Mode de pensée.
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Mode de pensée.
Mode de Pensée
Être scientifique, c'est en partie orienter son regard sur le monde tout en restant ouvert à l'idée que l'on peut le voir différemment du jour au lendemain...
J'aimerais vulgariser un peu le mode de pensée de mes confrères, surtout dans deux domaines où je peux vulgariser facilement : les Mathématiques et la Physique.
Je vais commencer par un préjugé : la vision que le profane a communément du mathématicien est celui d'un calculateur froid, un Sherlock des nombres et du calcul. Rien n'est plus faux.
Il existe des mathématiciens qui détestent le calcul pour le calcul. Et certains, comme moi, sont plutôt "chauds" que froid en matière de maths.
Généralement, le mathématicien a une foule d'approches à sa disposition.
***********La première est de poser des définitions évidentes, et de les donner comme lois implacables.
Cette première partie est généralement liée à la pensée populaire, à ce qui paraitrait évident à tous.
Par exemple, une distance c'est défini par une règle en plastique (ou en fer). ça définit une longueur, et tout et tout. C'est linéaire, et la longueur d'un point A au point A (le même) vaut zéro.
Une distance c'est un nombre positif. Bah oui. Et en plus, si je prends un segment visuellement deux fois plus long et que je le mesure, le nombre que j'obtiens sur ma règle est le double du premier.
à partir de là, je donne une première définition qui est qu'une distance serait une machine dans laquelle je rentre deux points et qui me sort un nombre positif, avec comme obligation que si je donne le même point deux fois de suite elle me dit que je me fous d'elle et que ça vaut zéro. Et avec pour seconde obligation que si mes points sont deux fois plus loin que prévu, le nombre sera deux fois plus grand que prévu.
C'est un mode de pensée. Prenez un truc qui vous amuse, et faites-en une Règle qui sera le Grand Absolu.
Exemples :
Loi n°0 : une distance c'est ... (et tout le baratin)
Loi n°1 : Tout vaut 42.
Loi n°2 : Toutes les lois sont fausses.
à partir de là, ce mode de pensée que je vous propose est loin d'être fini.
Un mathématicien va vouloir tester cette Loi, ce Grand Absolu. (je l'abrègerai en GA1 ou en GA2 pour chacune des deux lois énoncées en exemple. Ne l'oubliez pas. The GA is watching you !)
Vous voyez l'enfant à qui vous donnez un pistolet à bille et qui va vouloir jouer avec jusqu'à ce qu'il y ait plus de bille ou qu'il soit complètement cassé ?
Bah le matheux, c'est pareil.
Son pistolet à bille, c'est le GA. Il va l'appliquer partout jusqu'à ce qu'au choix :
1) il ait tout essayé et
2) il ait mis la main sur une faille du pistolet qui fait qu'il est tout foutu et inutilisable.
Par exemple, je vais prendre GA2 : Toutes les lois sont fausses.
J'en fais ma vérité. Ma règle. Le grand absolu.
Et je vais jouer avec.
Oui, vous me sentez venir avec un paradoxe. Sauf que non.
Je ne vais pas commencer par le paradoxe, parce que souvent, les paradoxes, on les voit pas au début. (c'est pas ma faute si je vous donne des exemples trop faciles)
Je vais appliquer cette loi à la physique. Toutes les lois sont fausses, telle est ma vérité. Prenons donc une loi. Oh, la loi de la gravitation !
Bah paf, ma loi à moi, elle vous dit que la gravitation, c'est du pipeau.
Aha ! La gravitation, c'est du pipeau !
Mais si je prends la loi sur l'avortement, ou la loi des mailles (électricité) ou la convention de Genève... bah c'est faux.
Je m'amuse bien !
Maintenant, je prends ma GA2 qui détruit absolument tout (encore mieux qu'une sulfateuse).
Pis je la tourne vers la seule loi que j'ai pas encore détruite.
Je vais appliquer GA2 à GA2.
