Géographie de la pensée
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Par Chaleur et par Glace.

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Message  Yoendel 19.12.13 22:14

Par Chaleur et Par Glace, Chapitre 1 : Éclairs.





L'enfant se releva prudemment, vérifiant d'abord qu'aucune créature ne se trouvait à proximité et sur le passage qu'il souhaitait emprunter.
Vif comme l'éclair, il courut vers l'arbre le plus proche, lorsqu'un craquement sec se fit entendre.
Ni une ni deux, il sauta dans l'arbre et monta jusqu'à la cime, ne s'arrêtant qu'une fois hors de portée des créatures du sol. Cependant, il jeta à peine un coup d’œil au ciel envahi de nuages noirs menaçants puis décida de redescendre un peu.
Le ciel n'était plus un allié désormais.

Il attendit de trouver la source du bruit, source qu'il repéra bien vite : une biche.
Elles étaient de plus en plus rare dans la région.
Il ne risquait rien. Pour le moment, du moins.
Il poussa un soupir silencieux, puis dans sa vivacité, fit un signe de la main que nul n'aurait pu percevoir.

Cependant, le mouvement furtif qui eut lieu à cet instant en bas confirma que son interlocuteur avait reçu son message.
En contre bas, un renard se faufila depuis les fourrés pour jouer son rôle d'éclaireur.
L'enfant attendit son aval pour sauter souplement de l'arbre et atterrir en douceur dans le lit de feuilles mortes.

Puis le duo se mit à courir. Rapidement, vivement... et surtout furtivement.


Soudain, un éclair zébra le ciel, et le renard s'arrêta d'un coup. L'enfant de 7 ans à son côté observa à peine son mouvement et comprit.
Les frontières allaient s'ouvrir.

D'un seul geste silencieux, Anoki intima au renard roux de courir. Personne ne pourrait faire face aux pics de mercure gelés ni aux pouvoirs de Solveykiel en même temps. La place n'était plus à la furtivité, puisqu'ils étaient repérés.

Et le Duo se remit à courir, pliant l'herbe qui se faisait de plus en plus haute.
Il fallait trouver l'arbre.

Un glapissement du renard roux alerta l'enfant hybride.
Nord Nord Est. À moins de deux cent mètres.

Un éclair frappa le sol à moins de vingt mètres d'eux. Un éclair de glace.
Les deux évitèrent avec une certaine facilité les lames de mercure qui sortirent du point d'impact avec le sol en sifflant et qui étaient projetées dans toutes les directions.

« amateurs » pensa l'enfant-renard.

Un second éclair frappa aussi un peu plus loin lors de leur course, mais ne les atteignit pas plus.
Pour autant, les zones où les éclairs frappaient finissaient glacées de l'extérieur et brûlées de l'intérieur, fait qu'Anoki regrettait amèrement.
Il repéra l'arbre qu'ils cherchaient, et le renard se précipita dessus à toutes pattes, activant du même coup le portail qui se trouvait dans le terrier à son pied.

Anoki sentit comme à son habitude l'ionisation de l'air au dessus de sa tête. On jouait dans ses mondes, nul ne pourrait le leurrer. Il savait exactement où et quand l'éclair allait frapper. Ce serait au dessus de sa tête, et dans moins d'une seconde. Le fait qu'il soit en train de courir n'arrangeait rien.

Survivre.


Dans un ultime dérapage, il réussi à enfoncer son pied dans le terrier où avait pénétré le renard une seconde plus tôt et vit l'éclair sombrer sur lui.

Mais le portail était ouvert et il avait réussi son coup.

Le ciel noir et tournoyant au dessus de sa tête, avec l'éclair métallisé et glacé qui fondait sur lui, disparut de son champ de vision.

L'avantage avec les terriers du renard, c'était que leurs portails interne échappaient au contrôle du Solveykiel actuel. Ils étaient certes limités, mais étaient le fruit d'un cadeau de l'enfant au renard des années auparavant, et un cadeau qui  ne pourrait jamais être repris ni annulé, Solveykiel l'eut-il même voulu. Ils avaient leur fonctionnement propres et étaient impossibles à détourner et à détruire.


L'atterrissage eut été brusque si Anoki n'avait pas pris l'habitude de ce moyen de transport.
Il se rattrapa donc en douceur, sur le sol dallé de la ville qui s'étalait devant lui.

La course pouvait continuer.

Il chemina à toute vitesse au milieu des rouages mécaniques qui sortaient de toutes parts, suivant le renard dans ce bric-à-brac d'étalages et cette foule.

Courir. Toujours.
Ne pas se retourner.

Au détour d'un couloir sombre, il reçut un choc au ventre qui le fit basculer.
Il se rattrapa d'une roulade avant et se remit instantanément debout, se retournant vers son potentiel agresseur en montrant les dents et en sortant les griffes.
Il ne reçut pour réponse qu'un sourire amusé et narquois.

« Halte là, Renard Bleu ! Rappelle ton compagnon hérissé et suis-moi ! »

Il eut un sursaut de surprise en reconnaissant Chester, se relâcha un peu, et siffla pour prévenir le renard roux. Cependant il demeura sur le qui-vive.

« Content de te revoir, le Chat. Tu as...euh... changé. »

L'hybride félin sourit. Évidemment qu'il avait changé. Il n'avait pas dormi depuis des jours et avaient des cernes sous les yeux. Pour autant, s'il semblait avoir légèrement grandi, sa queue trahissait toujours l'énergie qui était en lui et qu'aucune fatigue n'aurait pu abattre aussi facilement.

Il n'ajouta rien et se retourna pour guider l'enfant et son renard à travers la ville vers le lieu du rendez-vous. Il n'avait pas perdu son sourire.

Pourtant l'heure était grave.
Yoendel
Yoendel

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Message  Yoendel 06.01.14 1:39

Le conseil...


Le Chat mena l'enfant d'un air assuré jusque dans les zones les plus perdues de la ville, passant le maximum possible à travers les ruelles encombrées ou les traboules, voire dans des coins mal famés    dans lesquels Anoki seul n'aurait jamais mis les pieds. Les trois prenaient bien garde régulièrement à vérifier l'état du ciel.
Il n'y avait plus de soleil depuis longtemps.
Cependant la lumière radiait de façon assez faible de ce qui remplaçait le ciel et ses astres.

Le trio passa à travers des petites ruelles faites de conglomérats siliceux qui auraient du resplendir de façon assez artistique s'il y eut une source de lumière assez forte, mais qui pour le moment paraissaient ternes et sans éclat.
Le renard roux furetait un peu partout, reconnaissant au passage les odeurs qui s'entremêlaient des précédents passants. L'odeur de la glace irradiait de partout.
Et pourtant la glace n'avait pas d'odeur.

Chester pénétra dans une cave précédée par un escalier de mica noir et de quartz, immédiatement suivi par le renard et l'hybride. Les deux n'eurent aucun mal à s'habituer à la noirceur du lieu, d'autant plus depuis que l'extérieur n'était plus aussi clair.

Le soleil leur manquait.
Les étoiles leur manquaient.
Solveykiel aussi, d'ailleurs.


Chester s'avança d'un pas sûr vers le troisième tonneau de vin, ovale géant de 3 mètres de haut pour 2 mètres de large. Il tira d'un coup sec sur le robinet tout en griffant une zone connue de lui seul et de quelques rares élus, ce qui eut pour effet d'ouvrir ledit tonneau, laissant entrevoir un passage secret et encore un escalier.

Il invita d'un sourire moqueur les deux renards à entrer, puis les suivit immédiatement en refermant derrière lui le système.

Anoki, intrigué, avança doucement vers la lueur qui se trouvait en contrebas, entrée close par une petite porte de buis ouvragé sertie de quelques pierres précieuses.

Puis, sur un sourire du Chat amusé, l'enfant ouvrit la porte et entra.


Quelques lampes accrochées au mur irradiaient la seule lueur de la pièce, de taille respectable mais pas pour autant spécialement spacieuse. L'endroit n'avait aucune fenêtre. Seule deux autres portes semblaient mener dans d'autres maisons de la ville, toutes deux condamnées. De plus, la porte par lequel le trio venait d'entrer était doublement gardé. De l'intérieur d'abord, par des armoires à glace qui avaient pour charge de rester du côté de la porte. Et de l'extérieur, par des observateurs si bien placés qu'Anoki ne put jamais se douter de leur présence.

