tribulations

Musique: Air-Le voyage dans la lune


Saül marche. Encore. Toujours.
Rien ne s'y oppose.
Ses pieds s'abattent sur le sol de poussière rouge. L'un après l'autre. Le sable file autour d'elle. L'enveloppe, la griffe. Il rentre dans sa bouche entre ses lèves gercées et craque sous ses dents, s’insinue dans ses oreilles, dans le moindre replis de ses vêtements.
Vent debout, son corps n'est plus. Seul l'esprit survit dans la tempête. Un sifflement rauque s'échappe de sa gorge. Elle rit. Douiller. Voilà ce qu'elle voulait. On peu dire que c'est réussit!
Elle se souvient...


Elle se souvient de son départ, quelques temps plus tôt. Elle ne saurait dire combien exactement. S'engager dans le désert comme une randonnée. Sachant au fond de son esprit que ça ne serait pas comme ça. Partir avec un but hypothétique et a peine l'ombre d'une piste. Se lancer ingénument "à l'aventure"...
La première tempête s'était profilée dans son dos, aux alentours du cinquième jours peut être. Quand elle l'avait vue venir elle n'avait rien fait. Bien trop fascinée par la puissance de ce qui fondait sur elle. Cette monstruosité de fureur, vent et sable vif, implacable. Persuadée au fond de son esprit que rien ne pouvait lui arriver...
Fol esprit.
Elle avait hurlé sous les coups de la tempête.
Le vent la tordait, la tirait, il la démembrait comme un enfant curieux. Il la noyait dans ses propres vêtements. Tour a tour, la rassemblais et l'éparpillait. Le sable lui ponçais la peau. Il s'insinuait dans les vêtements qu'elle n'avait même pas pris la peine de serrer aux manches ou aux chevilles. Il s' immisçai en rayures de feu sous ses paupière et l’étouffait lorsqu'elle tentait de hurler. Au travers du voile de la souffrance, lui parvenaient des images, délires inconcevables d'araignée de glaces qui la dépeçaient, d'eau liquide et fraîche qui se muait soudainement en une nuée de frelons. Elle n'aurait su dire combien de temps cela avait duré.Ni quand cela avait fini. elle ne savait combien de temps elle avait passé, à même le sable, la peau fragile et abrasée, l'esprit délirant au delà de tout. Frêle jouet brisé par la tempête.
Ce fut un bruis sourd qui la réveilla. Engluée de sable, des pans entiers de peau chauds et à vif. Lorsque ses yeux firent enfin la mise au point, elle eu du mal à croire ce qu'elle voyait.
Un mur. Un mur rouge sang. Un mur de sable compacté, immense. Le haut comme le bas se perdaient dans un chaos. Une sorte de brume de sang séché. Il lui fallut quelques minutes avant de comprendre qu'il avançais. Lentement. Inexorablement.
Dans un hurlement de terreur pure elle se tordit. Tenta de ramper, de s'éloigner... Et manqua de retourner dans les limbes de l’inconscience sous le coup de la douleur.
Elle tenta de hurler à nouveau mais elle avait perdu sa voix.
Elle voulu pleurer mais ses yeux sec et abîmés ne lui permirent.
Elle trembla. De tout son corps. Agitée de sursauts sporadiques. Clouée au sol.
Impuissante alors que le mur avançais, lentement, inexorablement, comme un majestueux et mortel glacier de sable.

Elle attendit.
Longtemps.