Éthologie d'un renard en période de révisions

C'est passionnant de regarder M. travailler.

Les humains peuvent parfois être si assidus. Et dire qu'il s'amuse lui-même, ou semble du moins perturbé, à l'idée que la pensée n'existe pas où ne soit pas délibérément contrôlée… C'est pas tout à fait faux, de ce point de vue. Elle se déclenche parfois toute seule, c'est vrai. C'est pratique.

Tout son esprit semble braqué sur des notes, des … informations qu'il assimile… et moi je me noie en constatant ma philanthropie. Étrange philanthropie.

Déboucher un stylo. Voilà qui aura demandé du temps à être assimilé, et que les mécanismes de sa psyché ont parfaitement intégré. C'est merveilleux. Un processus d'évolution contenu dans le fruit d'un autre processus d'évolution. Il ne manquerait plus que ce processus d'évolution crée d'autres domaines qu'il fabriquerait lui-même et qu'il ferait évoluer… à l'images des ordinateurs, des … plans… des mathématiques, tiens.

Idée amusante. Si tout est mathématique, pourquoi tout ne serait donc pas pensée ?

Je garde les yeux fixés sur mon texte, le relisant… puis, je me prépare à l'observer à nouveau tandis que je finis cette ligne… oubliant que je peux taper sans fixer le clavier. Saisir des objets… Analyser une situation… merveille que l'intelligence artificielle humaine. Oh. J'ai bien cru qu'il allait voir que je le regardais. Le bruit de mes doigts sur mon clavier doit le convaincre que je ne le regarde pas sans même qu'il ai besoin d'y penser… Amusant…

Beauté humaine.

Au-delà de ça, beauté de la vie. Là, se grattant la nuque, il ne réalise actuellement pas, puisqu'il n'y pense pas, le temps miraculeux et les aléas qu'il a fallu pour générer l'humain… le temps miraculeux et les éléas toujours plus miraculeux qu'il a fallu pour générer le sien.

Et avec une vision plus physique encore de la chose, le temps qu'il a fallu à sa psyché pour donner ce qu'il est, là, étudiant et sous-lignant avec une règle diverses annotations d'importances…
Les processus qui rentrent en compte dans la détermination de ce qui est d'importance et de ce qui ne l'est pas lui sont peut être aussi opaques tellement il semble absorbé par ses cours.

Il retourne une feuille pour voir ce qu'il y a derrière… Virtuellement infinie, mais limitée dans son utilisation pour des détails,… la mémoire elle aussi est merveilleuse.

Tout ça, tout cet ensemble bringuebalant de merveilles d'évolution forment une entité sociable, capable et de se mouvoir et de penser, ou du moins d’interagir ! N'est-ce pas beau ?

Mon amour pour l'humain est si inconditionnel que moi-même je ne réfléchissais même pas au fait que… j'écrivais, par exemple. Moi-même je suis le fruit de cette perfection… de cette merveille.

Nous sommes des merveilles. Perdre confiance en l'humain, c'est assurément perdre confiance en une bête sauvage, mais aussi en une bête douée de merveilleuses fonctions qu'on aurait mal fait d'oublier.

La psyché est merveilleuse.

Merveilleux humains… tellement plein de défauts mais tellement fascinants.

Tellement incompréhensibles mais parfois tellement sensibles.

Leur espèce est le repaire des plus belles sensibilités que je n'ai jamais croisé. J'en suis moi même porteur.

Des plus belles indélicatesses et des plus belles erreurs, aussi. Mais y a t-il une seule entité qui soit parfaite dans l'univers ?

Peut être ne sont ils pas, ne somme nous pas, les meilleurs… mais peu importe. Je nous trouve porteur d'espoir. Et c'est espoir est beau comme l'amour que je porte a un humain en particulier.

Oh, j'ai cessé de lui prêter attention d'ailleurs. Que fait…-il… Il relit. Il remue les jambes, il doit être impatient de finir.

Peut être à t-il dépassé le tiers. Ça expliquerait son impatience contenue. Il écrit. Est-il fébrile ou juste emporté par ses révisions ? Lui qui aime tant à jouer avec les pensées… il se pourrait peut-être que celles que lui apportent les informations contenues sur ces feuilles lui apportent une belle distraction.

Il vient de me demander l'heure. Vingt-heures quarante-trois. J'ai répondu en souriant, même si bien sûr il ne regardait pas.

Je pense qu'il faudrait que je prenne ce type de notes plus souvent, même sans l'objectif de les garder. Juste afin de pouvoir tester l'autonomie de cette machine…

Je parle de mon ordinateur. Et je souris encore.

Il bat toujours la mesure du pied… Ah. Plus maintenant… De nouvelles notes. Fiches de révisions.

Mh… Je devais répondre à un sms.

Il relit tout en se grattant à travers son haut à manches courtes. Nouvelles prise de notes. Il ne bat plus du pied. Peut-être que me demander l'heure a exorcisé ça…

Il semble rester moins de quatre feuilles de cours à lire… dont au moins une double.

Oh. Il parle de faire un break.

Il parle de lire ce chapitre plus tard… différent selon lui.

Changement de cadre selon lui. Il préfère faire la pause. Soit. Allons chercher des pizzas !

J'aurais jamais cru lire un texte comme ça de toi. Et pourtant ça ne me surprends pas vraiment. C'est un beau texte.

*sourire* on est d'accord, c'est un joli texte.

Saül : Ah bon ? Pourquoi ?

Merci, oui… je pense comprendre en quoi c'est… « joli ».

j'ai pas dit c’était joli. j'ai dit que c'est beau

Je suis d'accord, l'adjectif beau convient mieu.
C'est un poème.

Et dire qu'un texte qui finit sur une note de pizzas à eu tant de retours positifs…

*pensif*

Merci en tout cas…

*a relu*

Je comprends. J'ai vraiment su dégager ma philanthropie dans ce texte. C'est admirable de ma part… moi qui ai si souvent du mal à la faire comprendre. ^^