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La souffrance de vivre, certainement la meilleure définition de la dépression

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La souffrance de vivre, certainement la meilleure définition de la dépression Empty La souffrance de vivre, certainement la meilleure définition de la dépression

Message  Crue Elle 16.12.19 4:55

Lundi 16 Décembre 19

Quelle fût mon premier geste en me réveillant hier matin ? Me rouler un pet’. Je fais ça en ce moment. Je me couche en fumant et me lève en fumant. Peu importe. En ce moment j’ai horreur de me réveiller. Alors je retarde le plus possible ce moment en fumant dès que mon corps décide qu’il est l’heure d’ouvrir les yeux. Qu’est-ce que ça m’énerve ça. De quel droit se décide t’il à me réveiller si tôt ? A croire qu’il n’est pas conscient de ce qu’il se passe autour. Saloperie de corps. J’ai très souvent de la haine envers mon corps. J’ai beau savoir que c’est un temple, que nous « n’avons » pas de corps mais que nous sommes un corps, et tout ça mais rien n’y fait, le ressenti demeure inchangé : je me sens prise au piège dans ce corps, sur cette Terre et dans cette vie.

Après avoir encaisser de façon habituelle mon réveil donc, j’encaisse de la même façon le reste de la journée. Ce monde me débecte. Je ne peux pas l’aimer. Et pourtant j’ai cru aimer vivre, je pourrai presque dire que j’ai aimé vivre mais mon état d’esprit actuel est bien plus puissant que tout le reste et c’est fatiguant. Fatiguant de lutter tous les jours contre son cerveau qui tourne à cent à l’heure, ce cerveau énorme offert par Dame Nature est un cadeau empoissonné et rien selon moi, n’est plus nocif pour l’homme que sa conscience. En termes de santé mentale ET physique, le premier influençant le second.

Mais bon.

Je prends sur moi chaque jour pour redresser la pente, comme on dit pour nous autres dépressifs incompris. Je pense aux personnes qui m’entourent et m’étreignent de leur amour. Et ça va un peu mieux. Je pense à Loïc, mon petit ami, qui fait tout ce qu’il peut pour gérer la montagne d’émotions qui me submerge de façon aléatoire et quasiment quotidienne. Je pense à mes parents, inquiets de ne pas m’avoir donné tout ce qu’il faut pour m’épargner ça. Et je pense à Chris, mon colocataire et mon ami qui fait tous les efforts du monde pour me remonter le moral et parfois je me dis qu’il a peut-être peur de me perdre, de perdre la partie optimiste et joyeuse qui brillait autrefois en moi et qui m’a fait le rencontrer.

J’ai de la colère en moi, je suis en colère d’être ici, en vie, bien portante, aimé, certes mais ça ne suffit pas. La conscience est trop grande. « Mais pourquoi les gens ne se suicident t’ils pas plus ? » Pourquoi ne sommes-nous pas en train de courir nous jeter au fond d’un ravin, famille et enfants compris ? Parce que ce serait pour moi d’une logique implacable, une réponse parfaite à l’existence humaine.

Je n’arrive pas à dormir, mon esprit prend toujours un malin plaisir à me faire revivre les plus mauvais moments de la journée. Alors je tente de le divertir en pensant à autre chose mais tout est fade à côté et les souvenirs déplaisants laissés en arrière fond ne fait qu’attirer mon attention. A croire que mon cerveau aime ça se faire du mal, encore et encore jusqu'à inonder les draps de mes larmes. Je me sens esclave de lui, esclave de mes pensées, esclave des mes émotions, esclave de mon boulot, esclave de mon téléphone, esclave de mes parents, esclave de mes amis, esclave de tout. Je me sens violée, violée par ceux qui m’abordent dans la rue, violée par la musique dans la rue, violée par les caméras, violée par la publicité, violée en permanence.

Une journée type commence par des nausées. S’ensuit une chambre, bien décorée, baignant dans des odeurs de cendres froides voir mouillées si je n’ai pas de chance. Au rez-de-chaussée, une cuisine aux couleurs pimpantes avec une poule à l’air punk et toujours la même odeur qui me suit. Mais là encore ça va. Je n’irai pas jusqu'à dire que je me sens parfaitement bien mais ma colocation avec Chris est un monde à part de celui qui me fait plonger dans des pensées destructrices, un monde tout aussi violent mais qui comporte son lot d’intense joie et de rêves qui semblent possibles. A la différence de celui dans lequel je m’engouffre tous les jours, le monde du Travail. Quoi de plus violent qu’une forme d’esclavage institutionnalisé dans l’intérêt des plus forts ? Dans ce monde là, peu ou pas d’humanisme, tout est entièrement ou presque, sacrifier à la gloire du profit, du capital et de toutes ces conneries inventées par l’homme pour passer le temps. Déprimant à souhait.

Arrivée à mon poste, je revêts le masque de l’hypocrisie jusqu'à ce qu’un jour, sous le poids de ce mensonge mental imposé à tous, il éclate en milles morceaux. Je jette de la nourriture consommable, utilise encore des sachets plastiques bien polluants malgré la loi, ment ouvertement aux clients sur ordre du patron bien sûr, et supporte chaque seconde le poids de cette hiérarchie profondément dégueulasse. Je suis sous-payée, dénigrée, et tellement loin de cette vision de la vie basée sur des chiffres et des calculs. Une horreur que de vivre pour des chiffres.
Puis, après avoir pris sur moi durant des heures, je sors enfin, comme une femme que l’on aurait touchée de force puis abandonnée devant un porche quelconque. Je me sens sale, et ça ne semble pas partir au lavage. Alors je rentre le plus vite possible et quelle fût la première chose que je fîs le soir en rentrant à votre avis ?

Me rouler un pet’.
Crue Elle
Crue Elle

Humeur : D'une Obscure Clarté
Localisation : Un lieu chargé de Vie où l'on rêve de Mort

Feuille de personnage
Nom, classe et niveau: Og'Fuz. Inconnu
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