Intranisation : Chapitre 5-13: Sang | Évolution parallèle

« Je n'arrive plus! » dit il, se relevant.

Il titubait, et envoyait voler des objets sur son passage. Il perdait son souffle, pleurant. Il semblait brisé.

Il donna un coup de pied dans l'unité centrale, qui tomba sur le sol. L'écran afficha un message d'erreur.

A essaya de l'attraper pour le maintenir. B se débattit puis s’écroula au sol.

« J'ai tout perdu... »

Il se mit a ramper a nouveau.

« Qu'est ce que tu as perdu, bon sang ?! »

« Je... »

Il fixait le sol, se balançant en avant et en arrière, continuant de pleurer.

« Je n'arrive plus... A imaginer. »

Les mots résonnèrent dans la pièce.

Il fixait le sol, a quatre pattes, les poings serrés.

Soudainement un éclair passa dans ses yeux. Il se cabra en arrière, comme dément, les mains semi ouvertes en direction du plafond, les doigts crispés.

Ses yeux inexpressifs balayèrent le plafond tandis que de sa pose tendue il retombait sur le coté comme sous les effets d'une douleur innommable. Il cracha du sang.

Il leva des yeux implorants vers ses amis, comme voulant dire quelque chose d'important. Un immonde borborygme prit la place de sa voix quand sa bouche s’anima.

Ses traits se crispèrent de plus bel tandis qu'il levait une main vers eux.

Puis il s'effondra, comme au ralenti. Sa poitrine heurta le sol, lui arrachant son dernier souffle, tandis que sa main retombait, dernier vestige de la conscience d'un esprit détruit.

"Non..." osa a peine dire A.

Le silence qui suivit fut des plus lourds.

Quand M se retourna pour le chercher des yeux, il vit que C avait disparu. "Mais..."

Les mots suivants restèrent bloqués dans la gorge de M.

"Non..." reprit A une seconde fois.

Il se passa un nouveau silence.

"Non... Non, non!" explosa A. "C'est impossible! Qu'est ce que c'est que ce b*rdel?!" Dans sa voix, on entendait qu'il ne voulait pas y croire.

Il parcouru la distance qui le séparait de B a pas rapides.

"Bord*l de me*de!"

M restait derrière, figé, avec une sensation similaire a celle qu'il aurait pu avoir si il se trouvait devant une équation qu'il n'arrivait pas a résoudre.

"C'est... Non... Si?..."

"PUT*IN! IL EST MORT!" Beugla A. "Non, c'est pas possible..." Il allait s'effondrer, abattu, quand il releva la tête avec vivacité.

"Il faut qu'on parte, M."

"Quoi?"

"On va nous chercher, on va penser que c'est nous, qui avons fait ça!"

"Mais... Et C?"

"Mais rien a foutre, il va très bien se débrouiller tout seul!" Dit il d'une voix qu'il n'avait pas voulu si forte. "Rien a faire, on doit fuir! Sortir de ce pays, puis de l’Europe, on a pas le choix!"

M repensa a ses études, qui allaient partir en poussières avec le plan de A. Il eut honte de ne pouvoir penser qu'a ça dans un moment pareil.

"... Tu dois avoir raison..."

A sembla remercier M du regard de ne pas l'avoir obligé a un insister plus. Il se dirigea vers l'ordinateur dont le message d'erreur n'avait de cesse de clignoter.

"Récupère en le plus possible, et met ça dans une des valises..." dit il en parlant des installations. Il éteignit l'unité centrale. "Je récupère le Disque Dur, B n'aura pas fait tout ça pour rien..."

Les pensées de M volaient d'un objet a l'autre, faisant le tri rapidement dans toute la pièce. Il repensa a C, se demandant ou il était partit...

Rapidement, plus rapidement qu'ils ne l'auraient imaginé, ils avaient terminé. Ils rangèrent ensuite leurs vêtements et quelques vivres dans les autres sacs ou valises, toujours en silence.

A remarqua un objet sur le tabouret a coté du lit d'appoint de B, dont celui ci s'était servi pour entreposer son téléphone, ses lunettes. Il avait vu de nombreuses fois l'objet, mais n'avait jamais pensé a s'en préoccuper. Il s'en saisit. Un petit disque de seulement quelques centimètres de rayon, épais de cinq ou six millimètres, léger, avec au beau milieu une sphère rosâtre assez grosse pour que le disque ne soit jamais équilibré quand il était posé a plat. Entre la sphère et les bords du disques étaient dessinés, a intervalles réguliers, des cercles dont le centre était la sphère. Il vit aussi que de minuscules lettres ornaient chaque espace entre les cercles. Sans se poser de questions, il mit l'objet dans sa poche.

Puis, voyant que M avait fini de son coté, il lui demanda: "On a tout ce qu'il faut? On pourrait faire halte par la Suisse pour récupérer quelques vivres sur la route... Tu peux conduire?"

M hocha la tête. Jamais A n'avait vu un air si grave sur son visage.

"Tu es sûr?"

"Oui, oui, ça ira." répondit celui ci d'une voix sans conviction.

Il se dirigèrent, avec leur chargement, vers la port de sortie de l'appartement, situé au troisième étage. Regardant une dernière fois les murs sans papier peint et le sol gris, ils ne purent éviter de poser les yeux sur B.

A détourna les yeux.

"Il nous dirait sans doute de partir... Allons-y."

M ouvrit la porte et entra dans la cage d'escalier. A sortit lui aussi, lançant un dernier regard pour B. Il ferma la porte sans bruit.

L'escalier descendait en passant par le second puis le rez de chaussée.

Il descendirent les marches en portant leur valises et leurs sacs. La voiture était garé juste en face de la sortie. Ils étaient tout deux dans leur pensées, n'osant trop se projeter dans l'avenir, sans toutefois parvenir a se retenir de prévoir un trajet.

Quand ils arrivèrent au palier, A passa devant et ouvrit la porte tant bien que mal avec son chargement.

La porte dévoila une rue a la circulation dense.

A s'avança vers sa voiture, et s'approcha d'une poignée de porte pour l'ouvrir. Il se rendit soudain compte que M n'était pas tout a fait derrière lui.

Celui ci regardait a gauche, le long de la rue, a quelques mètres. "Qu'est ce qu'il y a?" demanda A, intrigué, en regardant M.

M ne répondit pas. Il regardait quelque chose de sombre, en face de lui.

La chose était un chat.