la quantique des quantiques...

Il détailla l'objet de cristal, frêle et fragile, mais étincelant de beauté... il n'eut aucune souci à y reconnaître un coquelicot. Un si étrange coquelicot... comme... figé dans la glace... comme si c'eut été à l'origine une véritable fleur qui aurait été changée en émeraude et grenat.
Mais ce qui lui paraissait le plus étrange dans la fleur... c'est que ses pétales reluisaient d'une forte énergie intérieure... et que les énergies intérieures avaient leurs signatures propres.
Une signature facilement dé-codable pour quiconque avait l'habitude de ce genre de magie, ce qui aurait du être le cas de Solveykiel, mais celle-ci s'avérait particulièrement complexe. Un mélange de deux signatures. Subtiles. Dont il reconnu entre autre la sienne.
Cela ne se pouvait... il le savait bien...et... qui était celle de l'autre ?
Une chose était certaine, il avait l'intuition que cette fleur était de sa main, et qu'un autre en avait fait un cristal. Mais pourquoi ??

Soudain, dans sa perplexité, il se souvint d'une méthode de reconnaissance des symboles magiques... une ancienne méthode, dont il n'était pas sûre qu'elle fonctionnerait ici... mais il ne perdait rien à essayer...
Il plongea son regard dans la fleur... intensément, avec toute la concentration dont il était capable...puis changea d'idée subitement, préférant plutôt user d'autres sens que celui de son regard.
C'est donc avec la concentration d'un Nez sentant un verre d'un grand cru qu'il inspira profondément pour « sentir » la magie de la fleur et en reconnaître son concepteur...



Lorsque l'Être entra dans la petite chambre, il trouva un enfant qui venait tout juste de tomber de son lit, l'air à la fois hagard et choqué. Pour autant, Il ne fut pas surpris de le voir dans cette position et se contenta de venir à son chevet pour l'aider à se relever prudemment.
L'enfant se laissa aider sans aucune résistance, mais n'eut pas l'air de souffrir le moins du monde des séquelles de son opération... ce qui laissa l'Être assez perplexe quant à la quantité d'énergie que recelait la fleur.

La première chose que l'enfant articula en reprenant ses esprits fut « je sais !! ».
Ce à quoi l'Être répondit par un sourire et commença à s'enquérir de son état.

« Les frontières ont tremblé, cette nuit... » fut son commentaire tandis qu'il posait la main sur le front de l'enfant pour vérifier sa température...
Solveykiel lui jeta un air assez stupéfait, et toujours quelque peu hagard...
« ...a...ah... »
L'enfant fut assez troublé par ce commentaire... mais n'ajouta rien avant un long moment. Les éléments tournaient dans sa tête.
Jusqu'à ce qu'il se fixe sur certains en particulier. Et ce fut la vague.

« ...dites... il est où Anoki ? Et qui est Klev-enfant ? Et pourquoi cette fleur ? Et Tonton ? Et qu'est-ce qui m'est arrivé ? J'ai un peu de mal à m'en souvenir en détail... et Chester, il est où Chester ? Et vous êtes qui ? Et... »

L'Être posa un doigt sur les lèvres de l'enfant pour le stopper dans son flot continuel.

« du calme, mon jeune ami, du calme. Une question à la fois. Calmement. Par laquelle je commence ? »

Solveykiel se tut, légèrement gêné d'avoir été coupé dans son élan, puis se reprit en relevant la tête.

« Bah... euh... où sont Anoki, Tonton et Chester ? »

L'Être lui sourit d'un air condescendant.

« Ils sont chacun dans un lieu différent. Chester est venu apporter ton corps ici, puis a dû repartir dans le monde des Résidus. Avant lui, le Paternel est venu avec ton esprit, et c'est lui qui a contacté Chester, avant d'aller s'occuper de tirer Anoki du Non-monde où il est enfermé. Anoki, quant à lui, a chuté dans un Non-monde, comme je viens de le dire. En ce moment même, il dort. Mais le Paternel tente de le réveiller et Chester de récupérer son corps.  »

Sol fut alarmé par cette nouvelle et se serait levé illico si l'Être en face de lui ne l'avait pas maintenu en place.

« Je DOIS y aller !! »

Il tenta désespérément de changer de dimension, mais quelque chose l'en empéchait.

« Du calme. » l'intima plus fortement l'Être en le maintenant fermement.
« Il t'es impossible d'exercer ton pouvoir ici, et à l'inverse, nul ne peut l'exercer sur toi sans mon bon vouloir. Reste tranquille. Il y a d'autres choses que tu dois savoir avant de partir d'ici. »

Son ton était doux, mais non dénué d'autorité. Une autorité que Solveykiel reconnaissait semblable à celle de...

« Vous êtes qui, vous ?? »

L'Être sourit, et eut un regard vague.

