du faire ça aussi… Sur les précédents chapitres. 8, 9, 10, sont normalement liés.

Chapitres de chutes.


Solveykiel avait le regard braqué sur le vide.
étrangement, il ne sentit rien, ni vent, ni froid, alors que le néant s'étirait sous ses pieds.
Rien d'autre que la peur.
Peur du vide.
Du néant.
De l'inconnu.
De l'échec.
De la mort ?
Peut-être.

Mais... au bout d'un cours instant, très court en réalité et pourtant très long dans ses pensées... il sentit une douleur. Au bras et à l'épaule.
Une tension, pour être exact.
Mais en ce lieu...
Nul n'aurait pu dire au premier abord où était son bras.
C'était comme si... les membres étaient déconnectés les uns des autres et que le ressenti s'émettait par Wi-fi.
Cependant, dans un réflexe purement humain, il leva les yeux vers l'endroit où il devinait que son bras devait se trouver.
Levé en l'air.
Et il vit la faille.
Celle par où il avait chuté.

Il lui fallut un temps psychologiquement assez long pour se reconnecter à la réalité. à Sa réalité.
Son bras le maintenait contre la chute.
Tout seul ?
Non...
Quelqu'un le tenait.
Il mit encore un certain temps à reconnaitre en cette personne son aîné.
Anoki.

"A...brut...ti...!! "
Ce fut le petit choc qui le fit revenir définitivement à la réalité.
"An... qu'est-ce que tu fais là ?!"
Son potentiel sauveur n'avait pas que ça à faire.
"On s'en fout ! Ton autre main, vite !!"

Son autre main... ah... celle là... qui restait à se balancer dans le vide...
Les membres, à la vue de la réalité en dehors de la faille... avaient regagné leur unité. Comme si le cerveau avait compris qu'ils formaient encore un tout cohérent.
Maladroitement, l'enfant tendit la main à celui qui le maintenait.

Les deux mains se frôlèrent, hésitèrent, et finalement se ratèrent.
Dans le sursaut du moment, celle de Solveykiel qu'Anoki avait attrapée glissa.
Doucement...
Puis arriva le moment où...
La chute reprit.

Sol, tourné vers Anoki qui tentait vainement de le rattraper en se penchant dans un ultime réflexe... vit le visage décomposé de ce dernier.
Il sentit le gouffre insondable sous ses pieds.
Où ce gouffre menait-il ?
La question se posa enfin à son esprit.
Et la réponse lui vint tout aussi naturellement

Le Gouffre...
Du Néant... avait un fond.
Ou plutôt ... une sortie.
Mais elle ne faisait plus partie ni du Monde des résidus, ni des mondes de M, ni de la frontière du Jardin, mais... D'encore ailleurs...
Cette sortie n'était pas néant... mais... guère mieux.
Une chose pouvait s'échapper de ce gouffre...
De la chaleur.
Du rayonnement calorifique.
Mais très faible.
Et ainsi... l'entropie augmentait.*

Sol pensa à une foule de chose en même temps.

Le monde des résidus était connecté à ce néant par des micro-trou noirs.
Chacun émettant son propre rayonnement de Hawking.*
En d'autre termes, pour lui qui le savait par nature et instinct mais qui n'y comprenait que ce qui lui avait été vulgarisé...

Le monde des résidus n'était pas totalement causal.
D'où l'apparition et la disparition de chimères, d'être fantasques, sans que l'on puisse prédire leur naissance ou leur anéantissement.
(Mais assez causal tout de même pour assurer une certaine stabilité des lieux.)
Pourtant, il était connecté via la porte à un monde tout à fait causal, celui du Jardin.
Qui faisait office de frontière avec les mondes de M.
Tout aussi causaux.

Il pensait jusque là que la variation était graduelle.
Les mondes causaux d'un côté... une frontière... et les mondes non causaux...
Et voilà qu'au beau milieu d'un monde non-entièrement causal... se trouvait un accès vers un monde Causal qui ne faisait pas partie des mondes de M.
Celui du néant dans lequel il était en train de chuter...

En même temps, il pensa que dans le monde semi-causal des résidus... l'ouverture des failles semblait obéir à une volonté propre, causale elle aussi.
Une vraie Intelligence.
Pourtant, cette intelligence ne provenait ni du monde des Résidus, ni de celui-là...
Une pensée lui traversa l'esprit...
Cette Intelligence devait donc nécessairement se situer à la frontière entre les deux mondes.
Ou... même... être la frontière entre les deux mondes.

Enfin, une dernière idée raisonnée lui traversa l'esprit en même temps que les deux autres : une impression de déjà vu.
Ce lieu devait être un cousin du lieu du Mur, qui avait été dans l'esprit de Bacrima.
LE Vide.
Peut-être celui de M était-il ici.
Dans ce cas... cela laissait peut-être une bonne nouvelle.
Ici, l'on pouvait créer... M l'avait déjà fait.
Rien ne serait perdu.
Enfin... presque.

