Intranisation : Chapitre 3: Lune

Ils tombèrent sur un sol. Celui ci était légèrement herbeux. Il semblait faire nuit. La pale lueur d'une lune éclairait ce qui ressemblait a une forêt.

A gémit. "Ou sommes nous?"

M ne répondit pas. Il regardait quelque chose de sombre, en face de lui. La chose était un chat. Un chat noir, qui les fixait d'un regard vert pénétrant, assis tranquillement sur la racine d'un arbre, en travers d'un chemin. Il semblait émaner de lui une puissance impressionnante.

"Bienvenue chez moi", dit une voix féminine, qui semblait flotter autour d'eux.

A et M, essoufflés du fait de l'attaque de Xenodarkus, se demandèrent qui avait parlé. La voix avait semblé résonner dans leur crane comme si il avait s'agit de télépathie. Ils se regardèrent, éberlués.

« C'est le chat qui... ? » s’interrogea A.

« Exact », lui répondit la même voix, dans un écho.

A se demanda pourquoi ils étaient essoufflés, puisqu’ils étaient dans un monde imaginaire.

« Ce serait plutôt une chatte... Si elle parle ainsi », remarqua M, extirpant A de ses pensées.

La même voix féminine reprit : « Je crois bien. » La chatte se lécha la patte. Elle fixait intensément M, plongeant au plus profond de ses yeux, comme pour nager dans les tréfonds de son âme. M trouvait soudainement que le monde prenait de la lourdeur. Une sorte de torpeur l’envahissait doucement, un peu comme le sommeil, qui ne demandait que de sa cible qu'elle se laisse aller pour l'emmener avec lui dans des rêves emplies de visions tordues.

Le chat tourna la tête vers le second invité, brisant d'un coup sec la paralysie qui gagnait M. A demanda au félin :

« Quel est ton nom ? »

« On m'appelait Flucke. », répondit l’intéressée.

« Et... Qui est tu, ici ? »,

« Je suis le destin perdu. » Les yeux verts de la chatte noire le fixaient.

« ...Mais encore... ? » insista A, curieux.

« Je ne suis que le reflet d'une âme. », indiqua la voix résonnante.

A sembla songeur quelques secondes. « Nous étions dans l'Intramonde... Pourrait tu nous y ramener ? »

« Je crains que cela ne soit impossible », dit elle, en tournant sa tête en direction de la lune.

« Tu ne peux pas ouvrir de portails ? »

« Je le peux. »

« Alors, pourquoi ne pas nous y remmener? »

« Je ne vais pas dans l'Intarmonde », fixa t-elle, d'une voix douce, en regardant a nouveau A.

« Nous allons rester coincés ici ? » Demanda M, soudainement revenu a lui.

« Tout dépend de ce que vous entendez par « ici ». »

« Cette forêt, par exemple ? », dit A, écartant les bras pour l'englober, avec un peu d’appréhension concernant la réponse.

La chatte prit son temps pour répondre : « Je peux vous emmener ou vous le souhaitez. »

« Ou on veut ? » s’interrogea M a voix haute.

A compléta : « C'est a dire qu'on ne sait pas vraiment grand chose de l'Intramonde... Je crois. »

« Alors, laissez moi donc vous guider »

« Nous guider où ? » Demanda M.

« Ça dépend... De vous. »

Elle fit une pause.

« L'Intramonde est grand ; mais il lui manque encore un peu de contenu. »

Ses yeux brillèrent. L'air vibra, alors que les feuilles des arbres s'agitaient avec vigueur.

« Que décidez vous ? »

Un portail de taille praticable s'ouvrit, auréolé d'une lumière blanche qui augmentait en intensité de manière progressive.

« Nous te suivons... » dit M. A opina.

La chatte noire traversa le portail. M et A firent de même, non sans hésiter. S'être fait attaquer par Xenodarkus les avait pour le moins déstabilisés. Ils prirent une grande inspiration, et passèrent.

Ils se retrouvèrent dans un monde ou il n'y avait que des collines herbeuses, ensoleillées, sans arbres, et, à tout de même une certaine distance, de multiples temples abandonnés, qui avaient l'air, dans la plupart des cas, bien conservés malgré leur age apparent.

« Ou sommes nous ? » demanda A, curieux.

« Je ne crois pas que cet endroit ai eu un nom. », dit le félin, alors que le portail se refermait.