« Vous m'avez oublié. Et particulièrement toi, et c'est normal. Ton accès aux connaissances des mondes est devenue obsolète pour me cerner, puisque même les mondes m'ont oublié... Qui suis-je ? Qui ? Bonne question. Dans un livre que j'ai lu il y a un petit moment, j'ai trouvé ceci : ''Il y a deux réponses : celle du poète et celle du scientifique.'' Ici, c'est pareil. Laquelle souhaites-tu entendre ? »

Sol le dévisagea avec un air d'incompréhension.
« Je n'oublie personne, moi ! Jamais ! Mais... bah... heu... le poète ? »

Nouveau sourire amusé.
« Tu ne pouvais pas faire autrement que m'oublier. De façon générale, ou poétique, je suis le frère de cœur de Yoendel et de sang de ton Paternel. »

L'Être se leva, fit les cents pas dans la pièce, songeur, et se retourna vers Solveykiel pour le dévisager intensément.

« Je lis dans tout ton être que tu brûles de connaître la réponse du scientifique. Mais je ne te la donnerai que si tu es prêt à l'entendre avec les conséquences qu'elle implique sur ta psyché. Je te promets que c'est assez rude à entendre. Es-tu sûr de vouloir cette réponse ? »

Solveykiel acquiesça lentement de la tête, puis resta tout ouïe.

L'Être l'observa encore une fois de façon perçante, avant de prendre son souffle et de répondre :

« D'aucun m'ont un jour nommé par un nom d'un immense pouvoir. Un nom qui regroupe la puissance d'un Dieu, la droiture d'un espace et la vibration d'une note. Ce nom là était : Solveykiel. »

Solveykiel fut en effet choqué d'entendre son propre prénom, mais se ressaisit bien vite. Après tout, cela n'était qu'un prénom... enfin, a priori...

« Vous êtes... moi ?? »

le soit-disant Solveykiel senior eut un rire franc avant de répondre d'un air enjoué :

« Oui... et non ! Ai-je vraiment l'air d'être toi ? »

ce à quoi il ajouta en souriant...

« je ne suis pas vraiment toi, je suis le ...toi tel qu'il était à l'origine. Le toi flou. Aux pouvoirs déjà maîtrisés et connus à l'époque, mais... bref. Je suis le Solveykiel que cherchait Yoendel. Celui qui a engendré son départ, et par avalanche, le départ des parents d'Anoki, puis celui d'Anoki lui-même et donc le tien, celui de Chester et enfin celui du paternel. Sol, petit enfant... ne t'es-tu jamais demandé POURQUOI Yoendel était parti à la recherche de quelqu'un qui portait ton prénom alors qu'il savait délibérément où toi tu étais... ? »

Solveykiel resta coi. Il mit un certain temps à digérer l'information... un autre lui-même, avec des pouvoirs sans doute comme les siens, et... bah... un Avant-lui. Quelqu'un dont l'existence tendrait à prouver qu'il était Né. Un autre Soveykiel... un adulte.
« mais alors... pourquoi moi ? »

L'adulte sourit.

« parce que tu es toi. Et bien que tu sois moi et que je sois censé être toi, tu es bien plus Solveykiel que moi. Tu comprends ? »

L'enfant se tritura les méninges pour tenter de donner un sens à cette phrase, mais n'y parvint pas... et se contenta donc de soutenir le regard de l'adulte d'un air grave.

« Et... ça veut dire que je suis... deux ? »

Rire amusé de la part de ce dernier.
« quel mal y a-t-il à être multiple, tant que tu restes un et entier ? »

Il laissa à l'enfant le temps de digérer cette phrase, avant de poursuivre sur un air amusé.

« tu sais, lorsque l'on t'a ramené à moi, tu n'étais pas vraiment un et entier. Le corps d'un coté, l'esprit de l'autre... tu te rappelles dans quelles conditions Anoki t'a envoyé chercher ses parents ? Non ? Pourtant, il était question pour toi de faire ce qu'il ne pouvait pas faire. Enfin... pas consciemment. La suite a prouvé que le renard a pu l'amener ici, mais... tu avais déjà vocation à évoluer dans de multiples dimensions, petit Sol... un être quantique. Nul ne sait exactement par où sont passés ton corps et ton esprit pour me rejoindre ici... cependant, on pourrait croire que seuls ton corps et ton esprit se sont rejoints ici. »
L'adulte sourit et montra d'un geste de la main l'ensemble de la chambre.
« Pourtant, ce ne sont pas deux parties qui se sont rejointes, mais bien trois. Car je suis ici aussi. Et moi, je ne suis ni ton corps ni ton esprit, petit enfant. Je ne suis que ton passé. Ce n'est pas toi qui m'a rejoint ici. Nous nous sommes rejoints. »

Solveykiel, une fois de plus, resta coi aux propos de son autre lui-même.

L'Être sourit et ajouta d'un air pensif.

« sais-tu où nous sommes ? »

Non vaguement indiqué de la tête.

« Un lieu où deux choses seules ne peuvent pas se réunir. »

Regard de totale incompréhension.
Puis une pensée s’immisça en l'enfant. Une pensée... resurgissant du passé.

« Tytrutif... »

L'adulte sourit d'un air à la fois amusé et fier.