En termes clairs, je vais appliquer ma règle qui dit que toutes les lois sont fausses à elle même, car c'est une loi.
Donc elle est fausse.
Donc toutes les lois ne sont pas fausse. (attention : en d'autres termes, certaines sont vraies, et certaines sont fausses)
Alors soit GA2 est vraie, et elle se contredit...
Soit elle est fausse, et ...elle se contredit.
Mince alors. Je viens d'enrayer mon arme.
Car le grand ennemi du mathématicien fou qui veut tout annihiler en faisant joujou avec des lois... c'est le paradoxe et la contradiction.
Ce sont les ennemis de la logique.
Et en même temps, ce sont eux qui garantissent de faire exploser les lois avec lesquelles on joue pour les rendre inutilisables.
Vous voyez ?
J'ai fais joujou avec une loi, et j'ai obtenue une contradiction.
Une seule réaction possible : poubelle.
Par contre, si votre employeur (ou votre maman) vous dit que c'est pas bien de gaspiller, vous risquez de récupérer du matériel sur votre loi pour la recycler avant de la brûler.
C'est pas parce qu'une loi ne marche pas que tout dedans est bon à jeter. Y a parfois des choses qui marchent, et le mathématicien aguerri ne manquera pas de les récupérer.
(Jeu : prenez la loi n°1 donnée en exemple, aussi nommée GA1, qui dit que tout vaut 42. Cette loi se contredit-elle ?)
*********** Un second mode de pensée est de prendre les définitions évidentes de la première étape (ou choisies au pifomètre) et de les triturer.
Qu'est ce qui ne va pas en elles ? Si elle ne se contredisent pas, c'est cool, mais est-ce que parfois ça merde même sans se contredire ? Si oui, pourquoi ? Comment contourner le problème ?
Généralement, cette seconde démarche de raisonnement donne des résultats intéressants, et même étonnants.
C'est ce mode de pensée qui a fait dire que l'on devait bien trouver des nombres pas entiers, des nombres en dessous de zéro, des racines de nombres négatifs et tout un tas de bizarreries du genre.
Cette seconde étape mène généralement à un ÉLARGISSEMENT DES DÉFINITIONS.
Le matheux aime à donner des définitions le plus large possible, à les assouplir.
élargir et assouplir est un mode de pensée qui peut vous conduire à certaines branches des maths telles que l'analyse et la topologie, ou la théorie de la mesure (et aussi les probas).
Par exemple, Pourquoi une distance devrait être un nombre positif ?
Alors créons quelque chose qui serait comme une distance, mais parfois négatif.
Ou pourquoi dire que la distance d'un point à lui même ne vaut rien ??
Assouplissons, et créons une définition dans laquelle un point n'est pas négligé, ne vaut pas "rien" (bande de racistes !).
Ce sont des raisonnements de recherche mathématique.
On n'interdit pas, on assoupli, tant que ça reste cohérent et que, comme je l'ai dit, notre Règle/Loi/Grand Absolu ne se met pas à foirer.
Attention : ce mode de raisonnement par élargissement n'a pas besoin d'un problème pour apparaitre dans la tête d'un matheux.
C'est toujours ce regard enfantin : je peux taper avec mon bâton, mais jusqu'où je peux taper ?
Si je peux retailler le bâton jusqu'à pouvoir taper sur tout, je le ferai. Na. Parce que c'est Tamusant d'abord.
Par exemple, si j'ai un Théorème (un théorème, c'est une loi que j'ai trouvé en faisant joujou avec mes lois de départ et qui a trooOOOoop la classe donc je mets une étiquette dessus pour l'invoquer comme une carte Magic)
et si mon théorème dit :
Les fonctions ... --> (des machines avec lesquelles je fais joujou, exactement comme Néo !)
continues sur un compact .. --> (ça, c'est le modèle de fabrication, pour différencier les propriétés des machines (ici, le dual-sim))
Sont bornées et atteignent leurs bords. --> (les garanties du fabricant lorsque je leur donne le modèle que j'ai acheté (Ici, un bug certain))
Bah moi, j'ai qu'une envie. J'ai envie de prendre la machine de mon voisin ou de mon Namoureux, et de regarder si elle a le même bug, les mêmes garanties, même si elle a pas le dual-sim mais possède la 3G.
