Géographie de la pensée
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Chromos

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Message  Klev 23.12.13 12:25

Chromos


Blanc.

Blanc gris.



Il y avait des jours comme ça.

Klev repoussa pour la troisième fois le réveil de son smartphone de trente minutes. Il s'était couché très tard la veille, à six heures du matin, pour finir une série de films à succès qu'il avait déjà vu plus jeune. L'objet avait sonné pour la première fois de la journée à dix-heures vingt-cinq, comme prévu, aussi l'avait il donc déjà repoussé deux fois pour atteindre onze-heures vingt-cinq.
Il se rendit compte un peu trop tard qu'il ne servait plus à rien de repousser le réveil, et qu'il aurait pu le désactiver pour la journée, si celui-ci sonnait une dernière fois à midi moins cinq.
Il remarqua qu'il avait reçu des SMS durant le gros bout de matinée déjà écoulé, mais ne chercha pas à en voir plus.
De toute façon, au coucher, il réglait son téléphone dans un profil qui ne laissait sonner que les notifications de messages de sa moitié, ainsi que les appels.
Cela dit sa pensée n'alla pas aussi loin, et il retourna a un rêve assez vidéo-ludique.

Aux commandes d'un espèce d'avion de chasse, il fit une manœuvre qui créa une petite sensation de bien être dans son corps physique, dont il n'était que peu conscient du fait que ce dernier était allongé, ou plutôt, recroquevillé dans son lit réel.
L'énorme titan dont le corps était muni de nombreuses plate-formes qui auraient permis de faire une ascension sur lui a la seule force d'un corps humain, continuait son aveugle progression en ligne droite.
Klev, toujours dans son avion, se rapprocha et tira un missile de façon latérale.
Le missile vint percuter le titan et…
Le réveil sonnait à nouveau.
Klev avait paramétré son réveil, qui était une application open-source, afin que la musique passe de 10 % de volume a 100 % en 600 secondes. Certains jours, il profitait de la qualité médiocre du haut parleur intégré au téléphone, et se mettait même parfois à chanter sur la musique, qui était une lente et jolie balade au synthétiseur rejointe au milieu par un lourd mur de guitares électriques, aux paroles en allemand, qu'il savait mélancolique mais qu'il ne cherchait pas à comprendre, d'un groupe de métal industriel qui s'était amusé lors d'une seule piste à sortir de ce qu'ils faisaient d'habitude.
Mais cette fois encore il coupa le réveil.
Il vit qu'il avait toujours un ou plusieurs SMS, dans la barre de notifications de l'écran, mais n'y laissa pas son attention, et s'arma de toute la puissance que générait la petite frustration d'être réveillé pour se dresser sur un coude, et tirer la courroie du volet roulant, qui était juste assez haute au-dessus et à la droite de son lit pour être encore plus frustrante, imposant vu la taille moyenne de Klev que celui-ci ne fasse progresser la courroie que de quelques centimètres à la fois s'il voulait rester dans son lit, et le forçant ainsi à se lever pour finir d'ouvrir le volet rapidement.
Il gémit.
Il était incapable de dire depuis quand il avait arrêté les cours, après son Bac Pro. Fin d'année scolaire deux-mille-douze. Ça faisait donc déjà un an et demi.
Il se rappelait parfois sa prof de français, qui lui avait dit qu'il aurait dû partir en littéraire.
Dans ces moments de regrets, il se disait qu'il n'aurait jamais pu rencontrer sa moitié de façon prolongée et donc démarrer une relation amicale avec elle, qui avait été la base de leur couple, s'il n'avait pas été à ce lycée.
Et que s'il l'avait rencontré de façon brèves à d'autres moments, il eut été fort probable qu'il se contente de se fier aux apparences.
Klev était sensible au style dégagé par les gens. Et il savait que parfois ça l'influençait un peu trop.
En tout cas, avec un pantalon de pyjama et son t-shirt à manches longues de la veille, il n'avait à ce moment aucune leçon à donner.
Klev portait toujours du noir. Aussi, les vêtements posés en tas par terre étaient tous noirs.
Il ne prêta pas attention au tas, cependant, et débrancha son smartphone et son chargeur de la prise murale. Puis, il se dirigea vers la salle de bains, qui était la pièce juste en face de sa chambre.
Sa mère était du matin, aussi travaillerait-elle jusqu'à revenir à treize heures.
Parfois, Klev culpabilisait. Mais là, son esprit était encore aussi éveillé que le porte savon au-dessus du lavabo.
Cela dit, Klev ne se lava pas. Il ne s'habilla pas plus.
Il prit le tabouret pliant de la salle de bain, toujours déplié.
Et le plaça devant le lavabo.
Il s'assit dessus, tout en allumant le radiateur électrique d'une main.
Puis, il tourna ce dernier dans sa direction, pour sentir son souffle chaud sur son visage. Et redirigea ses yeux vers son portable.
Il y avait des jours, comme ça.