Au milieu de la table ovale trônait un large foulard sombre qui couvrait quelque objet important.
Et tout autour se tenaient dignement neufs personnes.
De gauche à droite se trouvaient une femme vêtue d'un large châle et aux lourds vêtements de soie mêlée de satin. Puis venait un homme au visage dur et pourtant plus profond que celui de ses voisin. À son côté se tenait une autre femme au visage plus clair et jovial, plus léger et sans doute plus jeune que toute la troupe présente. Une femme reconnaissable à son rire cristallin. Derrière elle venait une autre femme emmitouflée dans une cape, tant et si bien que ni Anoki ni le renard ne purent jamais être certains qu'il s'agissait bien d'une femme. Ensuite, au bout de la table le plus éloigné de Chester, venait encore une femme au regard franc et direct, en train de jouer avec un outil assez complexe entre ses mains. Anoki reconnut en elle une technicienne, visiblement de renom. Elle rangea d'ailleurs l'objet à son arrivée et soutint son regard avec une vivacité dont peu auraient fait preuve.
Ensuite se trouvait un second homme, assez âgé, au regard mystérieux de par son côté à la fois présent et absent, parfois troublé. Mais à l'ouïe extraordinaire.
Plus proche encore d'Anoki, au côté du vieillard, se trouvait un jeune homme guère plus âgé que Chester, au sourire simple et banal.
Ensuite, séparée d'Anoki par une seule personne se tenait une hybride mi-femme mi-tigre qui était vêtue de façon assez légère, qui ne cachait aucunement ses nombreuses armes effilées qui parcouraient tout son corps. Une femme au pied marin. Que la présence de Chester poussa à sourire d'un air narquois.
Enfin, au plus proche de l'endroit où se tenait Chester, se trouvait cette fois non pas une humaine mais une femme humanoïde composée de bois de noisetier assez souple. Qui affichait un regard curieux à la fois envers le renard et l'enfant.
Enfin, deux sièges étaient vides devant eux. Sans compter le panier destiné apparemment au renard, ce qui fit penser à Anoki que tout le monde savait qui allait venir.
Chester invita sur un sourire amusé le jeune enfant à s’asseoir à son côté en  lui tirant une chaise, faisant ensuite de même en posant un clin d’œil appuyé et malicieux à la tigresse qui le lui rendit à moitié, puis affichant un grand sourire ironique au jeune homme au sourire simple, sourire qui disparut justement. Certains griefs existaient encore, visiblement, et le Chat s'en amusait fortement.

Le reste de la pièce se composait de plusieurs gardes du corps de diverses contrées.

À l'autre bout de la table, la technicienne se racla la gorge, et le peu de murmures de la salle se turent assez vite.
Elle présiderait la réunion.



...et le Roi.



Un enfant s'assit sur le trône de pierre vide.
Levant la main, il observa d'un regard sans expression le lieu qui s'étalait devant son regard. Ce même lieu qui autrefois avait été un jardin paradisiaque n'était plus désormais qu'un amas de gravats de pierre.
L'enfant leva la main. Une main de métal. Une main de glace.
Il eut un geste brusque de la main, et aussitôt s'étala sous son regard un ensemble de portails, menant tous à différents mondes. Des milliers d'accès vers des milliers de mondes, d'un seul coup.
Il eut un regard neutre vers chacun de ces portails, s'assurant juste qu'il ne s'y trouvait personne à pourchasser.
Il eut un sourire féroce.

Puis il se leva, droit comme un roi devant ses sujets, jeta un coup d’œil à nouveau vers les ruines l'entourant, fier, puis esquissa un geste de dédain vers les portails qui se refermèrent d'un seul coup.

Il s'avança vers le centre du Jardin, au pied des arbres déracinés qui avaient fait office de labyrinthe autrefois. Il y subsistait un seul élément vivant et vert.
Un églantier.
Muni d'une seule rose.


Il eut un sourire encore plus féroce, songeant à ce qu'un Chat, à des milliers de mondes d'ici, n'avait jamais eu le cran de faire.

Puis l'enfant roi se retourna vers le reste du jardin, se désintéressant totalement de l'églantine.
Ne lui laissant pour tout épitaphe qu'un seul mot, promesse d'une lente agonie.

Puis, tandis qu'il s'avançait, l'enfant eu un soubresaut. Une vaine résistance en lui. Aussi courte qu'inutile.

Alors, tandis que dans le cœur de Solveykiel, les anneaux de feu et de glace se resserraient pour assurer leur prise, l'être qui les contrôlait sortit de son esprit, ne laissant à la place qu'un pantin inanimé qui s'effondra, sans vie.

Au cœur même de ce qui fut jadis le Jardin de la Réconciliation.
Yoendel
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Message  Yoendel 22.01.14 14:10

Interruption


« Comme vous le savez tous, notre réunion du jour est primordiale. Je dirais même : vitale. Au fait des événements récents, il devient urgent de trouver une solution. Et cette solution, nous ne pourrons l'obtenir seuls. C'est pourquoi le Conseil a été convoqué. Et le conseil va délibérer les récents faits troublants. »

Personne ne répondit à son introduction. Ce genre de conseil était rare, mais le protocole d'urgence était strict, et le temps de parole laissé à chacun avait son importance. Surtout, ne pas couper sans un motif extrêmement valable.

« Tout d'abord, il nous faut relater les événements récents avec des mots alliant un maximum de détails pour un minimum de propos. Aucun de nous n'ignore ce qui se passe, mais chacun en a une connaissance partielle. Clairement insuffisante, même. En premier lieu, il y aura un tour de table. Chacun de vous parlera à son tour de ce qui se passe chez lui, après s'être brièvement présenté. Pas de coupure. Qui commence ? »

Son autorité était claire. Anoki lui-même, intimidé ne serait-ce que par cette femme, n'oserait pas prendre la parole aussi impunément.

La femme-tigre fut la première à se lever.
Souple, et d'un air à la fois digne et presque écrasant.
Lorsqu'elle commença a parler, Anoki sentit un accent qu'il n'avait jamais entendu auparavant.
Et sa présentation fut brève.

« Enthyvia, du royaume des mers Sombres. Je suis venue à la demande de mon peuple. Pour résumer... »

Elle prit un air dur dans un moment de suspens, mais acheva sa phrase fatalement.

« … le royaume des mers sombres n'est plus. »

La phrase fit un choc dans l'assemblée. Pour autant, la conformité au protocole fit que hormis du remous et des airs effarés, il n'y eut rien de plus et on la laissa continuer. Chester, lui, se contenta de sourire. Anoki, en le dévisageant, fut certain d'une chose. Il savait. Chester savait ce qu'allait dire cette Enthyvia.

Elle prit un air dur et énervé, et son inspiration, avant de continuer.

«  Tout a commencé au crépuscule, il y a de cela trois semaines terrestres, ou encore trois jours solaires. La mer était calme. L'île du royaume, et sa capitale, Ystrianda, s’apprêtaient à fermer les portes du port pour la nuit, comme toujours en période semi-festive. J'étais là, sur les berges... avec la garde. Une intuition. »

Chester pouffa. Elle lui jeta un bref coup d’œil, auquel il répondit par un regard amusé. Elle et l'intuition féminine...
Elle était l'intuition féminine par excellence. Il devait y avoir plus qu'une intuition, sans doute. Une certitude.

Elle se retourna vers l'ensemble du groupe.

«  C'est arrivé par l'ouest. Nul n'a su ce que c'était. Mais les meilleurs guetteurs l'ont aperçu alors que c'était encore à des kilomètres. Puis je l'ai vu aussi. J'ai tout d'abord cru à un navire. Un navire qui fendrait l'eau... à toute vitesse. Et plus rapidement qu'aucun vent, qu'aucun courant n'aurait pu le porter. Ce n'était pas un navire.
Il fendait l'écume... mais il donnait l'impression de grossir et de s'étendre.
Puis j'ai compris. C'était une vague. Une vague qui s'étendait dans toutes les directions.
Mon voisin se mit à sonner l'alarme et s'apprêta à crier « tsunami ! ». Pourtant, ce n'était pas un tsunami. Ce que je distinguais était pire. Une horreur sans nom. Car personne ne pourrait fuir par la mer.
Je dis « s'apprêtait », car il n'en eut jamais l'occasion. L'alarme sonna du côté est. Quelqu'un hurla « vague de glace », et ce fut la panique. En moins de cinq minutes, ladite vague de glace recouvrit l'île toute entière. Elle avait plusieurs sources. »


Enthyvia avait dit tout cela en serrant le poing gauche, ce qui semblait étrange pour quelqu'un qui semblait avoir d'habitude une certaine maîtrise d'elle même.
Puis elle se tut.

La Technicienne la dévisagea et prit la parole.

« comment vous êtes-vous enfuie, alors ? »

L'hybride la dévisagea avec un regard perçant qui en disait long sur la souffrance que ce passage impliquait.

« J'ai un père qui aurait donné cher pour que je puisse partir impunément, mais ce n'est pas à lui que je le dois. Il était au palais à ce moment là. C'est à mon amoureux que je dois ma vie sauve. »

Chester, qui jusque là semblait connaitre le fin mot de l'histoire, s'étouffa. Elle, un amoureux ?? Il l'ignorait... pour autant, s'il devait y avoir quelqu'un, il devinait de qui il pourrait s'agir. Il eut un sourire encore plus amusé et n'ajouta rien.

Elle eut un regard à la fois dur et presque implorant lorsqu'elle sortit de ses vêtement la parure qui allait tout expliquer.
Le collier d'Ismlidris.
Anoki se souvint d'avoir déjà lu les caractéristiques de ce collier dans le livre de magie du phare. Ce collier était une rareté parmi les bijoux des mondes. Fait d'ambre et de lumière, on racontait même qu'il avait été offert par Solveykiel à Chester pour un service rendu. Chester, conformément au souhait de Solveykiel qui savait pertinemment que le Chat n'en aurait pas besoin, lui proposa d'en faire don à un ami de son choix.

C'est pourquoi Chester eut un air effaré en comprenant ce que la présence du collier signifiait.