« Non... mais en effet. Pas loin du tout. Personne ne peut se rendre dans le monde tytrutif d'ici. Mais … tu sais bien que toi, moi, nous... maîtrisons l'ensemble des frontières des mondes. Et certaines technologies tytrutives sont extrêmement avancées, bien plus avancées que celles des mondes...tu comprendras donc que j'aie installé mon laboratoire à la limite de ces mondes. Ce qui me permet d'y puiser sans pour autant être capable d'y mettre le pieds. »


Solveykiel-enfant se tut un long moment, et son adulte le laissa méditer tranquillement. Enfin, au bout d'un temps indéterminé, l'enfant releva à nouveau la tête.

« admettons. Tu es le moi du passé. Le moi qui fut. C'est amusant, et j'aurais plein de questions à te poser à ce sujet. Entre autre j'aimerais bien savoir si le moi du passé savait dessiner un mouton, mais... j'ai plus urgent. Que m'est-il arrivé ? Je me rappelle juste d'une immense douleur au cœur... puis plus rien. Et avant, rien non plus... mon dernier souvenir remonte à ce que j'ai fait avec Anoki dans son esprit... tu es le moi du passé, tu sais ce qui m'est arrivé, non ? »

Regard grave.
« Tu as voulu empêcher Anoki de se rendre dans le monde où se trouvait Inkoherenz. Tu as commis la grave erreur de ne pas l'avoir prévenu de jusqu'à quel point tu avais connecté son esprit aux autres dimensions du monde des Résidus... conséquence, tu n'as pas réussi à temps, cependant tu as pu empêcher Anoki de se retrouver avec toi face à Inko. Tu l'as renvoyé d'un geste désespéré vers les dimensions où évoluaient Chester et le Paternel. Ensuite, tu t'es retrouvé avec juste ton esprit face à Inko. Et tu connais les capacités de ce dernier. Il a tenté de te modifier en profondeur. De détruire ta cohérence. S'il l'avait fait, tu vois la structure lisse et claire des frontières entre les mondes, ces même frontières dont tu es le gardien ? Eh bien, si tu ne t'es jamais posé la question, sache qu'elles auraient volé comme du verre, après s'être hérissées de pics et de brisures. Et les mondes se seraient interpénétrés, causant comme tu le sais déjà après toutes ces années d'observation le chamboulement des lois internes et pas mal de grabuge jusqu'à un nouvel état d'équilibre. État qui aurait eu de fortes chances de se passer de l'espèce humaine. Mais le Paternel est arrivé à temps, comme son instinct l'y poussait. Comme je te l'ai dit auparavant, il a ramené ton esprit ici. Pendant ce temps, Chester avait récupéré ton corps et Anoki pour qui c'était trop intense s'est précipité dans ce qu'il croyait être un lieu à l'abri. »

« … et ? Que lui est-il arrivé ? » demanda l'enfant sur un ton inquiet. « pourquoi un non monde ?? »

Regard vague du narrateur en face de lui.
« Tu ne connais pas encore les subtilités des Non-mondes autour de toi... il n'est en fait pas tombé dans un seul mais bien dans un symbiote de deux non-mondes. Et l'un des deux renvoyait de manière entropique les souvenirs cristallisés par l'autre... un souvenir qui ne manquera pas de te frapper, je pense... »

Solveykiel-adulte s'approcha d'un petit tiroir dont il sortit un petit appareil que Solveykiel reconnut aussitôt avec un air ébahi. La Montre.

L'autre vit son air choqué et sourit.

« oui, j'ai oublié le plus important... Le Paternel a un très fort instinct uniquement en ce qui te concerne, mais quelqu'un d'autre que l'on a tendance aussi à oublier a un instinct hors pair, et bien plus général. Ce renard Roux est extrêmement perspicace dans son instinct.,, Il savait que tu cherchais la montre, et l'avait récupéré à ta place... tu la lui a laissé, et il me l'a rapportée... et tu sais bien qu'elle recèle bien d'autres pouvoirs que celui de stopper le temps. »

Il appuya sur un des boutons, et tritura l'objet jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il souhaite.
La lumière s'éteint alors d'un coup dans la pièce, et une image d'une surprenante clarté s'éleva comme un hologramme dans la pièce. Un visage, en feu d'artifices... cheveux ondulants... et qui regardait Solveykiel-enfant fixement du regard, avec un air mélancolique.
Ce dernier fut secoué par ce visage.

« ..Comment est-ce possible ? »

La lumière se ralluma.

« tu sais maintenant ce qui a fait tombé Anoki dans le Non-monde. Lui aussi n'a pas compris. Sauf que, contrairement à lui, tu sais la vérité. Ce visage ne réapparaîtra plus jamais réellement en ces lieux. Pas ailleurs qu'en image dans le Mausolée des Temps Achevés. Anoki, lui, n'a eu que de vagues souvenirs de ce passé. La vérité lui manque sur le sujet. Cette bribe de souvenir cristallisé a refait surface, et il s'y est accroché comme à une bouée de sauvetage dans sa souffrance. Il entretenait peut-être même l'espoir de retrouver de cette façon ses parents... »

L'adulte soupira.