Le reste des pensées du moment de Solveykiel furent Brouillon, peur, angoisse, curiosité, résignation, tristesse... un peu tout en même temps.
Les deux cerveaux travaillaient de plein pot.

Soudain, dans l'esprit de Sol, une lueur vive jaillit.
Dans celui de Anoki, une touffe de poil roux annonçait enfin son brusque retour.
Avec un objet doré entre les dents.


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Spoiler:

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Le temps étant une étrange variable dans ces mondes, il est difficile de commencer par dire "quelques instants plus tôt" sans que cela ne sonne faux et ne soit faux.
En conséquence, il serait plus avisé de dire "quelques instants relativement plus tôt dans un certain sens de la flèche du temps", mais cela ne résisterait en fait pas à l'analyse et deviendrait donc, en plus d'être encore plus incompréhensible, totalement faux.
Surtout que nul ne prétend savoir s'il y a UNE flèche du temps ou plusieurs.
Solveykiel n'a pour ainsi dire jamais réfléchi à la question.
C'est pourquoi il est difficile de reprendre un flashback en ces lieux, car nul ne peut trancher sur la nature de ce dernier.
Si ça se trouve, le futur d'un monde est le passé d'un autre...
Il est même assez probable que cela soit le cas.

C'est pourquoi mon avis penche en faveur d'un lapin blanc* dont nul ne sait d'où il sort et se contentera de plussoyer les carabiniers d'Offenbach.*
C'est la seule option qui me paraisse un tant soit peu possible.
Enfin... peut-être.

C'est donc pour cela que cette seconde partie commencera par les mots :



Je ne sais pas trop quand, mais en retard, toujours.
Anoki se tourna vivement vers la touffe rousse qui fonçait vers lui.
Il mit un petit temps à se rendre compte de ce que c'était mais un temps plus conséquent à en croire ses yeux.
Qui de toute évidence lui transmettaient les informations attestant la présence inopinée... d'un renard.


Assez jeune renard, en fait.
Bien qu'il ne comprit pas vraiment, il fut heureux de le voir.
Mais il n'osait ni s'en approcher ni le toucher.

Tandis que chacun dévisageait l'autre, une pensée amusante le prit.
"Après celui qui me demande de lui dessiner un mouton, vient le renard. Je nage en pleine fiction." *

Les deux s'observèrent pendant un moment.
Soleils bleus plongés dans les soleils ambres.
Le Renard Bleu et le Renard Roux.

En d'autres termes encore... le Renard et l'Enfant.*

Mais à un moment, le contact fut rompu.
Par le Renard. *(devinez lequel ! :mrgreen: )*
Qui se retourna pour revenir hâtivement à la lisière du Jardin.

Anoki le regarda faire sans trop comprendre.
Jusqu'à ce qu'en lisière du Jardin, il ne se retourne pour l'observer intensément.
Comme une invitation.

Anoki hésita un instant avant de poser son crayon et de se lever, laissant sa feuille à côté de celles de Sol.

Il ne savait pas s'il serait compris ou pas, ni même si cela aurait un sens, mais il affirma clairement : "Ok, je te suis !"

Lorsqu'il fut à mi-chemin de la porte du Jardin, le renard sortit allègrement par des petits trous creusés dans le sol en dessous des haies. Cela lui fut aisé. Puis il alla se placer dix mètre plus loin, dans la direction de la forêt.

Puis, lorsqu'Anoki le rejoignit, il continua à gambader de quelques dizaines de mètres, ne se laissant jamais totalement rattraper.
Une autre forme de course dans la forêt se profila.


Jusqu'à ce que Anoki se retrouve en face... d'un vieux Chêne.
Un très vieux Chêne.
Et autour de lui, des arbres, et rien d'autre.
Là, le renard l'attendait, aux aguets.

"c'est ça que tu voulais que je voie ?"
Pour toute réponse, le renard fonça sur le chêne pour disparaître aussitôt par une interstice à son pied.

Intrigué, Anoki se rapprocha.
Et comprit.
Un terrier.
Son terrier.

Anoki s'accroupit pour regarder à l'intérieur.
Et ne distingua rien d'autre que le bout du museau de son guide touristique.

Ou plutôt, quelque chose l'empêchait de distinguer plus, alors qu'en temps normal ses sens étaient bien meilleurs.
Comme si ce terrier contenait autre chose qu'un renard.

Dans son désarroi, il posa la main sur le sol pour s'appuyer dessus afin de mieux regarder le renard tapi et ce qui se trouvait derrière.

Une vive touffe profita de l'occasion pour jaillir du terrier, lui mordre brusquement la main et la ramener au coeur même du trou dans la terre.

Alors, Anoki se sentit chuter.
Inexorablement.
Mais il ne comprenait pas du tout où ni même comment il chutait.