« Il y a un moyen de revenir a l'Intramonde, depuis ici ? », continua M.

« Je ne pense pas. »

« Tant qu'a faire... Autant visiter ? » Dit A, après un court silence, et avec un grand sourire, en interrogeant M.

« Je ne pense pas que c'est très raisonnable... » répondit celui ci. « Peut être pourrons nous trouver quelque chose ou quelqu'un qui puisse nous ramener a l'Intramonde... En continuant a voyager. »

« Bon... Heu... Flucke ? » interpella A.

« Oui ? », résonna la voix.

« Peux tu nous faire partir ailleurs ?  »

« Je le peux. »

Ses yeux s’illuminèrent a nouveau, et un autre portail s'ouvrit alors que l'herbe s'agitait dans tout les sens.


C ne quittait quasiment plus des yeux l’électrocardiogramme de B sauf pour regarder si il celui ci allait bien directement. C s'inquiétait. Il ne s'attendait pas a ce que cela soit si difficile pour l’hôte...

L'hôte en question avait ses mains crispées sur le cuir du fauteuil. Ses ondes électroencéphalographiques atteignaient quasiment le plafond. Elles montaient en pic, puis redescendaient lentement... Pour remonter a nouveau, cela une dizaine de fois par minute.

« A ce rythme, il va finir par se tuer ! » gémit C.


Ils étaient cette fois dans un monde uniquement formés de cubes de métal bleu foncés de la taille d'un nain, qui formaient une sorte de structure qui semblait s'étendre a perte de vue. Sur les cubes, des symboles et des formes géométriques, brillant d'un bleu cyan, offraient le seul éclairage. Ils ne voyaient au dessus d'eux qu'un ciel formés des mêmes cubes.

A soupira entre ses dents. « Ou sommes nous, cette fois ? »

« Pas dans un monde ou vous trouverez ce que vous cherchez », répondit la voix.

Il y eu une sorte de lourdeur dans l'air. Les cubes vibrèrent. Tout devint flou quelques secondes. Puis, l'équilibre revint.

« Il souffre... » dit la chatte, assise sur un cube.

A et M prirent quelques secondes pour calmer leur engourdissements.

« Quand B souffre, l'Intramonde subit ce qu'on appelle une marée. » continua la voix féminine.

« Une marée ? » demandèrent A et M en même temps.

« Une sorte de déséquilibre temporaire. Ça peut avoir des conséquences dramatiques. »

Il y eu un bruit sourd.

« Attention ! » cria la voix.

A et M eurent juste le temps d'éviter le cube qui venait de tomber du plafond. Il s'écrasa au sol, et se brisa, tel du verre.

La chatte considéra la chose, pensive, durant quelques secondes avant d'expliquer: « Normalement, ces cubes sont indestructibles... »

La chatte se tourna, puis ouvrit un autre portail. D'autres cubes commençaient a tomber. Ils traversèrent le portail en hâte, et se retrouvèrent dans un lieu qui avait un paysage varié, avec des montagnes, des plaines, et des crevasses, qui semblaient délimiter des sections autour des reliefs montagneux, formant ainsi des plate-formes, cela a perte de vue. L'une de ses crevasses était a quelques pas.
Depuis l'autre coté du portail, ils voyaient les cubes chuter dans un fracas assourdissant. Il se referma alors qu'un cube semblait l'avoir écrasé.
A et M se regardèrent, pensifs, puis ils s’avancèrent tout deux vers l'une des crevasses géantes. Il pensaient y trouver un fond, il n'y virent qu'un sol, montagneux lui aussi, qui semblait s'étendre sous les plate-formes. Ils en déduisirent que les immenses plate-formes de terre devaient sans nul doute flotter dans les airs.

Il y eu un craquement, une déchirure. Une déchirure qui s’élargissait, a deux plate-formes devant eux, et qui débouchait sur l'Intramonde. Dans un cri strident et horrible, ils virent Giratina arriver dans ce monde a une vitesse folle, passant non pas par un portail, mais par la déchirure donnant sur l'Intramonde. Il tournait sur lui même dans sa chute comme si il venait d'encaisser une attaque imparable, et sa vitesse était telle qu'il créa un cratère et souleva un nuage de poussière en percutant de plein fouet la plate-forme sur laquelle étaient situé M et A, lançant un autre cri aigu sous le choc. A et M coururent vers le dragon, aussi bien pour l'aider que pour qu'il les emmène ailleurs.