En clair, j'en envie de voir si :
Certaines fonctions... (voire toutes !)
cette fois Non continues, ou pas sur un compact (et qui n'ont pas le dual sim)
Sont toujours bornées et atteignent leur bord. (et ont aussi ces fichus bugs à la C**)
Si ça marche, j'aurai envie d'élargir mon Théorème partout où je peux. (parce qu'une arme badasse, c'est cool. Mais une arme superbadasse de la mort qui tue qui marche même sur ce sur quoi personne ne penserait qu'elle marche, c'est mieux. ça fait même d'excellents passages de films. Néo, le jour où il a arrêté une machine dans le monde réel, bah il s'est demandé s'il pourrait élargir son pouvoir, et aucune machine n'y croyait. Depuis, elles se font psychanalyser parce qu'elles se demandent si elles sont réelles ou si elles sont aussi dans la Matrice.)
*********** Oh, un autre mode de pensée amusant :
Le matheux aime jouer avec les symétries (c'est artistique), les contraires et les mises en abyme.
Exemples de symétries que le matheux va rechercher follement.
- est-ce que 5 fois 2 c'est pareil que 2 fois 5 ? (facile...mais en fait pas tant que ça)
- est-ce que si je mets mes chaussettes avant mes chaussures, j'obtiens le même résultat que si je fais l'inverse ?
- est ce que la somme d'intégrales c'est l'intégrale de la somme ? (c'est comme les chaussettes, mais personne connait généralement)
- et est-ce que le déterminant du produit c'est le produit du déterminant ? (idem. Pensez que l'un est un gant, et l'autre une chaussette)
- est-ce que le conjugué de l'inverse c'est l'inverse du conjugué ?
-si je tourne à gauche le rubik's cube avant de tourner la face avant, ça change quelque chose par rapport à commencer par l'avant ?
Si la réponse est oui, je suis content. Parce que pleins de calculs vont devenirs super simples.
Si la réponse est non, il va se passer plein de trucs bizarres et ça va être marrant. Comme par exemple, je vais trouver le Boson de Higgs.
Exemples de contraires que le matheux aime chercher :
- L'union de l'intersection, c'est pareil ou pas que l'intersection de l'union ?
- Le minimum du maximum, c'est la même chose ou pas que le maximum du minimum ?
Exemples de mises en abîmes :
- Si je prends une machine (appelons la fonction, c'est un nom chouette) dans laquelle je rentre de l'argent, et qui me sort des machines dans laquelle je peux rentrer de l'argent et qui me sort des machines dans lesquelles je peux........................
- Si je prends une machine qui me fabrique des machines qui elles mêmes me fabriquent la première machine, que puis-je faire avec ?
- prenons une suite de suites de suites de suites...
- prenons le minimum du maximum du minimum du maximum de mon ensemble sur un intervalle. ça donne quoi ?
- étudions l'intersection de l'union de l'intersection de ...
Vous allez rire, mais tous ces exemples sont un jour tombés dans la tête d'un matheux, soit parce qu'il en avait besoin, soit parce que ça l'amusait, tout simplement.
Le matheux aime ces trucs là : Mises en abyme, Contacts entre notions opposées ou qui se complètent bizarrement, et Commutativité (échange de place à l'amiable sans créer de bordel)
Voilà. J'ai donné quelques exemple de fonctionnements du matheux.
Maintenant, des questions ?
et...
Vous voudriez approfondir le fonctionnement d'un matheux particulier (topologue, algébriste, probabiliste, géomètre, ...)
Ou décortiquer un Physicien ? (relativiste, ondulatoire, mécanicien quantique, ...)