« Et voilà comment le Prince des Mondes s'est retrouvé, endormi et seul, avec tous ces mondes se chamboulant en lui, au milieu d'un monde vide et désagrégeant ses souvenirs tout en en cristallisant certains... et, dans toute cette histoire, une chose m'inquiète... »

L'enfant termina sa phrase à sa place, pensant comprendre où il souhaitait en venir.

« … on ne peut plus accéder aux mondes, c'est ça ? Depuis un trou point, les connexions sont coupées, non ? »

L'adulte eut un regard étrange.

« Oui et non... tu sembles avoir déjà étudié certains non-mondes, à ce que je vois... mais... oui, dans l'ensemble. On ne peut plus rentrer en aucun monde. Les frontières sont closes. Sauf qu'il y a toujours moyen d'entrer en contact avec, et c'est bien ce que tente de faire le Paternel depuis l'Espace des phases. Non, le souci est ailleurs... »

Solveykiel-enfant haussa les sourcils  en entendant le mot « Espace des phases ».
« qu'est ce que c'est ? »

« Un espace plus large que les mondes, non mondes et monde des résidus, qui regroupe l'ensemble des données de localisation et de vitesse des objets qui s'y trouvent. Dans ce lieu, en ce moment même, un avatar de toi se tient à proximité d'un autre moi, et à vitesse nulle, donc immobile dans toutes les directions. Et de même, un avatar d'Anoki dort dans un point centré, immobile, n'ayant ni vitesse dans ce monde vide ni autre localisation possible que le centre du Non-monde. C'est par ce biais que le Paternel tente de communiquer avec lui. En revanche, dans son monde, le renard roux change à la fois de lieu et de vitesse, donc son avatar dans l'espace des phases suit la courbe constituée par l'ensemble de ses impulsions à un point donné de l'espace. Mais tu chercheras ces subtilités toi même, j'ai encore pas mal d'infos à te donner. Je disais, le souci avec Anoki, outre le fait qu'il soit dans un non-monde, enfermé et voué à une certaine forme de destruction, c'est qu'il n'y avait aucune chance que ce symbiote de non-mondes créateur de feux d'artifices à partir de souvenirs ne conserve un souvenir aussi ancien … il aurait déjà du l'avoir détruit depuis longtemps... »

Solveykiel-enfant le détailla d'un regard surpris...

« Ce souvenir aurait été...inséré ? »

La proposition, en soi, le choquait. Un souvenir... s'il y a bien une chose que Solveykiel avait du mal à comprendre, c'était comment se formaient les souvenirs... mais... l'idée que quelque chose ou quelqu'un ait inséré un souvenir pour... pour quoi ?

L'adulte le regarda d'un air attristé.

« Tu te trompes de personne, je crois... Ni Inko, ni Inex ne sont capables d'une telle prouesse. »

« … Ou...Oubli ? Le dernier système de contrôle du monde des résidus, et accessoirement sa dernière protection avant le fait de lancer les choses cohérentes dans les Mondes ? »

Solveykiel-adulte maintint son air attristé.

« tu penses qu'Oubli aurait pu faire justement resurgir un souvenir Oublié du passé, dans le seul but d'amener Anoki à chuter dedans ? C'est une hypothèse qui me paraît plausible... néanmoins... »

Solveykiel se leva d'un bond, et se mit à tourner en rond, d'un air affolé, faute de pouvoir sortir de cette pièce tant qu'il n'aurait pas fini d’emmagasiner les informations qu'il devait retrouver...

« Néanmoins, continua l'adulte, je sais ce dont Oubli est capable. Ce n'est pas pour rien que vous m'aviez oublié, vous autres... Oubli est puissant. J'ai du me battre pour qu'il ne me détruise pas. Et pour qu'il ne détruise ni Yoendel, ni les autres... je cerne un tout petit peu son moyen d'action. Il ne fait aucun doute qu'il est dans le coup. Sauf que, petit enfant, il est important que tu notes que s'il peut à loisir utiliser un souvenir qui nous a échappé, il ne pouvait pas avoir autant d'effet que ce qu'il a eu sur Anoki. Et c'est pour ça que j'ai envoyé Chester sur place. Le Pat ne peut pas contrer les effets de l'Oubli si l'Oubli n'est pas seul. »

« ...qui ? »
Regard encore plus affolé.

« … le seul qui aurait un effet sur Anoki et que l'Oubli ne phagocytera pas puisqu'il pourrait s'avérer être à la fois son meilleurs allié et son pire ennemi. Celui qui arrive à la fois à donner aux gens l'envie d'oublier... mais les en empêche, parfois... »

l'adulte esquissa un geste, et une image apparut sur le mur, représentant un vieillard assez mélancolique et se tenant de façon voûtée, meurtri par les âges... et par... autre chose...

« Connais-tu cette personne ? »

Solveykiel-enfant eut un air effaré...

