Intranisation : Chapitre 4: Passage

« Partez... Tant que je peux maintenir les passages vers vos esprits ouverts. Vite. »

A et M hésitèrent. Ils regardaient fixement leur ami dans les yeux, éberlués.

« Vite ! », répéta celui ci, agacé. Il serra les mâchoires, et pencha la tête vers le bas.

A et M passèrent chacun a coté de lui, le contournant pour courir vers le portail.

Ils se retournèrent, voyant B leur tournant le dos. Celui ci serra les poings, et releva la tête.

Puis, ils passèrent le portail.

A et M sentirent une douce vague de chaleur traverser leur corps alors qu'ils s’enfonçaient dans un espace blanc. Leur regards se croisèrent durant un laps de temps infime.

Puis, ils furent séparés, propulsés en avant. Le blanc céda au noir, alors que chacun partait d'un coté. Un craquement énorme sembla vibrer jusque dans M. Il se laissait porter par le courant, ne cherchant pas a lutter contre la vitesse, tandis qu'un son répétitif prenait le dessus sur le son sourd et désagréable, et qu'il se sentait de plus en plus lourd, comme comprimé... Le noir sans bords céda bientôt au large tunnel de matière instable qu'il avait vu a l'aller, alors que les millions de faisceaux le traversaient a nouveau de part en part. Une explosion retentit, accélérant sa chute vers l'avant. Un craquement sinistre eu lieu, M eu l'impression de se briser en morceaux une seconde fois.

M réfléchissait a tout ce qui venait de se passer... Xenodarkus... B... Giratina... Tout était arrivé si vite qu'il n'était pas vraiment sur d'avoir tout compris. Il y eu une seconde explosion.

Puis, le courant s’arrêta d'un coup sec. Il restait au centre du tunnel, mais il n'avançait plus. Tout les sons s'étaient arrêtés, a l’exception d'un grondement sourd.

« Qu'est ce que... ? » s’interrogea M a voix haute.

Autour de lui, il voyait la matière qui composait le tunnel se solidifier. Il regarda derrière lui, et vit alors que des morceaux du tunnel semblaient y rougeoyer et s'en détacher pour se laisser tomber dans la direction d’où M venait.

M laissa échapper un juron. Il regarda une nouvelle fois autour de lui, a la recherche de quelque chose pour s'aider a avancer. Mais rien a faire, il avait beau nager vers les cotés du tunnel, il restait éperdument au centre de celui ci.

« Ça ne peut pas finir comme ça ! » Il jeta un nouveau regard derrière lui. Tandis que le tunnel continuait de se solidifier, les pans de matière en fusion se détachaient de plus en plus prés.

Il se mit alors a faire l'une des chose a laquelle il arrivait le mieux : réfléchir.

Il ne pouvait pas aller sur les cotés, il tenta donc de nager vers l'avant. Sans effet.

« Rha ! Mais il n'y a donc aucun moyen de sortir de cet endroit ? » Disant cela, il battit des bras dans le vide. Il entendit un craquement léger.

« Et si... ? », dit il, levant a nouveau ses bras pour les rabattre. Le tunnel entier vibra.

Il se concentra. « Si ça se trouve, il suffit d'y penser suffisamment fort... JE VEUX AVANCER ! », beugla t-il, en envoyant brutalement ses bras vers l'arrière. Une fissure impressionnante apparut sur sa gauche. Un pan entier du tunnel se brisa en morceaux et recommença a avancer. M avançait a la même vitesse...

Il regarda une fois de plus derrière lui. La matière en fusion était de plus en plus proche, le vide derrière lui aussi. Il devait aller plus vite.

Il balança ses bras de l'avant a l'arrière aussi fort qu'il lui semblait possible. Des morceaux du tunnel se détachaient par milliers. Certains reprenaient l'apparence instable qu'ils avait auparavant.

« Je suis trop lent. Je dois aller plus vite... Avancer. Ne pas disparaître. » Il balança ses bras une nouvelle fois. Au milieu du geste, il lui sembla que quelque chose s'était débloqué dans son esprit. Quand il finit son geste, dans un bruit d'explosion, une bonne partie de ce qui était derrière lui avait volé en éclats et reprenait son aspect premier. Il sentait quelque chose de nouveau. De neuf. De puissant. D'incroyablement puissant.

Il se propulsa en avant. Le vide était tout proche derrière lui, mais il se sentait joyeux. Il n'avait jamais eu cette sensation de ne faire qu'un avec autant de choses a la fois. Chaque brassée le faisait avancer vers son esprit. Il gouttait au plaisir suprême, son âme ne faisant qu'un avec lui. Il riait au larmes.

