Vendredi 13 Mars 2020

Je ressort de tout ça comme si ça n'avait été qu'un rêve mêlé d'un cauchemar. Avec du recul, le monde que je viens de quitter, du moins, en pensée, me paraît irréaliste. Et pourtant, cela s'est passé. D'une intensité et d'une rapidité encore inégalé dans ma vie. J'ai fait du mal, j'ai fait des erreurs mais je ne peux pas changer ce qui a été fait. Et je sais pourquoi je l'ai fait. Pour ne pas sombrer dans la folie.
Vous allez me dire : c'est vague, ça, la folie, de quoi parles-tu ?
Je ne saurai trop dire, la folie de la violence, la folie de l'isolement mais surtout de la pire folie qu'il soit à mes yeux, la folie de se perdre complètement. Ce qui a été pratiquement le cas, pour un temps où je ne savais plus, pas qui j'étais, qui je voulais être, que choisir de croire ? Quel chemin prendre ?
Je ne suis guère plus avancer sur la question mais j'ai du temps pour moi, au calme et loin de ce qui m'a heurté. Voilà déjà le principal de cette histoire.

La vie est une grande expérience remplie de milles autres. Je me trouve encore trop sensible pour me battre mais j'ai déjà bien avancer, ou tout du moins il pourrait me le sembler. Je tâtonne, je bafouille à l'intérieur de mon esprit mais mon cœur, bien que blessé, heurté, marqué pour un moment par cette étape de mon existence, est encore intacte et je peux encore aimer et donner de cet amour. Mais je dois me protéger si je ne veux pas me perdre à nouveau, ce ressenti de chuter à l'intérieur d'un soi inconnu a été l'un des pires jusqu'alors et je ne sais si je pourrai affronter le prochain.

Chuter à l'intérieur d'un soi inconnu.

Rien que le souvenir m'en donne des frissons et parcours mon corps de glace. Plus jamais ça. Je m'étais pourtant mise en garde, mais je ne savais pas encore contre quoi.
Et j'ai su. Et là, tout a déraper.

Attrayante folie qui est celle de la fin, terminant le début d'un idéal...

Mais j'ai résister. Et je suis encore là.

J'aurai voulu que les choses se passent autrement, je crois avoir essayer de le faire mais il était déjà trop tard et je me suis accroché à une falaise dressée de pics, d'éclats, de verre et de souffrances. Parfois, il est moins douloureux de lâcher prise même si cela nécessite de perdre le peu qu'il restait de quelque chose de précieux : le lien. Le lien que nous avions créer. Enterré, mais la tombe est encore ouverte et je n'ai de cesse d'essayer de la refermer pour toujours. il est trop tôt, je le sais. Et, comme toujours, seul le temps guérit vraiment tout.

Je ne veux pas mourir. Je n'ai pas envie de vivre non plus. Mais je suis toujours là. La mort, au sens où on l'entends, ne triomphera pas si facilement, bien qu'elle ne soit pas la pire forme de mort à mes yeux. Je l'aime cette mort, elle m'a, et ce depuis que j'ai pris conscience de son existence, toujours attiré. Je continuerai de danser avec elle, de m’enivrer de son parfum de liberté. De jouer de ses mots qu'elle souffle au creux de mes doigts.
Je l'aime cette mort.
Encore loin, trop loin, trop tôt, trop violent. Pas maintenant.

Il m'effraie. Je voudrai ne rien ressentir en le voyant, ne serait-ce qu'en l'imaginant là devant moi. Mais c'est impossible. Il a armé une flèche. Et a viser juste.
Comment un sentiment d'amour aussi fort a-t-il pu devenir un sentiment d'une pareil haine ? Le brouillard, je ne comprends pas, encore beaucoup à apprendre de cette expérience.
Est-ce bon d'essayer de comprendre ? Probablement pas.
Je ne dois plus me nuire en laissant la possibilité à quelqu'un de le faire. Et cela malgré tout l'amour porté en moi pour lui. Pour toi, Chris.

Il était beau ce renouveau, ce sentiment d'avoir trouvé ma place. Il m'a fait vibrer durant des mois et des mois et la chute a été à sa mesure.
Tout ce qui monte finit par redescendre, n'est-ce pas ?
Je me revois, et me ressens, aux premiers jours, à la toute première nuit, déballant mes affaires, assemblant mes meubles, seule et rayonnante de bonheur, ivre d'une joie indescriptible. La barque, dans laquelle je venais de monter a été de toutes les couleurs et je n'aurai su y résister. Il n'aurait pu en être autrement. Et le navire à lever l'encre. J'ai voyagé au creux d'un monde que je ne saurai décrire suffisamment. Au creux d'un monde magique et mystérieux, aux couleurs chatoyantes et explosives, aux émotions vives et insondables. Aux rêves qui semblent possibles et aux violences réelles, visibles, presque palpables. J'ai déchanter, je l'ai nier, je ne voulais pas que tout cela s'arrête, je refusais de voir ce qui était pourtant là, sous mes yeux. La violence n'est pas faite pour moi. Et je n'ai pas les épaules pour supporter le poids qui pèse en chacune des âmes rencontrées.
Je n'ai pas à le faire, me direz-vous ?
Cela m'est impossible. Trop sensible à leur chagrin, je n'ai pas accepter le mien et ai continué de sombrer sans chercher à comprendre.
Laisser moi à bord, bien que je m'y noie. Laisser moi à bord !

Et j'ai sauté, rattrapé de justesse. Rattrapé avant l'irréversible, avant de tout quitter par désespoir de n'avoir su resté bloqué dans ce passé que je chérissais tant.
Et que je chéris encore. Encore.

Tu vas me manquer.