Dernière édition par Yoendel le 16.03.14 17:49, édité 8 fois
Yoendel- Humeur : variable... dérivable... et même C-infinie
Re: Mode de pensée.
J'ai bien ri ^^
Ton article est à la fois clair et amusant, vraiment digne d'être lu !
Et l'illustration...*rit*
Bien sûr, je n'ai pas appris grand-chose, mais, je voudrais bien un truc sur l'approche statistique en physique, que je connais mal. *sourit*
Et merci !
Ton article est à la fois clair et amusant, vraiment digne d'être lu !
Et l'illustration...*rit*
Bien sûr, je n'ai pas appris grand-chose, mais, je voudrais bien un truc sur l'approche statistique en physique, que je connais mal. *sourit*
Et merci !
><( )><- Humeur : Océanique
Localisation : Dans ma tête
Re: Mode de pensée.
En un mot ?
C'est trop top bizarre !
Arf ca fait un peu trop de mots ca .... Bon bah alors juste :
LoL !
C'est trop top bizarre !
Arf ca fait un peu trop de mots ca .... Bon bah alors juste :
LoL !
Dark Geo- Humeur : Variable
Localisation : Sur terre pas loin probablement sous la lune
Emploi/Loisirs : Je manque de temps pour les citer.
Feuille de personnage
Nom, classe et niveau: Geofraynils, sorcier sith
PA:
(26/26)
PV:
(30/30)
Re: Mode de pensée.
:mrgreen: Je m'amuse bien...
Merci !
Je prends note, pour le physicien statisticien. Je vais essayer de décortiquer cela à l'occas.
PS : j'ai rajouté des images au début, et j'en rajouterai à la fin... pensez-vous qu'il y en ait de trop ? lesquelles seraient les plus/moins pertinentes à votre avis ?
Merci !
Je prends note, pour le physicien statisticien. Je vais essayer de décortiquer cela à l'occas.
PS : j'ai rajouté des images au début, et j'en rajouterai à la fin... pensez-vous qu'il y en ait de trop ? lesquelles seraient les plus/moins pertinentes à votre avis ?
Yoendel- Humeur : variable... dérivable... et même C-infinie
Re: Mode de pensée.
Je trouve ça bien comme ça. Les images collent bien...bon, faudrait pas en mettre plus, hein. Enfin, je trouve. Ou alors plutôt des schémas faits maison pour résumer, éventuellement. Mais comme c'est très clair, je ne pense pas que ça soit nécessaire.
><( )><- Humeur : Océanique
Localisation : Dans ma tête
Re: Mode de pensée.
Pourquoi ne pas mettre en gras les expressions qui reviennent souvent, telles que GA ? Ça aiderait à la comprendre en tant qu'abréviation dans le cadre d'une lecture diagonale comme dans d'autres cas éventuels.
Le gras bien utilisé (avec parcimonie et pour mettre en valeur des termes importants et nouvellement rencontrés au cours du texte par exemple), c'est bien.
En plus souvent le lecteur ne remarque même pas sa présence, dans ces cas là. Et du coup il comprend mieux sans chercher à comprendre pourquoi il comprend mieux.
Oh, aucune envie particulière, mais c'était très plaisant à lire !
Très très, même.
Le gras bien utilisé (avec parcimonie et pour mettre en valeur des termes importants et nouvellement rencontrés au cours du texte par exemple), c'est bien.
En plus souvent le lecteur ne remarque même pas sa présence, dans ces cas là. Et du coup il comprend mieux sans chercher à comprendre pourquoi il comprend mieux.
Et j'aime les matheux.Yoendel a écrit:Le matheux aime à donner des définitions le plus large possible, à les assouplir.
Oh, aucune envie particulière, mais c'était très plaisant à lire !
Très très, même.
Klev- Admin
- Emploi/Loisirs : Administrateur en torpeur.
Physicien Statisticien.