Mais lorsque, au bout d'un temps qui lui parut très long, il reprit pleine conscience, il se trouvait dans un lieu foncièrement différent.
Faute d'être au pied d'un chêne, il se trouvait au pied d'un monument un tantinet plus grand.
Une ruine.
Avec une grosse horloge dessus, et entourée de vieux bâtiments, en ruines eux aussi.
Un clocher.

Une seule pensée lui vint à l'esprit.
"... Dole ?!"

Mais il ne comprenait pas.
Un soleil violacé dans le ciel.
Une impression de désert.
Du sable, même.
De l'érosion, aussi. Le vent ?
Et... des êtres.
étranges êtres.

Plusieurs pensées se bousculèrent dans sa tête.
Quel monde ?
Pas l'un des siens.
Pourtant les ressemblances étaient frappantes.
Quand ? Aucune idée.
Que sont ce choses, qui sont ces personnes ?
haussement d'épaules mentales.
Et pourquoi suis-je ...?
Où est le renard ?!

Du coin de l'oeil, il s'aperçut que ce dernier déambulait déjà.
"eh ! attend !"
Mais ce dernier poursuivit sa course et s'enfonça dans une ruelle. "Rue d'enfer"

Anoki tenta de le suivre.
Le renard ne l'attendait plus.
Il traversa ainsi à toute vitesse ce qui correspondait à la rue des Arènes, où Anoki n'eut que le temps d'apercevoir une foule innombrable d'êtres tout aussi énigmatiques les uns que les autres. Il en vit même un du coin de l'oeil disparaître d'un coup de vent.
Puis le renard prit un virage en épingle et s'engagea dans une ruelle.
Qu'Anoki ne connaissait que trop bien.
Elle menait tout droit vers...

Un trou apparu dans le ciel à cet instant.
Il en fut choqué.

Un trou béant.
Petit, certes. Mais une tâche dans le paysage.
Dans le monde, en fait.

Puis deux.

Tandis qu'Anoki se rapprochait de l'entrée du lieu, il en vit deux autres se former.
Cela s'accélérait.
Puis il suivit le renard qu'il avait vu avec certitude foncer dans la grande cour... par une entrée qu'il ne connaissait pas. Qui ne datait pas de son époque. Plus récente ? peut-être. Plus ancienne ? peut-être aussi.
Ou peut-être tout simplement propre à ce monde... différent.

Il reconnut la porte qui menait entre les deux cours.
Et il suivit le renard dans la course vers la cour intérieur.

Ses forces commençaient à l'abandonner.
Lorsqu'il l'aperçut.
Le renard avait bondi au dessus d'un être en plein saut, et avait pénétré dans l'ancien accueil. Vers l'arc de pierre.
Quant à l'être, Anoki le reconnut sans aucun doute : c'était Solveykiel.
Il le vit éviter l'un des trous formé sous ses pieds... mais il entendit aussi la formation du second.
Ses sens ne pouvaient pas le tromper là dessus.
Surtout pas l'ouïe.
Et dans un ultime saut désespéré... il tenta de le rattraper.

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* allusions diverses. (entre autre, toujours St Exupéry, ainsi que Lewis Caroll, Offenbach, des cours/infos glanées au hasard, le film "le renard et l'enfant")

Spoiler:

Je ne sais pas trop quand, mais en retard, toujours.
Solveykiel se tourna vivement vers la touffe rousse qui fonçait vers lui.
Il mit un petit temps à se rendre compte de ce que c'était mais un temps plus conséquent à en croire ses yeux.
Qui de toute évidence lui transmettaient les informations attestant la présence inopinée... d'un renard.

Coquille ? C'est pas Anoki, là ? :mrgreen:

J'ai pu comprendre quand même.

Pour une fois, j'ai même compris tout le texte, et pris le temps de le lire ! (Et sans effort pour me retenir, j'ai enfin réussi ! :mrgreen: )

Mais où mène ce trou ?
Qu'est ce que c'est que ce renard roux qui nargue de sa touffe rousse depuis quelques chapitres ?
Que va faire Anoki ?
:mrgreen:

C'était comme si... les membres étaient déconnectés les uns des autres et que le ressenti s'émettait par Wi-fi.

Rayman ?
C'est à cela que ça m'a fait penser ...

Sinon, l'histoire reste égale à elle-même: surprenante, enivrante et mystérieuse. :mrgreen:

Bacrima a écrit:

C'était comme si... les membres étaient déconnectés les uns des autres et que le ressenti s'émettait par Wi-fi.

Rayman ?
C'est à cela que ça m'a fait penser ...

Moi, j'ai remplacé Wi-Fi par « Ondes à courtes portées », en lisant… Comme si il y avait un temps de latence et un protocole de communication lourd et lent à utiliser pour chaque échange avec les membres…

Il lui faut un temps fou pour comprendre ce qui arrive à son bras, quand Anoki arrive.