En courant vers lui, ils voyaient que Giratina ne se relevait pas. Il restait affalé, sur le coté, encore sous la forme qu'il utilisait pour se déplacer dans l'Intramonde. Ses zones de couleurs changeantes étaient d'un rouge sombre, et ses yeux étaient noirs, comme éteints.

« Giratina ! Réveille toi !» Cria A, en arrivant sur lui.

La créature ne bougeait plus.

« Tu crois... Qu'il est mort ? » Demanda M a A, qui avait ralenti le pas, et qui semblait hésiter a s'approcher de plus prés.

« Giratina ! Bouge toi de la ! » Hurla A de plus belle. Il passa ses mains sous les hanches du dragon, dans une vaine tentative de l'aider a se relever.

Giratina sembla trembler légèrement. Ses yeux s’allumèrent alors que A cessait de tenter de soulever la créature, l'air visiblement épuisé.

Son regard se porta sur les invités. Il commença a changer de forme en se relevant avec peine. La chose était bien plus lente qu'a l’accoutumée. Mais il glissa et s'écroula de nouveau sur le sol, criant une nouvelle fois.

« Giratina ! Je t'en prie ! » Dit A, alors qu'il tentait une nouvelle fois de soulever la créature. M essaya avec lui. Mais leur force ne pouvait pas déplacer quelque chose d'aussi lourd.

La déchirure était devenue gigantesque, dévorant le ciel du monde dans lequel ils étaient, alors que plus elle s'étendait, plus la partie du monde proche de l'ouverture semblait devenir transparente, comme immatérielle.

Giratina cria encore, se relevant avec peine. Il redressa sa tête en ouvrant ses mandibules, et poussa un cri aigu répétitif en regardant la déchirure. Il écarta ses ailes avec lourdeur, permettant ainsi a M et A de monter une nouvelle fois sur son dos.

A et M ne se posèrent pas de questions. Se retournant pour remercier la chatte, M ne la vit pas derrière eux. Étonné, il reporta cependant son attention sur ce qu'il se passait devant.

Le dragon lança a nouveau son cri, puis souleva les ailes. Il les abattit si puissamment que le sol autour de leur point de décollage perdit soudain toute consistance, devint translucide, et partait en poussière dans l'air, en se désagrégeant. Gratina volait avec difficulté. Il passa dans sa forme Aérienne, avec lenteur, accélérant peu a peu. Devant eux, se profilait un Intramonde qui semblait déjà avoir bien souffert.

A une bonne distance, Xenodarkus et B se battaient avec vigueur, se déplaçant dans les airs. Les sphères d’énergies que Xenodarkus envoyaient volaient bien plus vite que B se déplaçait, indiquant ainsi aux observateurs qui avait l’avantage. B évita de justesse, déployant un champ de force sphérique d'un jaune pale autour de lui. Il fonça sur Xenodarkus, qui s'enferma lui aussi dans une sphère d'un champ de force rouge, qui encaissa la collision. Les deux combattants furent séparés par l’énergie émise par l'impact, alors qu'une onde de choc se dispersait autour du point d'impact, détruisant des connexions dans l'Intramonde.

Giratina volait directement vers l'endroit ou se déroulait le combat ; M fronçait les sourcils, se préparant mentalement a l’assaut, tandis que A désespérait en se disant qu'ils ne pouvaient pas aider en grand chose. Ils n'étaient plus très loin de Xenodarkus, mais ils avaient l’avantage d'arriver dans son dos.


Après plusieurs assauts effrénés, B abaissa son champ de force, tentant ainsi de stopper le combat. Xenodarkus ricana de la proposition, et profita de l’occasion pour foncer sur lui. B écarquilla des yeux médusés, et évita l'attaque de peu, esquivant maladroitement. Xenodarkus, se retournant dans sa lancée, forma une sphère d’énergie entre ses mains inexistantes. L'impact toucherait B en plein dos. Celui ci ne pourrait pas esquiver.

Giratina ramena ses pointes vers ses mandibules, qu'il ouvrit. Ses zones aux couleurs variables se teintèrent d'un rouge vif, alors qu'une sphère d’énergie bleutée se formait devant sa gueule, entre les six pointes. Il tendit ses appendices en avant, propulsant la sphère a une vitesse hallucinante. Au moment ou Xenodarkus allait libérer le coup dévastateur, la sphère de Giratina le frappa au dos de plein fouet, faisant ainsi dévier sa sphère de sa trajectoire, l'envoyant se perdre dans les méandres de l'Intramonde.