« Je sais qui c'est... enfin, je crois... l'être engendré durant ces longues années de souffrance... celui qui a construit les fondations du monde du phare... mais je n'ai jamais vu son nom... ce qu'il est... »

« eh bien, en effet, je te présente le concepteur de certaines fondations du monde du phare, et aussi un génial inventeur à ses heures. Pour autant, son vécu l'a chamboulé au point de modifier son nom et son essence, jusqu'à ce que plus personne ne connaisse ne serait-ce que son origine qui est tombée aux mains de l'Oubli... cependant, son nom actuel, bien qu'inconnu de façon exacte, pourra faire trembler bien des gens des mondes. Il n'a aucun pouvoir sur les vecteurs sans passé, mais son pouvoir sur les êtres stables est immense. Ici, d'aucun, faute de son nom, le nomment par ce qu'il est devenu… Regrets. »

Pour Solveykiel, c'en était trop. Trop d'informations d'un seul coup, trop à digérer...
Un autre lui resurgissant d'un sombre passé, les méfaits d'Inko et d'Inex et la mise en place des systèmes de sécurité du monde des Résidus alors qu'ils auraient du rester inactivés, Anoki dans un non-monde se consumant d'heures en heures, une chambre à la frontière du monde tytrutif qu'il ne connaissait que trop peu, l'Oubli de la partie avec sa façon vicieuse de s'immiscer sans qu'on ne le remarque, certaines capacités de la montre qu'il avait pressenties mais qui le dépassaient, un soit-disant Espace des phases dont il ignorait l'existence jusque là, un visage du passé qui le choquait car il n'aurait pas dû être là, et enfin, un nouvel adversaire : Regrets.

L'enfant se rassit d'un coup avec un air survolté et se prit la tête dans les mains, tiraillé.

« D'autres nouvelles ?? »

L'adulte le toisa en soupesant sa capacité à accueillir d'autres nouveautés pour l'instant, et acheva sa réponse.

« deux. Voire trois. D'un, une anomalie qui a fait son apparition dans l'ensemble des espaces et dont j'ignore la nature. Rien d'urgent, on dirait, mais j'étudierai comment ça se propage en temps utile. De deux, une chose que je dois te dire : Vous vous trompez. Inutile de chercher Yoendel et les Parents d'Anoki, c'est moi qui les ramènerai. Cependant, il est urgent que tu remettes la main sur ton épée. Faëdyal t'attend depuis un bon petit moment. Tu en auras besoin. Et de trois... puisqu'on parle de cette épée, il serait temps que la mémoire de son passé te revienne, et par la même, je propose de répondre à l'une des questions que tu m'as posées au début et qui, si je ne m'abuse, est liée au fait que tu sois tombé par terre lorsque je suis entré. »

Solveykiel le regarda sans comprendre.

« la question étant, qui est Klev-enfant ? »

Solveykiel-adulte prit une grande inspiration avant de nuancer son propos.

« ...ou... plutôt, qui Sera Klev-enfant ?»

La suite de la discussion tourna justement autour du thème de la fleur de coquelicot, et de la signature magique qui l'accompagnait.

Tandis que les deux Solveykiel échangeaient leurs données, Inex observait tranquillement depuis un promontoire les tentatives de plus en plus désespérées du Chat d'ouvrir une brèche vers le Non-monde qui les intéressait, en s'amusant de plus en plus. Ce lieu devenait décidément de plus en plus chaotique, et ce n'était pas pour lui déplaire.
En plus, le Maître qui se trouvait 8 mètres en dessous de lui s'acharnait à essayer des techniques ultra-sophistiquées qui en impressionnaient plus d'un, et qu'Inex prit plaisir à détailler, observant qu'il s'agissait d'un mélange entre des applications de loi cohérentes des mondes d'en haut, et des manipulations instinctives des lois du Monde des Résidus. Plus il s'échinait, plus Inex en apprenait sur la manière fascinante dont les Mondes s'étaient organisés à partir du chaos des Résidus. Pas mal de hasard, et quelques vecteurs causaux, une fois réunis en une poubelle organisée, pouvaient faire de grandes choses.
Cependant, dans son respect, Inex n'oubliait nullement sa hantise de ces phénomènes incontrôlables. Son admiration était semblable à celle que l'on pouvait avoir pour une plante vénéneuse d'une grande beauté.
C'est pourquoi il n'attendit pas plus et se matérialisa complètement, puis atterrit silencieusement 50 centimètres derrière l'hybride.
Lorsqu'il leva le bras pour frapper silencieusement, une douleur cuisante lui prit.

Lorsque Chester, ayant capté une présence, se retourna, Inex avait déjà disparu.



Ce dernier se matérialisa à nouveau loin, très loin de l'endroit où se trouvait le Chat.
Il chuta sur le sol, tenant son bras, sentant la douleur lancinante partir de la main pour se propager dans tout le corps.
Il tenta de se dématérialiser, pensant que ce problème avait un lien avec son corps.
Sans corps, tout serait résolu.

Il ne parvint pas à endiguer la douleur. Pire encore, sans son corps, elle devenait diffuse beaucoup plus rapidement qu'avec.
Il se rematérialisa à grand peine.
La douleur ne s'en allait pas.