« Mon amoureux se trouvait à mes côtés sur la berge, lorsque l'attaque a eu lieu. C'est lui qui le premier a vu l'onde glaciale. Lorsqu'il comprit que nous ne saurions lutter contre un tel phénomène... il m'a remis ce collier. Je n'ai eu droit qu'à un dernier instant avec lui... « va avertir le Conseil. Toi seule le peut » puis il a activé le collier. Visiblement, sa magie m'a permis d'être transportée ici. Où je viens désormais avertir le conseil, en ma qualité de fille aînée et dauphine du roi Octavias premier. Je n'ai revu personne depuis, mais lorsque j'ai pu retourner sur le lieu, la citadelle était devenue une mer de glace et un silence de mort avait remplacé le chant des vagues.  »

Chester eut un regard étonné et dérogea à la règle.

« Antonio est mort ?? »

Enthyvia frissonna des pieds à la tête à la mention du prénom de son aimé.

« Je... je ne sais pas. Je l'ignore... »

Puis elle se rassit.

Un silence lourd planait dans la salle.
La technicienne émit un long soupir tandis que le reste de la table échangeait des regards surpris. Enfin, après quelques instants de silence, l'homme jeune au sourire banal se leva, se racla la gorge, et prit la parole.

« Plume, du Royaume des Ouverts. Je vais être aussi bref que la consœur qui m'a précédé : Le royaume des Ouverts, s'il persiste encore, est en proie à un mal que nul ne connait. Les médecins du royaume ont notifié avoir reçu un jour la visite d'un étrange mourant venu du Sud. Son bras était devenu de glace ; Il semblait atrocement souffrir et s'est effondré devant les portes de la ville. On reconnut un paysan autonome à son accoutrement...mais on n'a rien pu savoir de plus.Nul n'a pu comprendre son mal, nul n'a pu le soigner. Au bout d'une nuit, son corps entier était devenu de glace, sans qu'aucun remède ne soit même parvenu à ralentir le processus. Les médecins se sont succédés, puis les guérisseurs, et enfin les prêtres. Par peur, et selon les traditions dans ces cas-là, son corps a été brulé et enterré. L'émoi restait dans les cœurs...
Malheureusement, le lendemain, le mal s'était propagé dans la ville.
Actuellement, plus de 50 % de la population Ouvertoise est touchée. Mon propre père, Trosk, est actuellement en proie à ce mal. C'est pourquoi j'ai été envoyé ici à sa place, dans l'attente d'un espoir pour notre peuple. Et c'est cet espoir que je viens quérir ce soir... »

Il se rassit après avoir embrassé la salle du regard. Visiblement, plusieurs personnes étaient d'accord avec la version de Plume, puisqu'elles acquiescèrent d'un hochement de tête...

La femme emmitouflée dans sa cape se leva, sans sortir de sa protection de velours, et prit la parole :

« Idrys, en provenance des Lieux ombreux. Je l'ai rien à ajouter aux propos du Prince Plume de Mathivia, hormis que les Lieux ombreux sont actuellement en proie au même mal. Nul ne sait son origine, nul ne connait son remède. »

Puis elle se rassit aussi sec.
Derrière elle, la femme-arbre se leva avec une douceur et une souplesse inégalée. Sa parole était claire et fraiche, mais son ton était triste et mélancolique.

« Edry, des Arbres-Mondes. Les arbres de nos forêts subissent le même problème. Pour autant, nos guérisseurs semblent avoir trouvé quelques informations importantes. Ce mal n'est pas un virus. Ce mal n'est pas une maladie. Ce mal est une entité. Une entité dont le génome est aussi limpide que glacial. Une entité qui pourtant échappe à toute notre science, car sa puissance puise sa source dans les racines même de notre univers. Nos arbres se meurent, brulés de l'intérieur et gelés de l'extérieur. Certains d'entre vous ont pu voir ce phénomène, je le sais.-Elle appuya son propos d'un regard vers Anoki, Chester et Enthivia- mais nul n'a pu l'empêcher. Je pourrai apporter mon aide pour chasser ce mal, mais aucun dans mon pays n'a le moyen de le faire seul. Notre science est assez avancée pour savoir qu'elle sera impuissante face à ce mal. Voilà pourquoi je suis venue, conformément à l'appel que nous avons reçu, autant pour apporter mon aide et notre savoir que quérir la puissance des Mondes Unis. »

Puis elle se rassit avec grâce, attendant patiemment la suite des évènements.
Et l'homme au regard dur la suivit.

« Je suis Émile Scrobius, mandaté par le Roi des Marais de Fer pour alerter l'Alliance entre les mondes. Notre monde aussi subit ce mal. »

Il eut un regard hésitant, se demandant s'il en avait assez dit, car il n'avait guère plus que les autres à ajouter, puis il décida finalement de s'assoir.
La femme qui le suivit fut celle au regard clair et au rire cristallin.

« Bonjour à tous. Je m'appelle Andréa, et je viens du Monde aérien. Notre monde est lui aussi atteint d'un mal, qui cependant n'a pas pris la forme d'une maladie mais plus d'un vent glacial. Tout comme les vagues chez certains se sont tues, chez nous, c'est le vent, notre élément vital, qui s'est lui-même arrêté. Une vague glacée, puis les cerf-volants ont chuté, les voiles ont été déchirées, et les moulins se sont arrêtés. Le vol est devenu impossible. L'air est devenu dense... d'une densité de Glace. »

Elle adressa un sourire quelque peu contrit à Enthyvia, puis à Anoki et Chester, et enfin se rassit en se tournant vers le reste du groupe.
La femme au châle avait décidé de se lever.

« La confédération des mers de sable est en proie au même problème. »
Elle eut un regard autour d'elle, se rappela d'un détail, et ajouta à sa description :
« Mélissa, du district Siliceux. »

Puis elle laissa la parole au vieillard au regard trouble.

« Je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit précédemment... en ma qualité de Devin de cette ville, j'ai vu la chose qui nous attaque. Et j'ai vu qui est son pantin. Un enfant ; Un enfant aux pouvoirs prodigieux... C'est moi qui ai convoqué le Conseil, car au pouvoir du Feu et de la Glace nous ne pourrons faire face. Il est noir le jour qui nous couvre, et nul ne verra plus la lumière jusqu'à ce que la glace ne rouille. »

Son propos énigmatique laissa le groupe pantois, mais la technicienne ne le reprit pas, ce qui sous-entendait que ce propos était normal.

Elle décida de se lever à son tour, sous-entendant que le moment était venu d'aborder un degré de réflexion encore plus profond. Anoki nota cependant que ni Chester ni lui n'avaient encore eu droit à la parole, ce qui pouvait signifier deux choses : soit leur tour viendrait plus tard, soit la parole ne leur serait pas donnée.
Elle prit un visage assez sévère, embrassa la salle d'un grand regard lourd, puis prit la parole :

« Déborah, du... »


Elle ne finit pas sa phrase. Un bruit assez assourdissant se fit entendre depuis les escaliers, comme si quelqu'un trimbalait en trombe et semblait lutter contre quelque chose. Tout le monde dans la salle se tourna dans la direction de la porte. Certains, inquiets, comme le dénommé Plume, eurent même un pas en arrière, craignant pour leur vie. La femme à cape avait sorti des poignards de ses poches.
Pour autant, la Technicienne qui présidait se contenta de jeter un regard au devin, qui dédaigna de la tête, serein. Elle se contenta donc d'attendre que la source du tintamarre se fasse connaître.

L'être déboula dans la pièce, envahi par un flot de flammes rougeoyantes et dorées qui tournoyaient autour de lui. Il luttait visiblement contre ces dernières, qui s'acharnaient à le mordre et à le bruler. Mais il tint bon et, dans un ample mouvement du corps entier, il émit une onde qui se propagea dans toute la pièce et éteignit les flammes. Pendant un instant, tout ne fut autour de l'être que fumée. Puis une voix grave s'éleva dans la brume de cendres :

« Solveykiel, de la Frontière. Vos pièges sont efficaces, mais pas assez, je dois vous prévenir.
Et je viens ajouter ma voix à celle de ceux qui en auraient besoin. »

Tout le monde ou presque fut atterré. L'homme qui se tenait devant eux avait éteint les flammes avec une facilité dont peu pourraient faire preuve. Seul le devin eut un sourire.
La Technicienne eut un regard assez effaré, mais n'ajouta rien et se contenta d'observer l'individu.
Chester prit un sourire on ne peut plus amusé. Cette interruption l'amusait au plus au point.
Quant au renard roux, il ne réagit pas. Il connaissait déjà le personnage.

Le dénommé Solveykiel s'avança et fut visible au grand jour. Anoki en avait déjà entendu parler, mais ne l'avait jamais vu...

Solveykiel Senior était l'ancêtre de l'enfant, ou plutôt l'enfant tel qu'il était à son origine. Les deux ne conservaient de ce lien que le nom et les pouvoirs. Tout le reste était obstrué par la différence d'âge et de traits. La présence du Senior promettait d'enrichir énormément la conversation, en connaissance de l'immensité de sa connaissance de pouvoirs de l'enfant qu'il maitrisait également.
Il eut un sourire encourageant envers la troupe et envoya un clin d’œil à Chester.

