Dimanche 15 Mars 2020

Le soir. La nuit qui tombe, ou plutôt le soleil qui s'enfuit, est devenu mon point faible, ma crainte. Peut être est-ce pour cela que certains ne dorment pas et préfèrent l'esprit de la fête, qui nous fait oublier, un temps, nos soucis. Chose que je n'arrive pas à faire, fête ou pas, mes soucis, ils restent, et reviennent encore plus fort le soir. Cela fait une semaine que je prend un valium de 10mg chaque soir, et maintenant c'est devenu plus par appréhension que par réelle nécessité, ce qui, disons-le, n'est pas terrible. Mais bon, voilà ma solution actuelle au temps qui ne passe pas assez vite et aux ressentis toujours, ou à peine moins qu'il y un mois et demi, jour de ma première tentative de suicide, aussi forts. Je suis comme ça, je ressens tout, tout le temps, à fond. Qu'importe, le valium n'est pas le plus grave là tout de suite.
J'ai pas grand-chose à dire ce soir, j'appréhende juste l'endormissement et ce flots de pensées négatives qui vont, comme à l'accoutumée depuis un moment, revenir, encore et encore. Il me suffit d'un moment, d'une phrase, d'un souvenir qui vient sur le devant de la scène pour que la dégringolade s'enclenche et que je me sente partir en sucette. Comme hier, par exemple, où, bien que lovée auprès de mon cher et tendre déjà bercé par Morphée, seule dans le noir, baillant et ayant pris un valium, je m'imaginais annoncer à tous ceux qui me sont chers, réunis au même endroit, que j'avais décider de mettre fin à mes jours et que pour leur éviter deux funestes dates dans l'année, choisirai mon anniversaire, histoire de faire un peu moins de peine. Tout cela, les larmes aux yeux à l'imagination de cette scène mais la conviction pour mon cerveau un peu teubé, de, pour une fois, faire bien les choses. Voilà donc une soirée d'endormissement somme toute assez classique chez moi. C'est pour cela que, comme je le disais plus haut, le valium n'est vraiment pas mon plus gros soucis. En même temps, si je n'en avais pas, des soucis, je n'en prendrai pas.
Mais vous allez me dire : des soucis, ma pauvre Lucette, tu vas en avoir toute ta vie, tu sais ?
Oui, oui, je sais, mais ce ne sont pas les futurs soucis qui m'inquiètent le plus, bien qu'ils prennent une place déjà bien importante dans mon flots de pensées du soir, mais juste ce qu'il s'est passé est déjà largement suffisant pour m'imaginer annonçant mon suicide. Bref.
Rassurez-vous, je ne vais pas mettre fin à mes jours ou du moins, je ne vais pas ré-essayer dans l'immédiat. Déjà, parce que les anti-dépresseurs double dose que je prends chaque matin depuis un mois et demi aident bien, il faut l'avouer. Ensuite, parce que ça ferait beaucoup trop de peine à mes parents et ils sont, tous comme moi, comme quoi la génétique c'est fantastique, bien propice à la dépression. Et enfin, parce que c'est comme ça, je suis en vie, je dois le rester.
C'est le plus logique en tant qu'organisme vivant que de vouloir rester en vie. Alors, à défaut de choisir, ou plutôt retrouver, ce putain de goût à la vie, j'invoque la Science et le pragmatisme (si j'avais su que ces catégories m'aideraient un jour… Moi qui ne jure que par les ressentis, le maître étant l'amour, j'aurai éclaté de rire !) Mais bon, la vie est pleine d'imprévus comme on dit.
Encore une phrase à la con qui ne veut rien dire. Passons.
J'avais déjà pris l'habitude de prendre des cachets de compléments alimentaires aidant au sommeil chaque soir il y a 3 mois, en plus de fumer autant de pétards que je pouvais. Bien que j'ai arrêter ces mauvaises habitudes, ou, disons plutôt, réduit en dent de scie cette façon de faire, je me retrouve à nouveau avec ce réflexe de prendre un cachet le soir, sans oublier de fumer. Sauf qu'à la place de complément alimentaire à base de mélatonine et de shit à base de je ne sais quoi de bien dégueu, je suis passé au benzo et aux menthols. Bref, pas vraiment mieux, mais on fait avec.
J'espère juste que cette phase ne durera pas trop longtemps, et en général, point plutôt positif avec la cyclothymie, ça ne dure pas plus de deux mois, mais deux mois sous valium quotidien, je sais pas trop ce que ça va donner. Et ça ajoute une nouvelle inquiétude à cette longue liste dont je ne vois pas la fin.
Bref, un jour de plus sur Terre ! Champagne !