Il chuta lourdement sur le sol, maintenant sa main qui lui brûlait fermement.
Elle était glaciale.
Et le phénomène se propageait.


Lorsqu'Inex ne fut plus que douleur brûlante dans un corps froid et glacé, sa perception du monde s'altéra jusqu'à ne plus être que néant.
Et jusqu'au bout il ne comprit pas.

…
(Non mais je saurais pas quoi dire.)
(Ah si. La suite ?!)

Chester resta un moment retourné, alerte, ayant bien pressenti une présence qui l'observait, mais il ne perçut rien. Rien de plus que l'impression vive et fugace d'un léger coup de vent froid, comme si quelqu'un avait ouvert un portail derrière lui menant vers l'un des nombreux pôles lointains pour le refermer aussitôt.
Il retourna donc à sa besogne, restant tout de même à l’affût du moindre bruit et sur la défensive.

Ses essais étaient pour le moins infructueux. Il en venait à se demander ce qui se passait à l'intérieur du non-monde pour en arriver là. Aucun Non-monde ne pouvait être aussi clos que ne l'était ce dernier.
Abandonnant après une dernière tentative, il mis la main à son oreille et prit contact avec le Paternel pour l'invoquer.
« Hello, l'adulte, j'aurais besoin d'un peu d'aide pour forcer la porte ! Tu pourrais me dire ce qui bloque derrière ? »
Il ne reçut aucune réponse et patienta donc d'un air assez amusé, attendant que l'on daigne s'occuper de son cas. En attendant, il s'installa sur le pan de mur qu'il avait en face de lui, et observa tranquillement le lieu où il se trouvait, détaillant chaque recoin du regard.
En face de lui se trouvait la ruine d'un imposant bâtiment, fait de pierres sombres et magnifiques. Un lieu dont il se souvenait de la prestance passée, un lieu qui lui était plus que familier. Un lieu empli de souvenirs. Mais ce lieu avait été ravagé par la folie d'un homme et achevé par le temps.
De sombres nuages s'échappaient du beffroi, signes d'une ancienne magie encore à l’œuvre dans cette tour désolée. Pas âme qui vive depuis longtemps. Seul lui avait survécu au cataclysme, de toute façon.
Songeur, il parcouru la centaine de mètres qui le séparaient du beffroi, passant sous une voûte soutenant un pont de silex finement ouvragé mais désormais parcouru par d'énormes crevasses.
Tout cela repartirait au néant. C'en eut été presque nostalgique s'il n'avait pas trouvé le fait amusant.
Lorsqu'il atteignit le pied du Beffroi, il l'observa un petit moment avant de poser la main dessus. Le lieu resplendit d'une lumière interne, retrouvant l'espace d'un instant sa majesté d'antan.
Une vive aura s'envola vers le ciel dans un nuage vert.
Puis il redevint ruine.

Et le Chat se retourna vers le mur du portail vers les Non-mondes. Il eut la courte surprise de voir Solveykiel-enfant, enfin un et entier, qui venait de sortir par un portail violacé qui disparut derrière lui. Ce fut un soulagement intense.
L'enfant entama une course vers lui, mais s'arrêta au bout de quelques pas, levant la tête.
« Il fait froid ici... c'est...ça... c'est drôle, non ? »

Chester eut un regard amusé.
« On est dans un monde en pleine disparition. C'est normal. »

L'enfant eut un air intrigué en regardant tout autour de lui, choqué par certains détails montrant la décomposition en cours.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est tout bizarre ! »

Nouveau regard amusé.

« Ah... tu as oublié tes cours d'histoire. Je te présente donc à nouveau la plus fameuse ville qui ait jamais été créée dans les mondes. Voici Sylnadril. »

Solveykiel ouvrit de grands yeux.

« Sylnadril ?? Mais je la croyais perdue ! »

« Elle l'est. Mais pas au sens où personne ne sait où elle se trouve. Elle est perdue au sens où les actes commis par son concepteur ont mené à sa destruction. Ce sont ses ruines qui ici retournent à l'Oubli. »

L'intérêt de l'enfant redoubla pour le lieu.

« Dis, Chester, c'est vrai ce qu'on raconte sur le concepteur de la ville ? Il a vraiment voulu maîtriser les éléments au point de détruire certaines des règles les plus fondamentales ? »

Le Chat sourit et retourna vers le mur du portail désormais clos.

« Il était le plus grand de tous les Maîtres. Il en avait la capacité. Mais cela l'a détruit, et sa ville avec. Amusant comme le pouvoir va souvent de pair avec la folie... »
Le Chat resta songeur.

« Dommage. J'ai pourtant appris pas mal de cet homme. Notamment comment on pouvait sur la théorie tordre une dimension entière pour l'enrouler en spirale et l'enfermer dans un objet pas plus gros qu'une paume de main. »

Il se remit à réfléchir devant le mur de pierre servant de portail, s'accroupissant par moment pour observer des choses que lui-seul pouvait distinguer.