« Mais continuez, je vous prie. Je suis juste venu aider, pas interrompre »

Déborah reprit donc la parole, après que chacun se soit rassis plus ou moins prudemment et avec un regard intrigué envers le nouveau venu.

« Déborah, disais-je, du monde du Phare. Je... »

Anoki eut un sursaut sur sa chaise à la mention de ce monde, ce qui lui valut quelques regard intrigués. Solveykiel Senior lui posa alors une main sur l'épaule, puis se tourna à nouveau vers Déborah pour l'encourager à ne pas s'arrêter.

« ...je suis, tout comme chacun ici, venue retracer ce qu'il se passe chez nous. Concrètement, les machines, entités mécaniques qui composent une part immense de notre connaissance et de notre existence, se sont arrêtées. Un froid s'est emparé de chaque rouage, de chaque pile, de chaque vérin, et notre monde est voué à l'immobilité la plus totale. Mais, pire encore, en contre-coups est survenue un autre mal : la peur. La peur s'empare de chaque individu, et nous paralyse encore plus que nos machines. Le monde du phare est stoppé par la peur et par la glace. Seul un élément a pu résister à ce cataclysme, et nul ne sait pourquoi et jusqu'à quand cet élément résistera.
Le Phare est le seul élément dont la lueur prouve que les rouages tournent encore. Notre ville rythmée par les rouages a perdu le cours du temps et cherche son ultime salut dans la tour mécanique. Mon peuple souhaite comprendre. »

Solveykiel Senior haussa un sourcil, et sourit. Si le Phare tenait, rien n'était encore perdu.

Déborah acheva son résumé, et prit une courte inspiration.

« Maintenant, je vais demander à ceux qui n'ont pas encore pris la parole de le faire, mais d'abord et avant tout, je souhaiterais que l'on me dise où est le tuteur de l'enfant. »

Elle appuya Chester d'un regard insistant , puis Solveykiel Senior, et enfin Anoki.

« Il est en plein travail. C'est moi qui ai pris sa place »

C'est Solveykiel qui avait dit ça.

« En plein travail ? »
Déborah eut un regard intrigué qui appelait à un peu plus de détails.

« Je suis Solveykiel Senior, et je suis aussi l'être de la terre le plus à même de comprendre l'enfant qui est à l'origine de tout ce chambardement, à l'exception d'un seul : Le Paternel. C'est lui qui, tandis que je viens vous expliquer ce que je dois vous révéler, va garder un œil sur son protégé qui est actuellement entre les mains de l'entité qui vous menace. Cependant, j'en dirai plus après le récit de mes amis ici présents. »

Amusé, ce fut Chester qui se leva à son tour et inspira un grand coup pour délibérément laisser une forme de suspens, non sans avoir montré à tous un regard extrêmement amusé par la situation, regard qui en exaspéra plus d'un.

« Mesdames, Messieurs, je m'en vais désormais vous narrer une histoire dont vous pourrez vous délecter. Une histoire qui va bouleverser les vôtres... Cette histoire implique l'enfant-renard qui se trouve ici présent, et promet quelques éléments palpitants et bien des surprises. Tout commence dans un monde où les enfants sont voués à eux-même, et où notre ami ci-présent est né... Et tout commence par sa quête amusante, quête à laquelle j'ai pu prendre part, mais qui n'a jamais été achevée. Je vous présente, manants de tous les mondes, un conte que j'ai nommé : la Quantique d'un Sauvetage ! »

Chester maintint son auditoire et son récit pendant plus d'une heure, durée que personne n'osa interrompre. Chaque détail expliquait certains fonctionnements importants dans les mondes, et nul n'aurait de toute façon osé interrompre un membre du conseil, fut-ce un chat facétieux qui inspirait chez certains la crainte et le mépris.

Puis enfin, il se tut et soutint chaque regard l'un après l'autre en souriant ouvertement, puis il s'assit d'un air dédaigneux en s'affalant sur sa chaise.

Anoki sentit alors le poids de l'ensemble du groupe se porter sur lui, et parfois sur Solveykiel-adulte. C'était à son tour de parler, il le sentait.

Ravalant alors difficilement sa salive et sa timidité, l'enfant-renard se leva en prenant une grande inspiration, accompagné de son renard qui se hissa sur la table.









« Je suis ... je me présente... Anoki, de... je ne sais pas quel monde. »

Certains eurent un sourire, mais personne n'ajouta quoi que ce soit.

« ...je... j'ai... comme l'a dit Chester, je suis venu chercher mes parents, et dans ma quête, nous avons perdu Solveykiel...
Depuis, j'ai juste du échapper durant quasiment chaque jour au courroux de l'Être des Glaces, et je ne sais pas comment vous aider... Je sais juste un petit peu comment les pouvoirs de Solveykiel fonctionnent, mais Chester vous en a déjà donné quelques éléments... »
Le renard-roux s'avança d'un regard dur vers le centre de la table, attirant à lui une bonne part des regards, pour la plupart intrigués. Il semblait captiver certains, dont celui de la femme-arbre et de la maîtresse des Airs. Cela permettait à Anoki d'avoir moins de regards, et il en fut reconnaissant à son compagnon.
Il se tut au moment où ce dernier passa à côté du voile qui cachait l'objet central, et renifla quelques seconde le satin et l'objet couvert.

La Technicienne se leva à nouveau lorsque Anoki se tut.

« J'aurais, et le conseil avec moi, besoin de quelques éclaircissements quant à votre situation et votre quête. Tout d'abord, qui est ce Renard qui vous accompagne ? Que vient-il faire avec vous ? Ensuite mes questions porteraient plutôt sur Ceux que vous déclarez avoir affrontés. Oubli, Regrets, l'être des Glaces et les autres, que sont-ils, et qu'est-il advenu d'eux ? Enfin, il vous faudrait nous donner des détails sur le Monde des Résidus et sur le Jardin de la Réconciliation. »

Anoki s'apprêta à nouveau à prendre la parole lorsqu'une voix se fit entendre.

« Veuillez pardonner mon mutisme et mon manque de civilité à l'égard du Conseil, mais je tairai mes origines et sommerai mon compagnon de ne pas vous en dire plus à mon égard. Si enfin je dois me justifier, je le ferai personnellement. »

Enthyvia tomba de sa chaise, et Déborah eut un air à la fois dur et estomaqué. Chester ne cacha pas sa surprise mais la rattrapa vite. Le Conseil avait vraiment des surprises à apporter et il s'en délectait.

Le Renard roux se tourna vers Anoki avec un regard profond qui en sous-entendait beaucoup. Anoki eut un regard à la fois compréhensif, et stupéfait. Ils se comprenaient assez pour ne pas avoir besoin de mots pour converser, mais lui aussi ignorait ce détail.

Enthyvia se releva d'un air choqué et n'osa plus lever les yeux sur le renard roux. Son ton s'était pour le moins empourpré, car celui qu'elle avait pris pour un vulgaire compagnon de route d'un enfant sauvage avait soudain pris un tout autre titre.

« le derniers des Maîtres-Renards... »

Elle n'avait pas pu s'empêcher de murmurer ce descriptif.
Le Renard roux s'arrêta d'un coup et se tourna vers elle, et lui imposa un regard perçant.

« D'où tenez-vous cette information ? »

Le ton était impérieux, et même la dauphine d'un roi des mers ne put faire autrement qu'obéir docilement. Elle releva les yeux d'un air mal a l'aise et commença son explication.

« Dans nos contrées... on raconte une étrange histoire à propos d'animaux qui parlent... les ancêtres des hybrides, disent nos grand-mères au coin du feu... Il est dit que ce sont les maîtres de plusieurs mondes, de grands solitaires qui possèdent des clefs pour se rendre à plusieurs endroits et veiller sur leurs mondes comme sur leurs propres enfants. Cependant la légende raconte que ces solitaires ont disparu des mondes lorsque les Humains sont apparus... j'ignorais qu'il en existait encore...on disait juste qu'un Être avait décidé de rester. Certains parlaient d'un Loup, d'autres d'un Renard, mais dans tous les cas un solitaire qui va et vient sous la forme d'un simple animal en veillant silencieusement sur l'ensemble des êtres. Un protecteur... »

Le Renard resta un instant sans réagir, puis prit la parole.

« Ces légendes sont des mensonges à base de vérités... Les Maîtres-Animaux n'ont pas disparu. En revanche, je reconnais que certains fondements sont irrémédiablement vrais. Entre autre, vous ne trouverez pas d'autre Canidé des Temps Immémoriaux à cette époque, je le crains. »

Puis il se tut et descendit de la table, pour s'installer auprès d'Anoki et se poser à ses pieds d'un air digne. Aux yeux d'Enthyvia, l'enfant prit instantanément une autre prestance. Même si elle ne comprenait pas grand chose au concept de dualité, le seul fait de savoir que l'enfant-hybride était considéré comme un égal par le renard était un signe d'un immense estime. Les apparences l'avaient pour le moins trompée pour le coup, et elle se promit de faire plus attention la prochaine fois.

Solveykiel-adulte sourit et reprit la parole.