Le radiateur avait pour Klev une importance toute irrationnelle.
Non pas qu'il pensait ne pouvoir s'en passer, mais celui ci émettait un bruit coloré agréable, et chauffait son corps autant qu'il le voulait.
Klev se définissait parfois Calorophile.
La chaleur de la douche lui donnait des frissons, cela dit il n'était peut-être pas le seul pour qui cela avait des effets similaires. Plus jeune, quand la douche était facilement réglable, dans l'ancienne maison dans laquelle lui et sa mère vivaient, il augmentait progressivement la chaleur de l'eau, jusqu'à vider le ballon d'eau chaude, et atteindre parfois, sans doute au moins, les quarante degrés.
Mais depuis qu'il s'était laissé pousser les cheveux, par goût, il avait fini par cesser de vider le ballon d'eau chaude. Rien n'était plus désagréable selon lui, du moins dans ces moments-là, que de devoir finir de se rincer les cheveux à l'eau froide.
Il lut ses SMS, s’apercevant au passage qu'il avait encore oublié de mettre ses lunettes.
Il soupira et continua sa lecture. Il n'était qu’hypermétrope et avait un strabisme peu visible ; oublier ses lunettes ne faisait que faire revenir peu à peu le second, qui avait été opéré bien plus tôt.
Un SMS de sa sœur spirituelle, son ami Élorine, qui vivait a Montpellier, lui disait que les trams l'avaient encore trahie et qu'elle était en retard en cours.
Il ne répondit rien, et passa au SMS d'une autre amie, Mélanie, qui lui répondait à sept-heures à un message envoyé a presque trois heures du matin.
Il eut une petite pensée pour son compagnon, Malik, dont la compagnie virtuelle était assez agréable pour lui éviter de souhaiter en permanence sa présence physique à ses côtés. En se regardant dans le miroir, trop haut pour lui qui était assis, il ne vit que ses cheveux, mal coiffés, et affichant un air assez désordonnés. Il se dit qu'il ne faisait pas vraiment honneur à sa moitié, soupira, et appuya sur le bouton pour revenir à l'écran d’accueil de son téléphone. Il partit vérifier si des mises à jour de ses applications étaient disponibles, chose qu'il pouvait faire plus de quinze fois par jour s'il n'avait rien à faire de la journée.
Il allait aux boîtes intérimaires chaque lundi. Mais aujourd'hui, nous étions mardi.
Il soupira une seconde fois. Aucune mise à jour n'était disponible.
Il vérifia l'existence de nouveaux mails, et n'en trouva aucun, que ce soit sur son adresse administrative ou son adresse plus familiale ou amicale.
Il inspira, et dans un petit sourire, répondit a Élorine d'un « 'Jour. », laissant paraître qu'il s'était levé et pouvait dès maintenant faire office d'agent conversationnel.
Klev trouvait un certain sens à sa vie dans le simple fait d'être présent pour les gens. Par SMS… ou physiquement, même si les occasions de faire sourire ou d'être là étaient plus rares pour un nombre de personnes à proximité plus faible.
Il retourna au marché d'applications Libre dont il avait vérifié les mises à jour précédemment… Et nota la présence d'une application qu'il n'avait pas encore vue, dans la liste des applications nouvellement disponibles.
L'application portait le nom Chromos, et affichait comme logo un disque chromatique, qui faisait le tour de toutes les couleurs par dégradé.
Curieux, Klev ouvrit la page de l'application. La mention « No description » le surprit.
Juste un nom et un disque chromatique. Il se dit qu'il y avait de minces chances pour que ce ne soit pas un sélectionneur de couleurs, et téléchargea la seule version disponible de l'application, notée 0.0.
Il sourit a la vue tardive de la version, se disant qu'il aimait jouer avec les versions bêta, et que c'en était sans doute une pour porter un numéro pareil.