Solveykiel continua à observer le lieu avec un regard intrigué, puis une idée lui vint à l'esprit. Il mit la main dans sa poche et sortit la petite montre à gousset dorée, puis il revint vers Chester.

« tu parles de cet objet là ? »

Chester tourna la tête, reconnut la montre et prit un air à la fois étonné et amusé.

« c'est donc toi qui l'a récupérée... oui. J'ai en effet travaillé à la confection de cet objet. Amusant, non ? »

Puis il se remit à la tâche.
« Dis », demanda-t-il en continuant de palper le mur, « tu saurais comment ouvrir un portail vers le non-monde où se trouve notre renard ? »

Solveykiel eut un grand sourire.
« c'est facile ! Si je trouve mon épée, je pourrai le faire sans problème ! »

Chester le regarda d'un air intrigué.
« ...elle est où ? »

L'enfant continua d'un air enjoué.
« Bah, à l'abri dans le...le... »

Son contentement laissa place à du désarroi.

« … dans le phare... dans le monde qui est avec Anoki... »

Chester fut un peu dépité puis partit d'un grand rire.
« Je vois. Amusant. Elle est donc inutile. Et donc, une autre idée ? Tu sais pourquoi ça bloque ? »

L'enfant eut un vague sourire.
« Parce que tu as probablement face à toi deux personnes qui bloquent la porte. »

Chester haussa un sourcil mais ne dit rien.

« qui est le second ? » fut sa seule question après un instant de réflexion.

« Regrets. »

Le Chat parut décontenancé.

« Ah. » fut sa seule réponse.

Il modifia légèrement sa posture et changea son rythme respiratoire. Regret serait une autre affaire. Aux côté d'Oubli, il faudrait craindre une lutte extrêmement serrée.
« Au moins je sais maintenant comment ouvrir le portail. »

Solveykiel s'approcha de lui et lui tendit un cheveu. Il venait de le sectionner.
« ça suffira ? »

Le félin sourit et acquiesça.

Lorsque dans un fracas, le portail s'ouvrit, Chester se releva vivement suite aux tremblements engendrés. Sol sur ses talons, ils franchirent la paroi noire mais légèrement translucide.

…

*intérêt intense*

(t'as posté en double ou j'ai un bug ?)

Yoendel a écrit:(t'as posté en double ou j'ai un bug ?)

J'avais bien posté en double. Erreur de raccourci clavier lors du chargement.

Le spectacle qui s'étalait sous leurs yeux était plus que choquant.

Le non-monde dans lequel ils venaient de pénétrer était entièrement sombre, ce qui était en soit normal pour un non-monde. Cependant, au cœur se trouvait un minuscule cocon relié par des centaines de cordons ombilicaux en provenance de nulle part.
Mouvant. Flottant.
Le tout dans un silence de mort.

Au centre du cocon se trouvait celui qu'ils venaient sauver.


Chester se plaça immédiatement entre Solveykiel et le lieu, les oreilles relevées et le poil hérissé, conservant pour autant son habituel sourire amusé. Ce lieu n'était plus un non-monde à proprement parler. Il était … altéré. Totalement. Une place forte.
Il s'attendait à une attaque à tout moment, aussi se hâta-t-il de repérer toute présence autre et d'empêcher Solveykiel de se ruer sur le cocon central.
D'autant que pour rejoindre le cocon, il faudrait quitter le pas du portail et par la même occasion... flotter.

« Reste en arrière. Ils nous attendent. »

Tandis que le Chat restait à l’affût, Sol observait de loin l'enfant-renard dans son cocon liquide. Il tressaillait par moments, signe qu'il était encore en vie ;
Cependant, cela ne suffit pas à le rassurer totalement.

« mais où sont Oubli et Regrets ? »

Solveykiel avait posé à voix haute la question que Chester pensait tout bas.
Car il ne sentait la présence d'aucun des deux. Ou plutôt, était incapable de se rappeler de l'odeur caractéristique de chacun des deux ni même de la distinguer en ce lieu.

« fichu pouvoir d'Oubli ! »

Solveykiel eut un regard affligé. « le lieu était joli à l'origine... dommage qu'il ait été perverti. »
Il ne lâcha pas pour autant Anoki des yeux. Un drôle d'Anoki, d'ailleurs. Un enfant plus jeune que lui.

Entre Sol et Chester se dessina une ombre brumeuse qui prit doucement forme. Un nuage dont la couleur était impossible à repérer, surtout dans ce lieu sombre.

Alors que Chester ne remarquait rien, Solveykiel se retourna juste à temps pour étouffer un cri.
Chester évita de justesse une lame qui passa à l'endroit où se trouvait son cou une fraction de seconde auparavant.
L'être de brume avait déjà disparu.

Solveykiel, dans sa frayeur, avait effectué un pas sur le côté qui le mena à se retrouver flottant dans le vide. Il ne fut pour autant pas décontenancé et en profita pour filer directement vers le cocon, en usant de ses mains pour former une arcane qui, pointée vers le bas, lui servait de propulseur. Un petit tour de passe-passe que Chester lui avait enseigné.