« pour le reste, je répondrai à ces questions. Oubli, Incohérence, et Inexistence sont trois entités. Trois mécanismes, pour être exacts. Il sont là et sont le ciment qui lie nos mondes. Ce sont des mécanismes auxquels nous avons échappés, mais ce sont eux qui nous ont forgés. Je ne vais pas ré-expliquer l'histoire de nos mondes, car certaines de vos croyances s'y confrontent et mon but n'est pas de débattre théologie. Vous devez juste comprendre qu'ils ne sont ni vos alliés ni vos ennemis.
Cependant les derniers éléments que j'ai pu regrouper tendent à montrer qu'ils se sont faits avoir, comme nous, à leurs propre piège. Ils ont enfermé Anoki pour achever le Système dont ils ont la garde, le monde même des Résidus et tout ce qui s'y rapporte, mais ils sont aussi tombés sous le contrôle de l'Être des Glaces, tout comme Solveykiel-enfant l'est maintenant. Comment Solveykiel s'est-il fait avoir ? Ceci est ma faute, je le crains. J'ai vu l'apparition de l'onde de Glace, mais je ne l'ai pas reconnue et en ai sous-estimé le danger. Si je l'avais su, je serais attelé au problème depuis longtemps et n'aurais jamais laissé Solveykiel se porter au secours d'Anoki. Car le non-monde que Chester nous a décrit s'est vu envahi par cette onde. L'être-frontière qui séparait ce non-monde a été le premier contrôlé. Puis Regret s'est fait toucher alors que Chester et Solveykiel venaient d'entrer. Puis le Paternel a sauvé l'enfant, qui pour autant s'est fait avoir peu après par l'être frontière. Nous avons tous été surpris. Quant à Oubli, il s'est fait geler peu après. Il est actuellement enfermé dans son propre non-monde, avec l'ensemble de ces mécanismes. Le monde des Résidus est voué à lui-même.
Enfin, qui est l'être des glace ?? qu'est-ce que cette entité qui vous attaque et vous détruit aujourd'hui ? Ma réponse est simple : Nul ne le sait. Je sais juste qu'elle partage un point crucial commun avec certains d'entre nous. Anoki, Chester, Moi et l'enfant, tout comme son tuteur, avons une immense part de génome qui coïncide avec le sien. En d'autres termes, si je devais lui donner un nom, je l'appellerais... notre Chaos intérieur.
Et en connaissance de la force de nos pouvoirs, je crains et appréhende le pouvoir que ce chaos peut posséder. »

Il appuya son propos d'un soupir et se tut.

Dans la salle, on attendait la suite.

Ce fut la Technicienne qui prit la parole.

« Donc, si je résume bien : Depuis des jours, un chaos s'abat sur chacune de nos contrées. Ce chaos se répand tantôt sous la forme d'une vague, tantôt sous la forme d'une maladie, mais dans tous les cas sous une forme glaciale et métallique. Cette entité est en réalité douée de volonté propre, et nul ne connait son but, hormis qu'il ou elle a pris possession d'un enfant aux pouvoirs démesurés et cherche en partie à détruire ceux qui pourraient s'y opposer, dont l'enfant-hybride ci présent. Et dont chacun des peuples libres des mondes réunis.
Enfant qui a contenu en lui l'ensemble de nos mondes suite à la réactivation de résurgences magiques dans le Phare qui surplombe mon pays, puis qui suite à ses mésaventures dans ce que vous nommez le Monde des Résidus et un Non-monde a perdu quelques années, dirons-nous. Son salut est dû à Solveykiel-adulte ci-présent qui a pu à la fois le sauver et, s'étonnant qu'on ne l'ait pas averti plus tôt de ce genre de singularité, a pu retirer l'ensemble des mondes fondus en l'enfant, ramenant une sorte de calme dans les troubles spatio-temporels engendrés.
Sauf que ces troubles spatio-temporels ont mené à l'arrivée importune de l'abomination qui nous préoccupe, abomination dont beaucoup ont sous-estimé la valeur jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard et que le mal ne se soit répandu comme une trainée de poudre.
Quant aux quatre mécanismes de défense du Méta-monde des Résidus, Inkoherenz, Inexistence, Oubli et l'Extraction, nul ne sait ce qu'il est advenu d'eux avec certitude. On peut juste supputer qu'ils sont actuellement sous l'emprise de cet Être des Glaces.
En attendant, l'enfant-hybride n'a toujours pas retrouvé ses parents, et son ami est lui aussi sous le joug de ce chaos intérieur. Et nos peuples en pâtissent actuellement. »

Elle prit un temps de pose et une inspiration, avant de conclure.

« Alors, que devons-nous faire ? »

Solveykiel adulte leva les yeux vers elle.

« Je crains qu'il n'y ait pas d'autre solution que commencer par le commencement. Il faut délivrer Solveykiel du joug de cette créature, sans quoi notre chance de la vaincre est nulle. »
« Et comment ? »

Ce fut le devin qui pris la parole.

« Il existe un moyen. Dans une Tour de Lumière se terre un Tranchant qui pourrait détruire chaque Lien, anéantir les fils entre le Pantin et le Marionnettiste, entre l'Esclave et le Maître. Un Tranchant qui est à même de rompre les Chimères et de rebâtir les Souhaits. Dans une Tour aux Mécanismes Altérés se trouve ce moyen. Nul ne peut le saisir, à l'exception de celui qui l'a déjà touché, de celui qui l'a déjà atteint.
Mais prenez garde ! Cet Objet est la Puissance de notre Ennemi. Cet Objet est celui qui mettra fin au joug de la Glace ... ou est celui qui le rendra tout-puissant.
Le bâton de Puissance sera le Dernier Rempart à soutenir les faible... ou la première Prison qui les détruira. »

Le silence s'abattit sur la salle entière.

Personne n'ajouta quoi que ce soit.

Enfin, Solveykiel se racla la gorge.

« ... je ne vois qu'un seul lieu qui corresponde à la description... »

Déborah se leva et passa derrière plusieurs personnes pour s'approcher du cœur de la table et du voile qui cachait son objet.

« ...moi aussi. Et le seul moyen actuel pour s'y rendre est ici, sous ce voile. »

Elle se saisit du voile et le retira d'un coup, exhibant l'objet à la vue de tous.


Anoki et Chester se levèrent d'un coup, posant les deux mains sur la table d'un seul mouvement, choqués.

Un objet que chacun des deux put reconnaître.

« Le Sablier ! »
Yoendel
Yoendel

Humeur : variable... dérivable... et même C-infinie

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Par Chaleur et par Glace. Empty Re: Par Chaleur et par Glace.

Message  Yoendel 04.02.14 13:43

Explication préliminaire : Ce post aurait du arriver bien plus tard, mais pour des raisons personnelles, il est devenu nécessaire de le poster maintenant.

Résumé :
Précédemment, le conseil constitué de 9 membres de mondes différents, auxquels se sont ajoutés Anoki et son renard, Chester et enfin Solveykiel senior, était en pleine délibération pour savoir de quoi il en retournait sur les problèmes entre les mondes et sur l'arrivée du Chaos. Durant les délibérations, certains faits ont été révélés, comme le fait que le Renard Roux, silencieux jusqu'à présent, était bien plus que ce qu'il laissait paraître, étant entre autre doué de parole et chargé de veiller sur certains mondes.
Enfin, suite à une annonce du devin, Deborah, présidente du conseil et Technicienne provenant du monde du Phare, a dévoilée l'objet qu'elle a apporté sur la table, un sablier qui n'a pas manqué de choquer simultanément Anoki et Chester.






Les deux protagonistes se jetèrent un regard étonné mutuel, puis se retournèrent vers la reproduction du sablier qui trônait au centre de tous les regards...
Un petit sablier de cristal d'une vingtaine de centimètres de haut, avec pour contenu des arc-en-ciel virevoltant de façon chaotiques... un Sablier qu'Anoki reconnaitrait entre mille.


« Cet objet est de facture Sylnadrielle !! C'est ...c'est une reproduction du joyau de la ville ! »

Chester n'en croyait pas ses yeux.
Il secoua la tête, reprit un sourire amusé puis se rassit en marmonnant « décidément, cette réunion ne manque pas de rebondissements... »

Anoki, lui, voyait autre chose dans ce sablier. Le souvenir enfoui d'une montée en haut d'un phare...
Déborah reprit la parole :

« ce sablier est le moyen le plus sûr pour se rendre dans le Phare de mon monde. Et toute la question est : Lesquels d'entre nous iront ? »

Elle eut un léger sourire avant d'ajouter :
« Bien sûr, j'en vois deux qui m'ont tout l'air d'être choisis d'office. Le premier parce qu'il a déjà visité le phare et le second... car il trouverait amusant d'y aller. Cependant, je tiens à mettre en garde chacun : Le Phare est à la fois sacré et chargé en énergie. S'il y a un endroit qui va devenir la cible de notre ennemi dans les prochaines heures, c'est bien celui-là. Si ce n'est pas déjà le cas à l'heure actuelle. »

Elle se tourna vers le reste du groupe : « Alors, qui d'autre ira ? »

Les regards se tournèrent vers Déborah, mais personne n'esquissa le moindre geste pour se lever.
Elle s'apprêta à ajouter quelque chose, lorsque Enthyvia se leva.