Les développeurs avaient parfois un certain sens de l'humour.
L'application téléchargée et installée, il la lança. Celle-ci réclamait, selon l'installateur d'applications, les droits relatifs à l'utilisation d'Internet, ainsi que l'accès au GPS.
Le système qui était censé protéger ses données personnelles, qui n'existait pas dans le système d'exploitation par défaut sur lequel était basé celui de son téléphone, était pré-désactivé pour cette application. Il ne nota cependant pas l'absence du petit logo de sécurité dans les notifications, l'application affichant un écran noir en plein écran masquant de toute façon la barre de notifications.
Après une petite seconde, une fenêtre d'information arriva au premier plan.
Une question.
« Souhaitez-vous participer à Chromos ? Cela nécessitera votre adresse e-mail. »
Et en dessous, deux choix. À gauche, Non. À droite, Oui.
Klev restait étonné par tant de … sobriété ? Simplicité ? Non. Il ne savait pas exactement quoi penser.
Sans trop réfléchir, il toucha la case « Oui ».
La fenêtre disparut, laissant place au fond noir. Puis une autre arriva, lui demandant d'inscrire son adresse mail.
Il le fit, mettant son adresse appropriée pour les loisirs, puis valida.
La fenêtre disparu a nouveau, laissant encore place au fond noir, puis son téléphone afficha une nouvelle fenêtre au premier plan. Celle du message d'extinction du téléphone.
Klev ne comprenait pas pourquoi son téléphone s'éteignait. Il sortait d'une nuit de charge.
Il soupira, craignant pour une remise à zéro du combiné suite à un bug, chose qui lui arrivait de temps en temps vu sa capacité a se créer des problèmes en voulant aller trop loin dans la personnalisation.
Il posa son téléphone sur la machine à laver éteinte à côté de lui, et laissa vagabonder ses pensées une bonne minute.
Puis, il ramena ses yeux vers l'écran, qui demandait le code de la carte SIM, impliquant donc que tout allait bien. L'application avait dû demander un redémarrage. Il déverrouilla le téléphone.
Il alla chercher l'application dans les applications installées. Il ne la trouva pas.
Il fit la moue. Puis, il alla chercher dans le marché d'application Libres. Parfois, certaines applications n'avaient pas de lanceurs… Mais ce n'était le cas que pour les gadgets à placer sur l'écran d’accueil, habituellement.
Il ne trouva aucune trace de l'application sur la page des nouveautés du marché.
Il lança une recherche dans la liste des applications disponibles, et ne trouva rien de plus.
Il mit à jour la liste des paquets, et chercha encore. Mais l'application semblait ne jamais avoir existé. Klev se rappela qu'il avait déjà observé quelques phénomènes du genre, et ça le rassura. L'espace d'un instant, il s'était demandé s'il n'avait pas rêvé, ce qui aurait été inquiétant pour sa santé mentale.
Il parti dans les paramètres du téléphone, et dans la liste de toutes les applications, et chercha « Chromos » dans la liste. Mais il n'y avait rien.
L'application s'était désinstallée ?
Il alla vérifier sa boîte mail. Mais il n'y avait rien. Il vérifia très régulièrement, lisant entre temps des pages Wikipédia et des critiques de films ou de jeux vidéos. Sa mère revint, ils parlèrent un peu, mais Klev était distrait, et surtout, sa fatigue lui donnait un comportement assez irritable.
Il passa encore une heure dans la salle de bains à se chauffer.
Puis il regarda le forum qui lui permettait de rester en contact avec son ami Aurélien, sa moitié Malik, et d'autres amis encore, dont Élorine, et, par le passé, Mélanie.
Il alla même, à dix-sept heures, jusqu'à démarrer son client Mail pour vérifier que le mail n'était pas arrivé et que c'était son téléphone ne l'affichait pas. Il vérifia les spams.
Mais aucune trace du mail.