Le vide allait l'engloutir. Il brassait l'air autour de lui pour rejoindre son esprit. Le vide était très prés... Il avait la sensation d'être étiré vers l’arrière. Il ferma les yeux. Le vide le rejoignait. « Non. » C'était comme si il reculait et avançait en même temps. Il balança une nouvelle fois ses bras maladroitement. Il sentit quelque chose qu'il reconnaissait. Ce n'était pas tactile ; il le sentait avec autre chose. Il ouvrit les yeux.

Il était dans un espace sphérique noir, bariolé de violet. Il se retourna. Derrière lui, le vide s'approchait de l'entrée de la sphère creuse... Puis se désintégra, alors que la sphère autour de lui s'effilochait en se dématérialisant, laissant apparaître l’espace blanc qu'il avait créé en attendant B.

« Oui ! » dit il, levant les poings en signe de victoire.

Puis, tout lui sembla se troubler. Il sentit des engourdissements. L’espace blanc autour de lui vira au noir. Il avait mal a la tête, et se sentait lourd. Il sentait des picotements au niveau des tempes... Devant lui, deux énormes fentes qui prenaient toute la largeur possible s'ouvrirent, dévoilant une lumière aveuglante. Il eut le réflexe de fermer les yeux. Tout redevint sombre. Il entendait des voix, mais elles étaient sourdes, comme étouffées. Il gémit. Une des voix sembla se rapprocher. Il ouvra a nouveau les yeux, et vit un visage trouble. Il lui fallut du temps pour faire la mise au point. Il reconnut C.

« Ou... Suis-je... » dit M.

« De retour dans le monde réel », répondit C, d'une voix décomposée.

« L'Intramonde... C'était... Comment va B... »

C ouvrit la bouche, puis la referma, ne parvenant plus a fixer le regard de M.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda celui ci, d'une voix inquiète mais a moitié endormie.

« B... Il ne va pas bien... Pas bien du tout. Je... Je te débranche. »

Tout étais confus dans la tête de M. Il entendait A crier au loin. Il ne comprenait rien.

« Qu'est-ce qui se passe ? » répéta t-il.

C ne répondait pas. Il appuya sur le clavier. M sentit une douleur désagréable aux tempes. Un son métallique retentit quand la douleur s’arrêta.

« Explique moi... » insista M, d'une voix toujours autant endormie.

« Son... Cœur. »

M entendait toujours A crier. Il comprit que quelque chose n'allait pas.

« Il est... Mort. », finit C.

« Quoi ? », s'étonna M. Il se releva. Il sentait des larmes lui monter aux yeux. « Non... »

C essaya de le rasseoir, mais M le repoussa d'un bras ralenti.

« C'est... Non... »

Il s'approcha du grand fauteuil de cuir.

A le regardait comme si il attendait un miracle de sa part.

« Non... »

B avait les yeux fermés. Ses mains étaient détendues sur les accoudoirs. On aurait pu croire qu'il dormait.


Dans un Intramonde dévasté, B regardait ses mains. Autour de lui, la moitié des fils épais avaient disparus. Une partie continuait de se désagréger.

« J'aurai vraiment tout échoué », se dit-il.

Il leva la tête vers le haut, regardant son monde tomber en poussière.

« Tout ça... C'est terminé. »

Il soupira, baissant la tête, et ferma les yeux.

« Je suis vraiment un incapable. »


« C'est impossible... » M regarda C de la même façon que A l'avait regardé juste avant. C baissa les yeux.

A cria un juron. Il s'époumonait devant B.

« Réveille toi ! Abruti ! »


« Je suis mort. »

« C'est une chose assez dure a réaliser. »

« Mais je crois que j'aurai bien vécu. »

« Oui, j'en ai fait assez. »

Il serra les paupières.


M s'approcha de l'écran en piétinant. Il n'arrivait pas a réaliser tout ça.

Il regarda la courbe cardiaque de B. Elle était plate.

« Non... »

Il serra les dents. C plaqua sa main sur son front. Il soupira de façon saccadée.

A regardait B avec la bouche entrouverte. Il espérait quelque chose. Un miracle.


« Non. »

« On m'attend, la haut. »

« Je dois au moins essayer. » Il serra les poings et ré-ouvrit les yeux.


M regarda à nouveau la courbe. Puis, le plus naturellement du monde, ses yeux parcoururent l'écran... Et s’arrêtèrent sur l'encéphalogramme de B. Il dut le lire a deux reprises.

« Mais... »

A releva la tête vers M.

« Son encéphalogramme... Il montre toujours une activité importante ? »

A se rua devant l'écran. C regardait M de loin, ne sachant si la nouvelle avait vraiment son importance.


« J'ai réussi a dépasser les limites humaines... A moi d'en revenir. »

Il inspira profondément.