« Dois-je comprendre que tant que cette chose ne sera pas retrouvée, je ne pourrai pas prétendre voir la reconstruction de ma contrée ? Si oui, j'estime qu'il sera en mon devoir de vous accompagner. Cependant si je pouvais retrouver mon Aimé, je préfèrerais largement le faire avant, voyez-vous. Mais je vous aiderai dans tous les cas. »

Elle se rassit à nouveau, au moment où Edry, la femme-arbre, se levait.

« Je ne puis vous accompagner dans ce périple. Trop de monde ici a besoin du savoir de mon peuple. En revanche, si je puis me permettre, je connais quelqu'un qui pourra vous aider. Quelqu'un dont la présence pourrait même s'avérer indispensable. Il est assez froid, assez distant, mais au moins, le Chaos ne devrait avoir aucun pouvoir sur lui. En revanche, il ne viendra pas seul. Mais il viendra. Bien que celui qui l'accompagnera sera bien plus en danger que quiconque d'autre face aux pouvoirs de ce Mal. C'est pourquoi je tiens à prévenir. Si je vous propose un allié de choix, je suis en train de vous proposer du même coup un poids à prendre en compte. Serez-vous d'accord ? »

Elle observa Anoki d'un regard assez lourd, puis se tourna vers Chester et Enthyvia, et enfin le Renard roux.
Ce fut Anoki qui répondit.

« Je... tout allié sera le bienvenu. Même si cela rendra la tâche ardue. »

Chester eut un sourire amusé et ajouta :

« Qui est-ce ? »

Edry répondit directement.

« Ederial, accompagné de son compagnon, opposé et conjugué, Yliann. »

Chester eut un sourire énigmatique. Edry se sentit obligée d'en dire un peu plus.

« Ederial est connu sous un autre nom. Lui et son compagnon habitent dans un monde assez solitaire, proche du mien ; ils sont comme chien et chat, et pourtant bien plus proches que vous ne pourriez le croire en les voyant. Ederial est souvent surnommé Vernunfter, Celui qui Raisonne. Quand à Yliann, il est plus connu sous le nom d'Empfinder, Celui qui éprouve. »

Chester haussa un sourcil, légèrement surpris.

« Va pour Ederial et Yliann, alors. Ce pourrait être amusant. »
Le Chat semblait avoir une idée précise de ce qui pourrait l'amuser chez ces deux là, mais Anoki, lui, l'ignorait.

Solveykiel adulte prit la parole. « Moi comme le Paternel viendrons. Ou plutôt, nous nous relaierons pour cette quête. »

Derrière, un silence s'installa.
Le Renard roux avait fait un regard entendu qui signifiait que son cas était réglé, et qu'il suivrait le Renard bleu n'importe où.
Mais le reste de la troupe était visiblement mal à l'aise à l'idée de se retrouver embarqué dans une quête du genre.

Puis soudain, alors que la Technicienne s’apprêtait une fois de plus à reprendre la parole, Andréa se leva, puis, après s'être mordue la lèvre inférieure de doute, annonça sa participation.

« très bien. »
La Technicienne eut un air approbatif.
« Et quant à moi, je ne pourrai pas résister à l'idée de venir vous accompagner. C'est mon monde, je le connais bien, et de plus on parle de visiter une relique légendaire de chez nous. Aucun des miens ne me pardonnerait de ne pas participer. »
Elle avait ajouté ce dernier détail avec un léger sourire en coin qui en surprit plus d'un.

«  très bien. Nous serons donc  – elle fit un rapide calcul  – neufs compagnons à partir à la conquête du Phare et de son secret. Quelqu'un a-t-il encore quelque chose à opposer, ou a apporter ? »

Aucun mouvement ne se fit percevoir dans la salle.

« très bien. Je vais donc brièvement expliquer le fonctionnement de ceci », dit-elle en s'approchant à nouveau du sablier miniature.
« comme d'aucun l'ont compris  – regard à Chester – il s'agit d'un objet de facture Sylnadrielle, une relique des onze sabliers qui existèrent jadis pour coordonner les mouvement dans et hors de la ville. Onze sabliers miniatures, et trois sabliers gigantesques. Il n'en reste aujourd'hui plus qu'un géant, qui avait été transporté pour réparation et études dans mon monde. Il a donc échappé à la destruction de la ville et se trouve actuellement depuis des générations dans le Phare. Quant au sablier miniature sous vos yeux, c'est en fait l'un des seuls éléments qui a pu être retrouvé sur les ruines de Sylnadril la Brillante après son extinction. Nul ne sait par quel hasard ou par quel miracle ce sablier y a échappé. »

Certains des représentants présents se montrèrent plus intéressés par l'objet. On put même y voir chez Plume une légère lueur de convoitise.
« Toujours est-il que le fonctionnement est simple. L'activation de ce sablier pourrait permettre d'ouvrir un portail, portail qui échapperait au contrôle du Prince des Frontières. Et ainsi nous permettre de rejoindre le Phare sains et sauf, directement. »

Emile Scrobius se leva, signifiant qu'il avait une remarque à apporter.
« Pourquoi une troupe entière pour juste aller trouver un objet dans un phare ? Je veux dire, si l'ennemi n'y est pas encore, il faudrait le moins possible attirer l'attention sur nous, et le phare n'est pas si vaste, si ? »

La remarque fit mouche, mais Solveykiel se contenta de sourire.

« Le Phare est trompeur. Sa taille est variable selon qui y est, et ce que l'on y fait. Quant au nombre, je doute que l'endroit ne soit sûr, même si mon avatar enfant n'y est pas encore. Cette quête vaut bien que l'on y mette les moyens, non ? Et, si je puis me permettre, les braves guerriers seront inutiles dans les murs de vos cités. Nous affrontons un mal qui, une fois à votre porte, est dors et déjà vainqueur. Ils ne pourront qu'être plus efficaces dans cette quête. »

Émile approuva, et se rassit. Cela lui suffisait.
Cependant Plume avait une autre question.

« Et comment active-t-on ce sablier ? »

La Technicienne approuva la question d'un signe de tête.
« Justement. Nul ne sait comment lui apporter l'énergie nécessaire au transfert. Beaucoup ont recherché ce moyen, qui devait être à la portée de n'importe quel Sylnadrilien, mais qui malheureusement n'a pas subsisté au sort de la cité. »

La remarque fit du bruit et sema le désordre. Les gens oscillaient entre scepticisme et espoir.
Mélissa se leva et invectiva la Technicienne :
« Mais alors ce moyen de transport est totalement inutile ! »

Ce à quoi Edry, se levant à son tour, répondit que rien n'était moins sûr.
Emile Scrobius, lui, n'y croyait guère.
Alors qu 'Andréa lui reprocha de céder trop vite au désespoir.

Et Plume prit enfin la parole, ajoutant à brûle pourpoint que si pour seulement envisager de sauver tous les univers, il fallait partir à la chasse à un truc dont on ne savait rien dans un phare dont on ne savait presque rien, avec pour moyen de transport un truc dont on connaissait encore moins de choses et qui ne fonctionnait peut-être pas, alors c'était couru d'avance. Si un moyen existait, ce n'était pas celui-là, d'après lui.

La Technicienne, pour le coup légèrement piquée au vif, commença à répondre à ces accusations, tandis que Chester souriait à pleines dents. Anoki désespérait presque devant tout ce chahut, et se tournait vers Solveykiel qui regardait le comportement de Plume, lorsqu'un second bruit surprit tout le monde, à nouveau en provenance des escaliers, et intima un second silence.

Cette fois, plus personne ne pensa à sortir une arme ouvertement. Mais par prudence, d'aucuns placèrent leur main sur la garde de leurs lames.

Le bruit qui se faisait entendre était celui de quelqu'un qui dévalait les escaliers. Ce bruit était d'ailleurs étrange, puisque Anoki y trouvait une impression de souplesse qu'il n'avait jamais entendu auparavant.

Pour la seconde fois durant la réunion, la porte s'ouvrit dans un tumulte, et un individu déboula dans la pièce sous le regard suspicieux mais néanmoins surpris de la plupart des participants.

L'Être qui fonça vers eux et particulièrement vers Anoki – plus proche de l'unique porte d'entrée et de sortie – fut l'un des plus étranges qu'il lui ait été donné de rencontré durant sa vie. Il le détailla avec un intérêt que jamais il n'avait porté à quelqu'un d'autre, les yeux écarquillés d'émerveillement.