Première partie : introduction :
Bon, au tour du physicien. :mrgreen:
Comme demandé, allons voir de plus près ce que renferme un physicien statisticien !
Généralement, le physicien-statisticien travaille à plusieurs échelles. Une part de son travail revient même à jouer entre les différentes échelles, justement.
Son nom contient deux parties, et ces deux parties ont leur importance :
* C'est un Physicien, ce qui implique que son terrain d'étude favori, contrairement au mathématicien, est le réel, le concret, le palpable.
Il créé des théories qui collent avec le réel, construit des modèles, les adapte au besoin, et fait cet aller-retour incessant de la physique entre théories/calculs/modèles et Réalité/expériences.
* Mais c'est aussi un Statisticien. Il s'intéresse donc aux expériences avec beaucoup de nombres, les grandes expériences, avec des millions d'atomes ou d'astres.
Il joue avec des moyennes, des écarts-types (qui caractérise l'écart à la moyenne), tout ça tout ça.
Maintenant que j'ai donné des éléments pour mieux le cerner, passons à la pratique.
Je suis face à un problème classique : une balle chute sur le sol.
Premier réflexe : aller
Bon, le mécanicien va vous demander si la baballe rebondit, si elle est lourde, en plomb, glissante, rugueuse, et toute information que vous lui donnerez rendra le tableau proche du comportement réel de la balle.
Si vous lui dites juste qu'il s'agit d'une balle, il va vous faire le dessin d'une balle de pétanque en train de chuter sur un sol de sable.
Et vous, avec votre balle rebondissante dans votre poche, vous allez être surpris de constater qu'en fait, ça marche pas pareil.
Mais voilà. Vous avez en fait, petit malin que vous êtes, non pas une, ni deux, ni trois, mais bien 3 millions 647 milles 924 balles rebondissantes !!
(Vous êtes collectionneurs, quoi.)
Et là, je vous garantis que votre physicien spécialiste en mécanique, bah...
... il est perdu.
Oui, vous l'aurez compris. C'est là qu'intervient le physicien statisticien.
Votre héros.
Pourquoi le mécanicien classique est-il perdu ?
Parce que le nombre de lois, d'équations est au moins égal à un certain nombre de fois (généralement plus grand que 1 ) le nombre d'objets manipulés, ici les baballes que je vous ai présentées.
(a) Imaginez que vous souhaitiez, comme l'a fait le mécanicien classique, étudier une balle seule.
Vous travaillerez avec un truc de ce genre là :
Pour UNE balle.
Faisable, me direz-vous...
Oui, cela se résout en 5 minutes.
10 si on est aguerri et qu'on considère qu'il y a des frottements dans l'air.
50 si on donne en plus des trucs bizarroïdes mais pas trop, par exemple en mettant un obstacle sur le passage.
Trois jours si l'on dit qu'en fait, la balle étudiée est rugueuse, pas ronde, mordue par votre chien, etc.
Des mois si votre balle est un astre dont vous ne savez presque rien et qu'il est à l'autre bout de la galaxie.
(b) Et maintenant, prenez non plus une mais bien DEUX balles.
Si vous cherchez à en prédire le comportement, vous serez amené à résoudre des choses de ce genre là :
Et parmi ces équations, il faudra ajouter des simplifications, comme le fait que certains trucs dans la première ligne sont l'opposé de certains de la seconde ligne. (je passe les détails, on est pas là pour faire du calcul).
Mais il faudra résoudre un système d'équations différentiels, ce qui n'est déjà pas aisé en soi.
Pourquoi ??
Parce que votre système explique ce qui se passe si vos deux balles tombent, mais aussi il se doit de modéliser ce qui se passe si les deux balles se heurtent !
Tous ces possibles doivent être exprimés en équations, et résolus.
Et c'est là que ça se complique...
(c) Prenez maintenant le cas de N balles (Plein de balles, quoi).
Rien qu'à regarder, on se sent impuissant à modéliser ça.