À dix-neufs heures, pour ne pas avoir l'impression de ne rien avoir fait de la journée, il proposa a sa mère de préparer une rissolée de pommes de terres, chose qu'il maîtrisait plus ou moins depuis quelques-temps. Les repas élaborés étaient rares le soir, chez-eux. Aussi prenait-il plaisir à casser les habitudes.
Et il oublia cette histoire de mail.
Quand il revint devant son ordinateur, il ferma distraitement son client mail sans y prêter attention, notant au passage qu'il n'y avait aucun courrier entrant.
Et quand il déverrouilla son téléphone pour répondre a un SMS, il ne réfléchit pas à pourquoi l'application mail était ouverte, et la ferma rapidement en appuyant sur la touche retour, en balayant l'écran des yeux par habitude, sans relever des yeux aucun nouveau message.

Spoiler:


Dernière édition par Klev le 24.12.13 2:05, édité 1 fois

Klev
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Message  Bacrima 23.12.13 20:19

Ça commence doucement.
Donc cela a pris la forme d'une application pour te rencontrer ... intéressant.
Au fait :
Klev a écrit:La chaleur de la douche lui donnait des frissons, cela dit il n'était peut-être pas le seul pour qui cela faisait des effets similaires.
Ici il faut mettre "avait".
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Message  Klev 24.12.13 2:07

Oui, très doucement. Je ne cache pas avoir profité… C'est assez … gratifiant de conter ainsi des activités de tous les jours. *sourire* (Ou plutôt des jours gris, dans ce cas)

Merci pour la correction ! *sourire*

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Message  Klev 24.01.14 0:41

Blanc surprise.

Il y eu un son. Une sonnette. Klev se demanda si c'était bien pour l'appartement où il était, vu qu'il n'attendait rien, ou pas si tôt. Il se leva néanmoins, pour courir à l'interphone. On lui dit qu'il avait un colis. Il prévint qu'il lui fallait s'habiller, et qu'il allait ouvrir la porte du hall d'entrée. Il était en pyjama. Il devait être dix-heures du matin… Il était midi. Klev, retournant à sa chambre, se dépêcha de s'habiller, aussi vite que lui permettait son organisme encore mal réveillé après un réveil si brutal. Peu après, il revint vers la porte, et ouvrit, s'excusant puis s'interrompant.
L'homme qui lui apportait son colis avait une grande blouse blanche, qu'il portait ouverte. Une broderie grise laissait apparaître un nom court que Klev ne lut pas, au niveau de sa poitrine, comme le logo d'une entreprise qu'il aurait vu dernièrement.
L'homme prit la parole.
« Voilà l'objet. »
Sa voix était assez banale, et semblait remplie de bonnes intentions. Il tendit un petit paquet en papier kraft, de la taille d'un livre de poche, vers le mal-réveillé.
Klev le prit.
« Je dois… signer quelque part ? » demanda ce dernier après un instant d'hésitation.
« — Non, non, tout est bon. »
Klev observa le paquet pendant quelques secondes, sans l'ouvrir, curieux. Puis il remarqua que le livreur semblait attendre quelque chose. Il en fut gêné.
« Je… Au-revoir ? » marmonna Klev, se demandant ce qu'il avait loupé pour que le livreur ne soit pas parti sans demander son reste.
L'homme en blouse sourit. « Au revoir ! » Il tourna les talons, et partit en direction de la porte d'entrée et de sortie du hall.
Klev l'observait encore, sans comprendre.
Il lui fallut une bonne vingtaines de secondes après que l'homme soit masqué par son angle de vue pour que Klev repose les yeux sur son paquet. Il prit une inspiration, et referma la porte a clef.

Il écarta la chaise de la grande table de la pièce de vie, et posa le paquet dessus. Il se dit qu'il valait mieux qu'il aille chercher ses lunettes, remarquant pour une fois depuis plusieurs semaines qu'il avait encore oublié de les mettre au réveil.
Il revint vers la table et s'assit sur la chaise. Tant qu'a faire, autant sacrifier l'aspect fébrile sur l'autel du confort.
Le paquet était fermé proprement avec du scotch placé de façon optimisée. Klev regarda quel scotch était le plus faible, puis revint à ses instincts habituels et déchira le paquet.
Un livre. À la couverture de plastique quelque part entre le jaune citron et le jaune doré, en plus pale, qui dépassait d'un millimètres au delà des pages. La reliure était faite du même plastique et semblait faire partie du même bloc que les pages de couvertures.
Klev s’arrêta une seconde. Il ne se souvenait pas avoir commandé un tel livre, et pas celui là. Enfin, pas un avec une telle couverture. Et cette couverture… Le livre était si épuré qu'il lui fallu une bonne dizaines de secondes pour réaliser qu'il le tenait avec le dos devant-lui, fatigué qu'il était.
Sur la page de couverture avant, au deux-tiers de la hauteur, en lettres argentées qui semblait brodées à même le plastique, on pouvait lire, en capitales, « Chromos ».
Dans un flash, Klev se revit en train d'installer l'application du même nom, sur son téléphone, la lancer, et accepter de participer. Et là, il venait d'avoir un livre. Il se demanda un instant s'il était devenu fou.
Un seul moyen de vérifier ; ouvrir le livre.
C'est ce qu'il fit. Il était vide. Les pages étaient blanches, mêmes pas lignées.
Il vint un instant a Klev l'idée que ça soit une sorte de journal intime pour enfants, comme il en avait eu petit sans les utiliser. Une couverture en plastique… Mais pourtant, la reliure était de qualité. Il semblait qu'il faudrait y aller fort pour arracher une page.
Klev ne comprenait pas.
Pourquoi un livre ? Par qui ? Pourquoi ? Pourquoi cet étrange livreur, tout d'abord ?
Trop de questions. Il se décida à aller poser le livre sur sa commode, dans sa chambre, et de réfléchir à ça plus tard.