L'humain qui se tenait joyeusement sous ses yeux n'avait rien de physiquement extraordinaire au premier abord. Cependant, à y regarder de plus près, tout en lui était fascinant, plus encore que ne pouvait l'être le mystérieux Chat pour un inconnu. Anoki commença par noter le sourire franc et joyeux du nouveau-venu, sourire qui était presque contagieux et qui s'élargit en reconnaissant Edry, qu'il alla saluer avec chaleur et vivacité, ne se gênant pas le moins du monde pour la serrer dans ses bras. Un sourire au regard bleu pétillant... un sourire inoubliable.
Ce garçon était moyen-grand, d'un bon mètre soixante-dix, et semblait avoir dans les 16 ou 17 ans. Le pronostic, chose étonnante, était flou pour Anoki. Comme si le personnage avait 17 ans mais en paraissait 15 ou 16 tout au plus.
Quant à son accoutrement, il n'en avait tout simplement jamais vu de pareil. Un vêtement ultra léger, si léger qu'Anoki eut rougit s'il eut tenté de porter cela lui-même, et ce malgré son âge et son insouciance enfantine accentuée par son rajeunissement récent. Ledit vêtement était de couleur brun clair, fait dans une matière ressemblant à un tissu de feuilles séchées, mais en plus unis.
Le plus étonnant était pourtant non le vêtement, mais bien la peau que le vêtement ne cachait pas. Lisse, étonnante, sublime. Irrésistible.
Le Renard bleu fut sidéré. C'était comme si le vêtement avait eu pour but de cacher le minimum syndical, mais que dans son monde, le garçon n'avait pas d'énormes moyens pour en faire plus. C'était un costume deux pièces -courtes- qui laissait voir à la fois l'ensemble des jambes et des pieds, le ventre entier et le bas du dos, les bras et la base du cou. Il n'y avait pas de sandales. Il était même plus court de lister ce que le vêtement cachait que ce qu'il laissait à la vue de tous, puisqu'il n'y avait guère qu'une partie des épaules, un peu de la poitrine et les parties intimes qui étaient ôtées de la vue de tous.

Chester fut assez choqué, mais aussi très amusé, et Solveykiel Senior ne cacha pas non plus une certaine forme de surprise lorsque l'enfant s'avança vers la technicienne d'un pas ultra-souple et à l'aise, pour s'incliner joyeusement dans un mouvement souple de ses cheveux châtain-doré mi-long avant de se tourner vers toute la salle avec un immense sourire.

Son accoutrement n'aurait vraiment pas gêné Anoki si l'adolescent presque adulte devant lui n'avait pas autre chose de plus... Il cherchait exactement le terme...

« Le terme magnétique conviendra, je pense. Mais si tu cherches un terme plus approprié, je te suggère de choisir entre attirant, exaltant, fascinant, fantasmant et irrésistible. Pour information, le terme fondant aussi est vrai, mais il est réservé à mon usage personnel. »



La voix qui avait susurré ces phrases à l'oreille du Renard Bleu laissa légèrement transparaître un air amusé, et Anoki se retourna vivement, rougissant et croyant avoir affaire à Chester. Mais la vérité était plus troublante encore.

Derrière lui, silencieusement, s'était glissé un second garçon, plus vieux que le premier. Paraissant avoir une vingtaine d'années, mais avec tout autant de flou quand à la précision de son âge, il portait une chemise à jabot claire et des vêtements heureusement plus couverts que le premier. Il avait de long cheveux châtains sombre proprement attachés en arrière, et si son costume était moins perturbant que le premier, il était pourtant élégant à voir et possédait lui aussi un potentiel attirant, bien qu'incomparable à celui du premier. Il sourit vaguement en dévisageant Anoki, ce qui lui donnait un air encore plus attrayant, puis jeta un coup d’œil au premier nouveau venu qui, lui, revenait vers eux avec un sourire toujours plus éclatant.

« Oui, je sais », commenta celui en chemise qui avait susurré et fait sursauter le Renard bleu. « Il y a bien du monde, et c'est l'occasion de s'amuser tout en se faisant pleins d'amis. »

Son sourire était plus caché, comme s'il ne souhaitait pas trop montrer que ça l'amusait. Mais son compagnon ne s'y attarda pas et se contenta de laisser transparaître dans son regard une grande admiration.
Ce dernier s'apprêtait à répondre lorsqu'il vit le regard ébahi d'Anoki et lui adressa un petit clin d’œil.

« Ederial est doué pour comprendre comment je fonctionne. Et comment tout le monde pense, on dirait. »

Cela n'améliora pas l'état de l'enfant-renard, qui se sentit encore plus gêné à la fois par l'homme à la chemise et celui si légèrement vêtu.

« Oh, ne t'inquiète pas », continua ce dernier avec un immense sourire encourageant, souhaitant apparemment rassurer l'enfant. « Il est généralement plus neutre et inexpressif, mais il n'est pas méchant. C'est juste perturbant pour certains de savoir qu'il lit en nous comme dans un livre ouvert. »

Anoki balbutia une réponse que personne ne comprit. Il aurait voulu dire que ça se voyait, car le regard du soit-disant Ederial était perçant et vif, comme s'il voyait tout de la pensée des gens. Mais ce n'était qu'une extrême faculté de déduction.
Et il ne parvint pas à exprimer cela. Son esprit était littéralement ailleurs.

Ederial, redevenu assez neutre, tendit la main et ramena son compagnon en arrière, pour l'éloigner d'Anoki.

« Je crois que, comme à ton habitude, tu ignores que c'est TOI qui as un potentiel attractif démesuré, et que je le perturbe moins que toi. »

Son interlocuteur eut une petite moue, exprimant le fait qu'Ederial exagérait, mais n'ajouta rien de plus, tandis qu'Anoki commençait à reprendre ses esprits. Ederial en profita pour enfoncer le clou :

« Méfie-toi d'Yliann », affirma-t-il au Renard Bleu en désignant du bout du nez d'un air inexpressif son compagnon qui avait repris son sourire et s'intéressait au renard, roux cette fois. « Tu n'as pas idée du potentiel dont il fait preuve de façon en grande partie inconsciente. Heureusement, je suis souvent là pour le réprimander et lui remonter les bretelles. Cependant méfie-toi de lui, surtout toi qui as les sens plus affutés que tout le monde ici. Reste plus de quelques minutes à l'admirer et son magnétisme est tel que tu en perdras la raison. Et je sais de quoi je parle. Techniquement, tomber amoureux d'un tel type est impossible. Mais avec un tel attrait, c'est mort... »

Il avait appuyé son explication de gestes amples des bras, ce qui mettait en valeur les manches de sa chemise.
Anoki secoua la tête, gêné qu'on s'adresse à lui en priorité, comme s'il était pris en faute pour avoir pensé quelque chose de déraisonnable. Puis il regarda autour de lui et le résultat qu'il observa fut un rare spectacle.

S'il avait visiblement été le plus gêné de tous (du moins en apparence) en rougissant violemment à la vue d'Yliann, les autres n'étaient pas en reste. Chacun semblait distinguer en Yliann une grande partie de ses propres désirs et de ses propres fantasmes... Ederial avait vu juste.


La moitié des femmes du groupe, à l'exception d'Edry, Enthyvia et la dénommée Idrys (provenant des Lieux ombreux) ne pouvaient détacher leur regard de ce dernier. Il avait provoqué une brusque montée d'hormones dans la pièce, étouffante pour Anoki lorsqu'il s'en rendit compte.
Le Renard roux, quant à lui, fier de sa dignité, n'eut aucun problème de ce genre.
Quant aux hommes, on aurait pu croire que le fait qu'Yliann soit un garçon aurait permis plus de détachement de leur part. Mais ce n'était pas vraiment mieux.
Le devin n'était pas dérangé... mais le reste...
Plume avait un regard tout autant scotché qu'Andréa, ce qui n'était pas peu dire.
Émile Scrobius semblait avoir plus de force mentale, mais son contrôle était versatile. Il ne cessait de cligner des yeux en tentant d'arracher son regard pour le tourner vers d'autres points, comme par exemple Ederial qui l'intriguait, mais il n'y arrivait tout simplement pas. Pas plus d'une fraction de seconde, en tout cas.
Solveykiel adulte, passé le premier choc qui avait été rude, était actuellement en train de rire aux éclats, en regardant son voisin qui lui, n'en menait vraiment pas large.
Le sourire amusé de Chester était au début resté figé. Sa surprise initiale avait viré à une forme d'amusement, mais il ne s'était pas rendu compte du potentiel attractif d'Yliann qui somme toute avait presque son âge même s'il en paraissait bien moins.

Actuellement, le Chat n'avait plus aucun sourire et ses bras étaient ballants, et ce qui se passait en lui était un vrai mystère. Une lutte entre la part sauvage en lui et sa part douce faisait rage, la première souhaitant montrer les griffes et la seconde se contenter d'être sage, gentil et obéissant. Anoki put voir avec surprise l'un des plus rares évènements imaginables. Il aurait suffit d'un geste d'Yliann pour que Chester soit amadoué. Un seul mot de sa part pour transformer le fier, amusé, joueur et orgueilleux félin en le plus docile des pantins, le plus obéissant des chats. Anoki se retint de rire à grand peine, se tenant la bouche d'une puis des deux mains.
Chester était tellement bloqué que même Yliann s'en rendit compte. Il agita la main devant lui pour le réveiller, l'air légèrement gêné et embarrassé.

« Qu'est-ce que je disais... »
Ederial, qui avait soupiré à la vue de ce triste spectacle, s'avança, écarta Yliann d'un mouvement à la fois sûr et doux, et, d'un coup d'un seul, sans prévenir, asséna un bon coup de poing à Chester.

L'effet fut radical.
Et le réveil du Chat, Ederial put en témoigner par la suite, ça fait mal.
Le réflexe partit sans prévenir, lui non plus.
Chester réagit d'un coup violent du bras, et une griffure défigura immédiatement la joue d'Ederial. Dans un mouvement de prévention, il lui asséna une clé de bras, le retourna immédiatement et menaça directement son cou avec ses griffes de la main droite, brutal.