« Rhaaa ! », hurla Xenodarkus en se retournant vers la créature. « Tu oses m'interrompre ? » Disant cela, il fonça en direction de celle ci, laissant B derrière lui, qui regardait Giratina avec une expression indescriptible.

Giratina fit demi tour, a la grande frayeur de A et M, qui ne s'attendaient pas a une manœuvre aussi rapide et violente, et repartit aussi vite qu'il le pouvait. Xenodarkus envoyait sphère sur sphère, visiblement impatient d'en finir avec le dragon, qui évitait chaque impact de peu en zigzagant.

A et M serraient Giratina du mieux qu'ils pouvaient pour ne pas tomber, se doutant qu'une chute dans l'Intramonde ne devait pas être envisageable. Giratina vira soudainement en ouvrant les mandibules, formant une nouvelle sphère, mais l'une de celles de Xenodarkus fut plus rapide. Le dragon la prit en plein torse, fut propulsé en arrière, les appendices flottant dans les airs, alors que les invités, indemnes, étaient éjectés.

« NOON ! », fut le hurlement des trois humains.

« OUI ! », cria Xenodarkus, débordant de satisfaction.

Les yeux de Giratina s’éteignirent.

Puis ils commencèrent a tomber. Les fils épais qui composaient l'Intramonde continuaient a s'écarter autour d'eux, leur assurant ainsi une chute vers l'inconnu. A et M suivaient la créature dans sa chute, a sa droite et a sa gauche.

Xenodarkus ignora ce qui attendait les invités, et se dirigea a nouveau vers B, se déplaçant vers lui a une vitesse affolante. B, fixant A et M des yeux, leva les deux mains en avant. L'air autour de ceux ci sembla vibrer, alors que progressivement, leur chute ralentissait, et deux sphère protectrices les enveloppaient, tandis que Giratina continuait a tomber.

Voyant de justesse Xenodarkus arriver, B déploya un champ de force juste devant lui, dans lequel Xenodarkus vint frapper. Au contact du bouclier, Xenodarkus en forma un aussi. Les deux champs de force étaient appuyés l'un contre l'autre. Le bouclier autour de A et M faiblit. La pression semblait de plus en plus forte entre les deux champs énergétiques.

« Xenodarkus ! Stop !» hurla B.

« Rêve ! » Rétorqua celui ci, une pointe d'humour dans la voix.

B ferma les yeux. Son bouclier restait stable. Mais il semblait lutter. Il se crispa, tout sembla alors tanguer.

L'Intramonde vibra. Des pans entiers de celui ci commencèrent a se désagréger. Les boucliers de M et de A regagnèrent en énergie, alors que A et M sentaient des engourdissements, une fois de plus.

Quand, soudainement, une immense pointe faite de blanc traversa l'Intramonde, s’arrêtant a peu de B, alors que tout devenait plus flou encore. L'Intramonde se déchira de plusieurs cotés, libérant les mêmes pointes, qui stoppèrent net a faible distance de B. Tout semblait instable, vacillant entre réalité et néant.

Xenodarkus fut déstabilisé. Son champ de force s’éteignit en même temps que celui de B, et il fut emportée par l'instabilité qui régnait, lâchant un dernier hurlement avant de disparaître.

A et M se sentaient lourds, et ils tentaient de résister a la force qui les incitait a se laisser aller.

B déploya les bras, ramenant les deux invités a lui. Il rouvrir les yeux, arrêta leur boucliers, et leur tourna le dos. Il balaya l'air de la main, et une sphère blanche apparut devant lui. Il se retourna de nouveau vers ses invités.

« Partez... Tant que je peux maintenir les passages vers vos esprits ouverts. Vite. »

A et M hésitèrent. Ils regardaient fixement leur ami dans les yeux, éberlués.

« Vite ! », répéta celui ci, agacé. Il serra les mâchoires, et pencha la tête vers le bas.

A et M passèrent chacun a coté de lui, le contournant pour courir vers le portail.

Ils se retournèrent, voyant B leur tournant le dos. Celui ci serra les poings, et releva la tête.

Puis, ils passèrent le portail.