Il se tourna à nouveau vers sa salle de bains et son radiateur électrique, et prit son téléphone dans sa main, afin de se vider l'esprit.

Klev
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Message  Bacrima 29.01.14 17:03

J'aime énormément la manière que tu as eu d'induire l'idée d'écrire dedans.
Le fait que ce livre te rappelait les journaux intimes de ton enfance.  :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: 

J'attends la suite Wink
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Message  Klev 05.03.14 13:40

Blanc Chromatique

Klev se réveilla soudain. Avec la sensation d'avoir fait un drôle de rêve, de ceux qui vous perturbent et vous donnent une idée en tête.
Il avait mal dormi. La veille, une partie de lui semblait avoir perdu la raison. Pour cette raison, il était allé se coucher tôt, afin de reporter le problème.
Le livre… l'avait suivi tout le temps depuis qu'il l'avait posé sur sa commode. Tout d'abord, Klev avait été simplement surpris de le retrouver dans la poche arrière de son pantalon, en allant à la salle de bains.
Puis, il avait pris peur quand il l'a retrouvé dans sa main plus tard alors qu'il l'avait posé une dizaine de minutes avant.
Le phénomène s'était déroulé tout le long de l'après-midi suivant son obtention a midi, puis toute la soirée. Sa mère, en rentrant du travail, lui avait demandé ce qu'était ce livre qu'il tenait dans sa main. Il l'avait alors glissé dans sa poche arrière sans s'expliquer.
Il se tourna dans son lit, vers le bureau qui était à moins de deux mètres de celui-ci. Il avait laissé le volet entre-ouvert, aussi la pièce était-elle assez éclairée par un soleil qui imposait relativement bien ses rayons. Il devait être dix heures du matin.
Sur sa table de nuit improvisée, un siège d'ordinateur pour enfant rabaissé au maximum, et dont le dossier avait été retiré, et qu'il laissait juste à côté de son lit, il nota la présence du livre jaune. Sans se lever, il prit le livre en tendant le bras.
Klev feuilleta distraitement ses pages. Blanches. Elles étaient toujours aussi blanches.
Mais il se sentait attiré par l'idée d'y inscrire quelque chose. D'y déverser un peu d'imaginaire. Le papier l’appelait. C'était hors de ses habitudes que d'écrire ainsi ailleurs que devant un écran, pour lui. Pourtant, la blancheur des pages le… magnétisait.

Il s'assit dans son lit face à son bureau, repoussant la couverture. Sans cesser de fixer des yeux les pages, il se leva. Puis il quitta le petit livre des yeux et chercha de quoi écrire… il vit un crayon de papier. Son critérium… posé sur son bureau. Il s'en saisit, et s'assit à nouveau sur son lit.

Précisément, après avoir choisi une page vers le milieu du livre, il plaça vivement la mine du crayon sur la partie haute et à gauche de la page.

Puis les images lui vinrent en tête. Hypnotiques. Giratina, une sorte de dragon hexapède avec deux ailes qui semblaient faîtes de la matière qui remplit le vide… Puis, un monde neutre, dans lequel Klev devrait se défendre face à un adversaire coriace. Les mots étaient précis et purs… Il ne se rendit pas même compte que quelqu'un n'y verrait qu'un charabia, tant tout était implicite… Des mots et une grammaire anarchique.
Était-ce un état de transe ?
Le crayon volait sur le papier tandis qu'il écrivait toujours d'autres substrats. Ici il était question de sentiments. Là de chance.

Puis, la mine cassa.

Le temps qu'il lève les yeux et s'extirpe de la feuille de papier qui ressemblait à un odieux brouillon, il vit que le drap de son lit, et sa couverture, et le monde autour de lui, était devenu blanc.


Sa chambre et tous les objets à l'intérieur… avait changé de couleur.

Klev
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Message  Bacrima 05.03.14 17:35

Very Happy Je me suis laissé avoir moi aussi
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Message  Klev 05.04.14 3:29

Blanc silencieux

Il jeta un coup d'œil à l'extérieur, et constata que tout semblait tout autant blanc, à perte de vue. Tout en nuances d'un blanc très clair. Et d'un silence profond.