Ce dernier venait de disparaître à son tour, comme il en avait l'habitude. Visuellement de façon similaire à Oubli, mais sur le principe, différemment. La méthode de Chester nécessitait du temps pour changer de lieu. Un temps infime, mais existant. Et Oubli n'avait pas forcément besoin de réapparaître quelque part, même sous une forme invisible. Chester si.
Chester poursuivit Oubli comme il pouvait, sans cesser de garder un œil inquiet sur Solveykiel.

Ce dernier, s'étant approché suffisamment du cocon, se mit à percevoir quelque chose qui leur était dissimulé de loin. Ou plutôt quelqu'un. Ce dernier flottait à quelques centimètres du cocon, et avait apposé ses mains contre, avec une douceur infinie qui donnait d'autant plus de charme à la scène que le personnage pleurait doucement.
En affichant une immense détresse.

« Regrets. »

L'être releva la tête lorsque son nom fut prononcé.
« Je... suis... désolé. »


Puis il leva l'une de ses mains en direction de Solveykiel qui dans un réflexe mit les siennes devant le visage pour se protéger, cessant du même coup de se propulser.

Il y eut un immense choc.
Un pic de glace sortit violemment de la main tendue de Regrets et s'arrêta après avoir fait trois mètres en direction de Solveykiel.

« Je...Suis... désolé. »

Puis Regrets s'effondra sur le cocon.

Le pic de glace qui semblait provenir de sa main se rétracta et retourna au néant dont il provenait en réalité, laissant la main de Regrets transpercée et glacée.
Solveykiel articula à grand peine.
« la créature de la frontière... »

Il ne put réprimer un sourire. La créature de la frontière venait de le sauver.
Cependant son sourire s'étrangla lorsqu'il vit ce qui arrivait au cocon.

L'être venait de se cristalliser avant de rentrer en contact avec le cocon... qui commençait à faire de même.
Soudain affolé, Solveykiel se rua sur le cocon en utilisant à nouveau ses mains pour se propulser.
Il atterrit tant bien que mal sur la paroi bleu-translucide et tenta désespérément d'y plonger les mains pour en extraire l'enfant-renard. Cependant il ne put pas y faire pénétrer la main et commença à cogner à la surface d'un air assez désespéré, tandis que la glace se rependait déjà sur tout le haut du cocon.


Il y eut un éclair de métal.
Instantanément, tous les liens qui retenaient le Cocon bleuté lâchèrent d'un seul et même mouvement. Chacun d'eux se détendit et retourna à l'infini d'où ils provenaient.

Second éclair.
La partie haute du cocon, qui était en contact avec Regrets désormais immobilisé et gelé, fut tranchée nette sans toucher à un seul cheveu de l'enfant-renard. Solveykiel n'eut pas le temps de réagir qu'un choc le prit au ventre.
Quelqu'un venait de l'attraper d'un seul coup, le tenant contre lui d'une main.
Solveykiel n'eut que le temps d'apercevoir l'épée qui se trouvait dans l'autre main de celui qui le tenait. Une épée qui pouvait se dédoubler. Un compas.

Une vive lueur, et Sol se retrouva de l'autre côté du portail, dans Sylnadril, tenu fermement par le Paternel.

Solveykiel mit quelques instants pour reprendre ses esprits.
Instants durant lesquels Chester déboula violemment, tenant dans ses bras un Anoki endormi, tout humide à cause du cocon liquide, et visiblement toujours aussi anormalement jeune.

Le Paternel posa Sol a terre, et s'approcha de Chester.
« Amène-le immédiatement au Solveykiel adulte. S'il ne peut rien faire pour parer ce maléfice, nul ne le pourra. »

Chester ne discuta pas et fit un geste pour assurer sa prise sur l'enfant, avec un sourire à la fois amusé et de défi, juste pour la forme. Car s'il comptait bien se plier à l'injonction, il était hors de question que le Paternel prenne l'habitude de lui donner des ordres.

Pendant ce temps, Solveykiel s'approcha du portail. Ce dernier tressaillait étrangement en se rétractant peu à peu depuis les bords jusqu'au centre.
Sol tendit la main en avant, hésitant.

Le Paternel tressauta en se tournant vers lui. Son ton fut impérieux.
« N'approche pas ! »

Solveykiel commença une phrase qui se perdit.
« Mais je voulais remercier l'être-frontiè... »
De la zone noire légèrement translucide formant un ovale de quelques dizaines centimètres de haut et de large jaillit un pic. Le même que celui qui avait transpercé Regrets.
Tout se passa en un instant.

Il atteignit vivement Solveykiel en moins d'un dixième de seconde, s'arrêta brusquement, comme hésitant et vérifiant qui se trouvait devant lui.
Puis le pic de métal-glacé (ou de glace-métallisée) se courba au bout pour former une spirale qui fondit sur la main tendue de Sol, s'en saisit, et le tira d'un seul coup vers le portail.

Lorsque les réflexes du Paternel se lancèrent, sous le sourire étranglé du Chat qui avait laissé place à un regard choqué et horrifié, le portail avait déjà disparu.

Et Solveykiel avec.