Pourtant, visiblement, on le peut encore.
Il faut pour cela faire joujou avec PLEIN d'équations dont chacune va exprimer la vitesse ET la localisation de CHAQUE BALLE en fonction de l'endroit ou elle se trouve, donc des chocs qu'elle a subi, etc...
Bah l'homme, au bout d'un moment, il y arrive plus.
Parce que chaque balle a une localisation différente, et bien qu'elles obéissent toutes aux même lois (Newton ou autre chose, tout dépend des balles étudiées), elles ne se heurteront pas en même temps, certaines vont bouger lentement puis se faire booster par un choc, d'autres resteront rapides...
Va falloir travailler avec ça, coco :
GASP !
Bien sûr, un matheux aguerri dira : Pourquoi ne pas tout mettre dans une jolie matrice et calculer avec ?
Réponse : on le peut. Mais :
1) le fait même de le mettre en matrice va demander PLEINS de CALCULS
2) Une fois mis dans une matrice, on aura pas encore résolu le problème. Le plus gros et lourd reste à venir.
Oublions donc les matrices pour l'instant.
Un informaticien va rétorquer : Et si l'homme arrive pas à résoudre ça, pourquoi pas la machine ?
Moi je dis d'accord. Mais je vous préviens : ne vous fiez pas à mon dessin. J'ai mis une dizaine d'équation, et le .gif avec les balles que vous voyez plus haut contient tout au plus une cinquantaine de balles.
MAIS ON EST EN PHYSIQUE, MEC !!
Ce que je vous ai pas dit, c'est que dans certains exemples, mes balles, ce seront des atomes.
Alors prenons un vrai exemple concret : Prenez une photo de l'air.
Joli, n'est-ce pas ?
But : modéliser le mouvement de CHAQUE atome de l'air sur votre photo.
En fait, prédire ce que ça devient juste après la photo. On est en physique, on modélise pour prédire, et on utilise les expérience pour vérifier que les modèles sont bon !
Voilà. Donc, je dois résoudre au moins autant d'équations qu'il y a d'atomes sur ma photo.
Je vais devoir leur donner la position de chaque atome sur la photo, et leur vitesse.
Première simplification :
Oublions leur vitesse.
Restons sur la position.
2e simplification :
La position d'un objet dans l'espace est déterminée par 3 coordonnées. (gauche-droite/longitudinale/abscisse, Haut-bas/méridionale/ordonnée et Profondeur/altitude/côte)
Mais on est sur une photo, on va simplifier en disant que c'est plat.
Donc on va devoir rentrer dans la machine 2 coordonnées par atome, soit 2*Nombre d'atomes coordonnées.
Ce qui revient à dire qu'il faut stocker dans l'ordinateur 2*N nombre.
3e simplification :
La photo fait 1 cm sur 1 cm.
en fait, vous avez sur votre photo quelques milliards de milliards de (...) de milliards d'atomes, puisque pour 1g d'air on a environ 6*10²³ molécules.
Imaginez alors que vous souhaitiez stocker 2* 6.10²³ nombres.
Chaque nombre dans votre machine prend 8 bits (un octet. ça pourrait être plus, mais je prends le standard).
La mémoire dont vous avez besoin juste pour stocker les éléments de votre photo est donc de :
2* 6.10²³ octets.
= 1.17. 10²¹ Ko.
= 1.14 .10¹⁸ Mo
= 1.11 . 10¹⁵ Go
= 1.09 .10¹² To
Youpi. Quant on sait que le max du max que l'on sait faire est de quelques terra-octets, se dire que prendre une photo de quelques centimètres carrés de l'air dans sa qualité max nous demande quelques 1000000000000 To, ça fait mal.
Donc pas moyen de prendre ne serait-ce qu'une photo qui stockerait les données initiales.
Adieu matheux, adieu informaticien...
Que faire ??
Mais la solution est là :
N'avez-vous pas remarqué que les balles suivaient toutes les mêmes lois physiques ?