Il se leva brutalement, et regarda le plancher, le plafond, à la recherche d'une minuscule source de couleur… ne comprenant pas. Il semblait être la dernière chose colorée… Quoique ses vêtements noirs n'étaient pas de très bons témoins.
Son calme s'envola, dans un petit a coup de panique. S'étant levé trop vite, il chuta lourdement et maladroitement sur le sol. Le livre jaune tomba à côté de lui. Il avait lui aussi gardé sa couleur.
Klev s'en saisit,… comme pour se rassurer. La seule trace de couleur avec lui était ce livre…
Puis, sous lui, il vit une petite tache. Qui s'étendait comme un petit et infime tourbillon sur le parquet flottant. Une petite tâche de la même couleur que le livre.
Étonné, mais rationnel, il vérifia au toucher de ses doigts qu'il ne s'agissait pas d'une perte liquide de sa part, se préparant au dégoût… il n'y croyait pas trop vu son semi-contrôle de sa panique, et la vérification le rassura. La tâche… ne changeait rien à la texture au toucher du parquet. Ce qui n'était pas terriblement plus logique qu'une perte urinaire.

Klev se releva, le livre en main. Il observa son décor habituel blanchi… les casses têtes et objets hétéroclites éparpillés sur sa commode avaient un autre air, une fois devenus blancs. Il se décida à enfiler rapidement un pantalon à la place de son pijama, et prit son téléphone sans y jeter le moindre coup d'œil ainsi que ses papiers d'identités et ses clefs.

Il avança vers la porte de sa chambre, pour en sortir. La poignée était aussi blanche que le couloir qui était derrière la porte. Rien d'autre que lui et le livre ne semblait avoir de la couleur, ici. Il partit en direction de la cuisine…
Et remarqua que l'horloge comtoise continuait sa course. Ainsi, malgré le silence extérieur, son tic-tac et son mouvement continuait…

Klev était pensif. Il regarda le livre, puis le rangea dans sa poche droite, avec son téléphone. Devait-il sortir ? À travers la fenêtre de la cuisine, dont il poussa le fin rideau, il voyait que le monde était tout aussi blanc de ce côté.

Autant émerveillé par la chose que paniqué par rapport aux implications de toute cette histoire et des théories qu'il spéculait déjà, Klev courra vers le salon et tira encore le rideau pour voir dehors.

Le ciel était blanc aussi. Les immeubles d'en face ne dérogeaient pas non plus.

Klev commençait à se demander s'il était fou ou si tout cela était réel. Si c'était un rêve, aussi. Il se perdait dans ses pensées, et personne n'était là pour le rassurer.
Qu'est ce qui pouvait lui prouver qu'il ne s'était pas enfermé dans un monde imaginaire de son propre esprit accidentellement ? Son souffle perdit commença à devenir plus irrégulier.
Était-il devenu fou ? S'était-il perdu dans sa tête ? Allait-il rester coincé dans son esprit contre sa volonté ?
Bientôt il ne pourrait plus échapper à ces interrogations. Il fixait le plancher, serrant les poings, tanguant un peu, le souffle erratique, paniqué, tandis que les questions le heurtaient et créaient en lui une véritable de tempête de peur, dans laquelle il se sentait comme un petit animal quelconque effrayé. Il tomba à genoux.

… Puis, la réponse de son imaginaire lui vint au milieu de sa panique.
Il savait quoi faire. Si ce monde était de lui il réagirait d'une façon où d'une autre.
Se persuadant donc être le créateur du monde en question, il leva le poing droit, et s'imagina y accumuler toute son énergie disponible. Toute l’énergie disponible de son imaginaire. Toute celle qui n'était pas vampirisée par sa peur.
Et il envoya son poing frapper le sol, s'imaginant que le plancher éclaterait, en y croyant avec toute la folie que lui amenait la croyance en ses pouvoirs sur les mondes de son esprit.

Le contact fut violent et douloureux, car Klev n'y était pas allé de main morte. Mais le plancher bougea si peu, et craqua à peine.

Cependant, Klev se sentit instantanément rassuré, se sachant maintenant dans un monde qui n'était pas de lui.

Ce qui pour autant n'était pas des plus éclairants. Et s'il se sentait à nouveau rationnel, il n'en resta pas rassuré bien longtemps pour autant.

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Message  Bacrima 07.05.14 15:57

OH .... Je ne m'attendais pas à cette réaction, à cette vérification.
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Message  Klev 07.05.14 16:04

C'est depuis mes « recherches » sur les rêves lucides… je remet facilement en cause la réalité. … *sourire contrit*

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Message  Klev 09.05.15 16:32

Blanc silencieux, partie 2

Le contact fut violent et douloureux, car Klev n'y était pas allé de main morte. Mais le plancher bougea si peu, et craqua à peine.