Solveykiel réagit vivement lui aussi, et réussit à mettre la main sur un Chester passablement énervé et à lui maintenir fermement le poignet.

Le Chat cligna des yeux. Il mit une bonne seconde à comprendre... puis relâcha Ederial, avec un sourire amusé et pour une fois, honteux et presque mélancolique.
« Je vois...amusant. Désolé. »
Ce fut la seule phrase qu'il donna après cet épisode, et n'ajouta rien de la soirée. Il ne jeta même plus un regard à Yliann, sachant à quoi s'en tenir, et se méfiant désormais de la force de gravité de ce dernier.

Ederial toucha sa plaie de trois griffes sur la joue, qui saignait légèrement, mais se contenta de hocher la tête avec ce qu'on aurait pu prendre pour un début de sourire mi-forcé mi-amusé..
« ça va, j'ai l'habitude. Yliann a le défaut d'être incapable de se contenir. Faire profil bas lui est impossible. »


Anoki, en voyant tout cela, fut assez choqué. S'il avait été un peu plus vieux, comme quelques semaines auparavant, aurait-il été dans un état semblable ? Sans doute...
Yliann, quant à lui, sourit d'un air un peu gêné et attristé, culpabilisant tout autant sinon plus que Chester. Les remontrances et la blessure d'Ederial le blessaient bien plus qu'il ne le montrait, et Anoki le sentait bien. Il ne put d'ailleurs s'empêcher d'avoir une bouffée de pitié envers Yliann qui avait du vivre dans un climat constant de magnétisme involontaire, et avait sans doute du subir des propositions aussi nombreuses que déplacées.

Et Anoki comprit enfin pourquoi Edry avait déclaré qu'Ederial et Yliann étaient seuls dans leur monde. Sage précaution...
Et Ederial semblait coller à l'idée de Froide logique qu'on lui donnait, ou presque. Ce qui rendait le magnétisme d'Yliann presque impuissant sur lui.
Anoki en fut d'ailleurs assez étonné lorsqu'il le remarqua.
Quel étrange couple, décidément...



Solveykiel adulte lista dans sa tête le nombre de personnes étranges qu'il avait eu l'occasion de rencontrer au cours sa vie. Entre l'habituel Chat, Solveykiel enfant, Yoendel, Anoki et son conjugué, le Paternel, Regrets autrefois, le Semeur de musique, qui engendrait une musique à chaque fois qu'il voyait quelque chose se dérouler et était par conséquent le meilleur barde de tous les mondes, l'Ordinateur Liquide, dont l'intelligence artificielle avait pour curiosité d'étudier les humains qui s'y baignaient, et le Mueur de Nuages, qui convertissait à son contact toute forme de liquide en vie animale, il n'aurait jamais pensé que viendrait s'ajouter encore du monde à cette liste. Pourtant les deux spécimens qui venaient d'arriver étaient pire encore. Et Yliann le perturbait... pas au sens où il perturbait les autre, non. Mais parce que son visage lui rappelait quelqu'un... la finesse des traits... le côté attirant...
Soudain, il se rappela et son visage s'éclaira. Mais à ce moment là, Ederial lui passa devant d'un air décidé, s'approchant pour se saisir du sablier qui trônait au centre de la salle. Il haussa à peine un sourcil, le tritura dans tous les sens, et en moins de trente seconde, le tendit comme un sabre devant lui, pointant du doigt un pan de mur.
Il ne se passa rien, mais apparemment, il eut un léger regard satisfait qui redevint vite inexpressif.

Seuls Solveykiel adulte, Enthyvia, Anoki, le Renard, un Yliann admiratif et un Chester toujours un peu grognon le regardèrent faire avec attention. Même la Technicienne était toujours un peu hors temps.

Ce fut d'abord vers elle qu'Ederial pointa le sablier comme si un laser allait en sortir.

« Ce Conseil a largement assez duré, tout le monde en conviendra. Maintenant, il s'agit d'en réveiller certains et de laisser place à l'action. Ainsi, pardonnez-moi d'écourter le protocole, mais je n'ai pas le choix. »

A ce moment, il appuya sur un côté du sablier, et la Technicienne disparut. Purement, simplement, et sans le moindre bruit. Puis il fit de même avec Andréa.
Lorsqu'il le pointa sur Enthyvia, cette dernière n'était pas rassurée.
« J'ai mon propre moyen de transport... » commença-t-elle.

« Il n'a plus assez d'énergie. »

Et il ne la laissa pas finir. Elle disparut à son tour.
Chester laissa transparaître un sourire légèrement amusé lorsque ce fut son tour.

Puis Anoki lui-même sentit le regard d'Ederial se poser sur lui, et il se leva doucement, appréhendant légèrement la suite.
Il n'y eut rien à appréhender. Pas le moindre changement de souffle, pas le moindre choc, ni même la moindre étincelle... et Anoki était déjà dans le Phare.




Un instant après apparut le Renard roux, que le transport n'avait pas le moins du monde importuné non plus.
Les derniers, ou en l'occurrence les dernières sous l'emprise du charme d'Yliann, à cause de son absence soudaine, venaient de reprendre une pleine conscience et possession de leurs moyens.

Un minute passa. Puis Deux.
Tout le monde s'était relevé, et il avait été convenu d'attendre les trois derniers, c'est à dire Solveykiel-adulte, Ederial et le non moins redouté Yliann. En attendant, on détailla la salle dans laquelle le groupe se trouvait du regard, mais sans déplacer ni même effleurer le moindre objet suspect, et beaucoup de regards s'attardèrent sur l'immense Sablier, reproduction gigantesques de celui qu'ils avaient utilisé pour venir. Anoki se souvenait vaguement de la salle au Sablier, mais il avait l'impression étrange que quelque chose manquait... il ne sut pourtant pas quoi.
Certains posèrent même un regard intéressé sur la Technicienne, attendant visiblement une explication qui ne vint pas à propos des objets entreposés ici. Cette dernière fixait avec trop d'ardeur le point d'apparition des derniers membres du groupe.
Mais ils n'arrivèrent pas.
Au bout de cinq minutes, Andréa se releva d'un bon, percevant quelque chose qu'Anoki venait tout juste de sentir à son tour.

« Là ! Un mot ! »

La Technicienne, plus proche que tout le monde, se pencha et le ramassa.

« Continuez sans nous. Un souci inattendu. On arrive. »

C'était signé Sol2. Une pointe d'humour de Solveykiel ? Peut-être.
La technicienne eut un air un tantinet grognon à l'idée de ces changements imprévus de dernière minute et à ces emprises hormonales, mais suivit l'injonction une fois reçue.

« bon, on y va ! Ils arriveront plus tard ! »

Chester haussa un sourcil, puis se releva du pan de mur auquel il s'était accoudé, avec un sourire un peu plus amusé qu'avant, lançant la question que certains venaient de pressentir comme de plus en plus urgente.

« et donc, quelqu'un a-t-il la moindre idée de ce qu'on doit trouver ici ?? »


Dernière édition par Yoendel le 05.02.14 13:34, édité 2 fois
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Message  Klev 05.02.14 11:06

Yoendel a écrit:de façon chaotiques... un Sablier qu'Anoki reconnaitrait entre mille.


« Cet objet est de facture Sylnadrielle !! C'est ...c'est une reproduction du joyau de la ville ! »

Chester n'en croyait pas ses yeux.
Et à la lecture, on se demande dans un premier temps qui à dit la phrase citée.

Yoendel a écrit:ce sablier est le moyen le plus sûr pour se rendre dans le Phare de mon monde. Et toute la question est : qui de nous ira ?
Pour moi, « qui de nous ira » sonne « lequel d'entre nous ira », et pas « lesquels d'entre nous iront »…

Yoendel a écrit:sous le nom d' Empfinder
Syntaxe ; un espace en trop.

Yoendel a écrit:« comme d'aucun l'ont compris -regard à Chester- il s'agit d'un objet de facture Sylnadrielle, une relique des onze sabliers qui existèrent jadis pour coordonner les mouvement dans et hors de la ville. […]
Si mes souvenirs sont bons, tu as ici fait une incise à l'anglaise ; à moins que ce soit ton style d'écriture favori, il y a plus approprié en français. (L'académie te dirait « Comme d'aucun l'ont compris, dit elle en regardant Chester, il s'agit d'un objet […] ».

Sinon, fais des vrais tirets, et ça se lira mieux : –

Des détails:

Yoendel a écrit:pour coordonner les mouvement
Manque un S.

Yoendel a écrit:Alors qu 'Andréa
Alors que Andréa (et sinon, un espace en trop)

Yoendel a écrit:Pour information, le terme fondant aussi est vrai, mais il est réservé à mon usage personnel.
(Pendant que j'y suis « adapté » ne serait pas plus approprié que « vrai » ?) Comment ça, fondant ? *rit*

Yoendel a écrit:Reste plus de quelques minutes à l'admirer et son magnétisme est tel que tu en perdras la raison.
Est tel ? Mh ?

Yoendel a écrit: pas au sens où il perturbait les autre
Tu as oublié un s. Et « pas de la même façon qu'il perturbait les autres » est plus adapté, relis pour comprendre.

Fini !

Passionnant.

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Message  Yoendel 05.02.14 13:36

Modifications effectuées. Sur ce, je retourne à ma réécriture.
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