« Je dois en revenir. »

Il inspira une seconde fois en penchant la tête en arrière. Il ramena les poings devant sa poitrine.

« Je vais en revenir ! »

Soudainement, il sentit une nouvelle énergie brûler en lui. Ce n'était ni chaud, ni froid. Juste inconcevable.

Il sentait cette énergie monter. Il écarta les bras, la relâchant. Il déploya des ondes de choc, qui traversèrent tout l'Intramonde, allant plus loin encore.

Il expira. « Créer ». D'autres ondes de choc partirent.

« Penser ». Autres ondes de choc.

« Rire ».

« Aimer ». Ondes de choc sur ondes de choc.

Les larmes lui venaient au yeux. L'Intramonde s'évaporait, un peu plus détruit par chaque onde.

Il cria. L'Intramonde s'écroulait, mis en pièces, balayé.


« L’électrocardiogramme ! Il... Comment c'est possible ? » dit A.

La courbe encéphalographique baissait par a-coups, et, a chaque baisse, un battement cardiaque retentissait.


« VIVRE ! »

Il pleurait. L'Intramonde s'effondrait sur lui.

Sa dernière onde de choc.

Elle fut stoppée par le mur spirituel. L'Intramonde n'était plus.


Une dernière baisse de l'ancéphalogramme. Un dernier battement de cœur.

A, M, et C attendaient un nouveau battement.


L'onde de choc brisa le mur spirituel dans un flash jaunâtre. Elle traversa l'esprit de B, émise pas une conviction indestructible.

Le mot « Vivre » raisonnait. L'onde passa des barrières infranchissables, et devint électrique.

Elle parcourut les nerfs. Contracta les muscles respiratoires. Elle s’immisça dans le cœur. Et elle s'évanouit.


Un nouvel à-pic se forma sur l'électrocardiogramme. B eut un spasme. Ses yeux s'ouvrirent, et il inspira d'un coup sec.

Puis, il y eu un autre battement, et une expiration.

Et un autre encore. Suivi d'une inspiration.

Les battements redevinrent réguliers.

A hurla de joie.

M ouvrit la bouche, éberlué, alors que A se jetait sur lui pour le serrer dans ses bras.

C tomba a genoux.

A lança l'extraction des aiguilles de B, heureux.

Puis, ils allèrent vers celui ci.

Ils le détachèrent, puis restèrent silencieux a son chevet.

B respirait calmement. Sa tête penchait vers la gauche. Après quelques minutes, une légère vibration parcourut ses paupières. Il fronça les sourcils, et ferma les yeux, puis émit un léger gémissement.

Il entrouvrit les yeux, ne parvenant pas a les ouvrir entièrement du fait de la luminosité.

Il balaya du regard les trois personnes en face de lui.

Puis, il dit, d'une voix cassée ; « C'était comment ? »

A et M ne purent s’empêcher de rire.

Ils se mirent a tout raconter.

« ...Et Xenodarkus, il a... »

« ...Oui, mais a ce moment, Giratina... »

B souriait. Il n'avait pas échoué finalement.

Puis, son sourire s'effaça. C s'en aperçu.

« Ça ne va pas ? » demanda celui ci.

A et M arrêtèrent de parler, regardant B a leur tour.

Celui ci fixait ses mains, mais semblait perdu dans ses pensées.

Il fronça des sourcils, puis les écarquilla. Il se releva violemment. La tête lui tourna. Il tomba sur le sol.

« Qu'est ce qui se passe ? » cria A.

B rampait. « Je... » Il s'appuya sur ses mains pour se relever. « Non... »

Il marchait en longeant le mur. Il hurla, et envoya voler de son bras des installations inutilisées posées sur une étagère.

« Arrête ! » dit A.

M s'approcha. B, relevant la tête, le regarda d'un air désespéré, des larmes sur le visage. « Je n'y arrive plus ! »

Il s'écroula sur le sol, en pleurant.

« Je n'arrive plus ! Je n'y arrive plus ! »

« Tu n'arrives plus a quoi ?! » l'interrompit A.

« Je n'arrive plus! » dit il, se relevant.

Il titubait, et envoyait voler des objets sur son passage. Il perdait son souffle, pleurant. Il semblait brisé.

Il donna un coup de pied dans l'unité centrale, qui tomba sur le sol. L'écran afficha un message d'erreur.

A essaya de l'attraper pour le maintenir. B se débattit puis s’écroula au sol.

« J'ai tout perdu... »

Il se mit a ramper a nouveau.

« Qu'est ce que tu as perdu, bon sang ?! »

« Je... »

Il fixait le sol, se balançant en avant et en arrière, continuant de pleurer.

« Je n'arrive plus... A imaginer. »

Les mots résonnèrent dans la pièce.