Cependant, Klev se sentit instantanément rassuré, se sachant maintenant dans un monde qui n'était pas de lui.

Ce qui pour autant n'était pas des plus éclairant. Et s'il se sentait à nouveau rationnel, il n'en resta pas rassuré bien longtemps pour autant.
Si ce monde n'était pas de lui, ça n'avait finalement rien de terriblement moins angoissant. Qu'était-ce ? Était-ce vraiment un autre monde ? Après la folie, la peur le guettait. Ou une folie plus profonde encore ?

Il se rappela soudain a la réalité, et se releva au milieu du salon. Il nota que là où il avait posé les pieds, il avait laissé des traces du même jaune que celui qu'il y avait sous lui et sur le livre, traces qui s'étendaient doucement. Écartant l'incongruité de la chose de son esprit, Klev se dirigea frénétiquement vers sa chambre, et prit le téléphone fixe qui trônait à côté de la boîte internet, retirant le livre de sa poche droite par ce qu'il l’empêchait de courir correctement. Se disant que sa moitié était rarement disponible, fébrilement, il chercha dans le répertoire, et appela une autre personne ; son ami, Aurélien. Il mit le téléphone contre son oreille, après avoir enclenché le haut parleur. La ligne bipa. Environ huit fois. Personne ne décrocha. Il envoya le téléphone contre un mur, ce qui le brisa en deux sur sa longueur. Le pauvre combiné retomba sur le lit de sa chambre, composants a l'air.

Il essayait de se rassurer, mais la crise d'angoisse n'était pas loin. Revenant dans la salle a manger, il se décida a sortir en arrachant les clefs aux repose-clefs, et l'inséra dans la porte pour l'ouvrir.

Le couloir entre les appartements était blanc lui aussi. Les couleurs le choquèrent une fois de plus. Il tourna vers la gauche et se dirigea vers la porte de sortie, côté rue, manquant de chuter dans les quelques marches qui le séparaient de la dite porte.

Il ouvrit violemment la porte, et fit quelques pas dehors. Il se calma pour ne pas choquer d'éventuels passants. Mais la rue était vide. Klev gravit les quelques marches qui séparaient l'immeuble du niveau de la route et du trottoir. Le jeune homme posa ses mains sur ses genoux pour se calmer. Puis, se redressant, il posa une main sur ses fesses pour s'étirer, et sentit une forme étrange dans sa poche postérieure droite.
La fouillant, Klev y retrouva le livre jaune. Ne comprenant pas encore une fois comment il était revenu là, il descendit du trottoir pour être sur la route en grommelant, et lança le livre de toutes ses forces le plus loin possible sur la longueur de la route. Tandis que le bouquin atterrissait sur le béton blanc, il sourit un instant avec une satisfaction tendue, et se tourna dans l'autre sens pour réfléchir. Regardant l'église proche, si étrange dans son architecture, mais qui avait toujours été là, il laissa ses yeux traîner sur le décor blanc qui l'entourait, le stressait. La couleur, ou plutôt la non couleur, n'était pas pure, elle prenait en compte les impuretés et les ombres. Et là où il avait marché, ses traces de pas, jaunes, restaient, et s'étendaient lentement, comme dans sa chambre. Il s'en approcha pour les étudier, s'accroupissant devant le trottoir, frottant ce qui donnait l'impression d'être une peinture tout en ne donnant aucunement l'impression de se superposer a quoi que ce soit ; là où était le blanc comme là où était le jaune, le ciment du trottoir donnait l'impression d'une même texture, et passer de l'un a l'autre ne donnait aucunement l'impression d'une différence. Puis, soudainement, il réalisa qu'il avait une gêne sur le postérieur. Il se releva, et fouillant a nouveau dans sa poche, y retrouva le livre. Il poussa un juron, et le lança a nouveau, cette fois en direction de l'église. Le bouquin retomba sur le sol, rebondissant une fois, ouvert contre le bitume.
Klev soupira avec un air énervé. Il regarda sur sa gauche les immeubles blancs, pivotant et mettant ses poings contre ses hanches, puis regarda a nouveau le bouquin. Il se mordit la lèvre et commença a marcher pour aller le ramasser par terre, pestant a nouveau.
Le livre n'avait pas une seule égratignure. La surface de plastique semblait solide… Klev fut surpris de constater que les pages elles mêmes, malgré leur contact avec le sol, n'avaient même pas été froissées.
Il resta un instant ainsi, a regarder le livre, ses pages griffonnées par la frénésie de l'inspiration lui semblant a lui même grandement confuses. Il tourna quelques pages, puis referma le livre en soupirant, et le rangea dans sa poche arrière.