Elles se heurtent, oscillent, font des trucs étranges, mais obéissent aux même loi.
Alors même si on peut pas étudier INDIVIDUELLEMENT ce qui se passe, il y a moyen d'étudier STATISTIQUEMENT ce qui se passe.
Voilà. Maintenant, vous savez à quoi sert un physicien statistique.
Il est là pour répondre à des problèmes dans lequel on a trop de données. Trop d'atomes, trop de choses du genre.
C'est ce qu'on appelle généralement, dans l'exemple des astres, des problèmes à N corps. Pour 3 corps, c'est déjà dur...
Donc on utilise des statistiques, des comportements moyens, etc...
MAIS.
Comme pour les mathématiques statistiques, il faudra abandonner des certitudes en faisant cela.
Il faudra abandonner l'idée de savoir ce que fait la 24589e balle avec précision, ou la localisation du 8975326e atome.
Le physicien statisticien va devoir perdre en précision, mais il y gagnera.
Il pourra donner des réponses à des problèmes qui sont sans réponse par des calculs "exacts".
Maintenant que vous avez la raison qui motive la physique statistique, voilà quelques outils et modes de pensée du Physicien statistique.
Raisonnement :
1) J'ai un problème, avec plusieurs objets : des astres, des atomes, des particules, des molécules, etc.
2) Première approche : l'approche classique. Se référer à la mécanique classique.
3) dans le cas ou le nombre d'objets est trop grand, l'approche classique ne convient pas.
Il faut alors trouver des statistiques pertinentes pour répondre à notre problème. COMMENT ??
La solution est dans la recherche de tout ce qui peut simplifier le problème.
(cette démarche n'est pas exclusivement statistique, ni même physicienne. Elle est commune à toutes les sciences, je crois)
Il s'agit alors de savoir comment on simplifie le problème.
On a plein de fois les même objets, ou des objets qui suivent les même règles... qu'en dire ??
(à suivre)
Yoendel- Humeur : variable... dérivable... et même C-infinie
Re: Mode de pensée.
Le cliffhanger de foliiiiiiiiiiiiiie !!1
Super intéressant, CLAIR, AMUSANT,PARFAIT peut-être pas.
Bravo, en tout cas. Et merci, c'était très instructif !^^
J'apprécie encore les illustrations, pertinentes, dosées juste comme il faut, et amusantes (encore une fois).
*rit*
Super intéressant, CLAIR, AMUSANT,
Bravo, en tout cas. Et merci, c'était très instructif !^^
J'apprécie encore les illustrations, pertinentes, dosées juste comme il faut, et amusantes (encore une fois).
Yoendel a écrit:MAIS ON EST EN PHYSIQUE de ouf, MEC !!11ONE!1ELEVEN1!!
*rit*
><( )><- Humeur : Océanique
Localisation : Dans ma tête
Re: Mode de pensée.
Désolé... Pour la suite, j'ai failli l'écrire, jusqu'à ce qu'un doute sur mon cours de physique Stat m'assaille.
Comme je veux pas dire de bêtises, je dois encore revérifier ce dernier...
La suite viendra plus tard.
(L'histoire de la photo de l'air en 2D provient directement de ce cours... j'ai refait de mémoire)
Comme je veux pas dire de bêtises, je dois encore revérifier ce dernier...
La suite viendra plus tard.
(L'histoire de la photo de l'air en 2D provient directement de ce cours... j'ai refait de mémoire)
Yoendel- Humeur : variable... dérivable... et même C-infinie
Re: Mode de pensée.
Je crois que ><( )>< a tout dit ...
J'adore, c'est bien expliqué et drôle. :mrgreen:
J'adore, c'est bien expliqué et drôle. :mrgreen:
Bacrima- Humeur : Une pointe de joie et un soupçon d'amusement
Localisation : Dans ma chambre, rarement ailleur ...
Emploi/Loisirs : Japanimer, ça se dit ?
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