Le soleil était au zénith.

Il eut un rire nerveux, ayant l'impression que la réalité faisait une référence a ses écrits. La situation était incroyable. Et il était seul.

Quoique, il n'avait pas cherché a appeler qui que ce soit en criant. Il tenta.
« Il y a quelqu'un !? »
Klev patienta un instant, se tournant pour regarder le plus loin possible au bout de la rue. Personne ne lui répondit.
« … Si seulement Aurélien était là… Ou peu importe qui, en fait… »
Il soupira. Et ressortit le livre de sa poche, le contemplant a nouveau un instant. Un sourire triste éclaira son visage. Puis, il mit ses mains et le livre dans ses poches.
Nonchalamment, il commença a marcher vers le boulevard qui passait non loin, vide de toute circulation.

Spoiler:


Dernière édition par Klev le 09.05.15 19:19, édité 1 fois (Raison : Merci Yoendel pour un oubli)

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Message  Klev 10.05.15 17:37

Jaune.

Jaune interminable

Ça faisait une semaine et demi que Klev était dans cet univers blanc, maintenant jauni de ce qui semblait être sa propre couleur : le jaune entre doré et citron s'était étendu, beaucoup étendu. Il avait passé un certain temps à manger ce qui restait dans les placards jaunis et le frigo de l'appartement de sa mère, observant avec intérêt la couleur jaune presque safran recouvrir le blanc dans l'appartement, et un autre certain temps à dormir. Le cycle solaire s'effectuait comme dans l'ancienne réalité, et comme dans la réalité l'ennui était de rigueur si on n'avait aucune occupation.
Klev s'était un peu amusé les premiers jours, notamment en découvrant que toucher des choses posait de nouvelles sources de jaune qui s'étendaient elles aussi, puis en réalisant avec amusement que ses vêtements noirs les plus opaques avaient maintenant des reflets jaunes, et que le phénomène de colorisation s'était étendu à toute sa garde-robe, jaunifiant également ses noirs les plus grisés par l'usure. Puis, il avait combattu l'ennui dans un premier temps, en allant même une fois jusqu'à allumer son ordinateur, à l'image jaunie, pour écrire un peu, avant que les journées ne commencent à devenir très longues. Progressivement, il eut l'impression que passer son temps à charger et décharger son smartphone lui aussi jauni dans cette ambiance jaunâtre le déprimait.
Dans la réalité, des gens auraient répondus à ses messages. Longtemps après, mais ils auraient répondus.
Assis devant chez lui sur le trottoir, entre les voitures jaunies, il soupira. Il était encore tôt, exceptionnellement tôt pour lui ; huit heures du matin selon les différentes horloges. Le soleil donnait déjà une belle teinte au jaune. Des immeubles au loin n'étaient pas encore jaunis, eux ; et la collégiale ne le semblait pas sur toute sa hauteur.
Ne pas avoir de raisons de se coucher tard l'avait amené à se lever tôt.
Klev s'étira un peu et se leva, partant en direction du boulevard lui aussi jauni. De toute façon, les placards commençaient à se vider, et personne ne lui en voudrait s'il commençait à voler un magasin de toute façon vide. Si la peur l'avait retenu de s'éloigner de chez lui les premiers jours, maintenant il était suffisamment désabusé pour envisager de visiter l'endroit.
Marchant au milieu de sa rue les mains dans les poches, il sortit de sa rue, et arriva au boulevard.
Il regarda sur sa droite et sur sa gauche. Aucune voiture. Pas le moindre mouvement. Et du jaune partout. Le garçon sourit ironiquement, et soupira.
« Comme si j’espérais rencontrer qui que ce soit… », se dit-il à lui-même.
Il décida de suivre le boulevard jusqu'au rond-point, et d'aller dans la rue qui traversait le centre historique, pour rejoindre la collégiale. Toujours avec une certaine nonchalance blasée débridée par le fait de ne pas être observé et la solitude qui passait d'écrasante à coutumière selon les moments, il marcha entre les boutiques commerçantes de la rue, observant les rayons jaunis.
Il soupira une fois encore. Ce jaune lui plaisait, ça n'était pas la question. C'était pour le principe de soupirer. Désabusé et seul, il en profitait pour se mettre dans un personnage, comme ça lui arrivait parfois. Sa nonchalance émanait alors naturellement du jeu d'acteur. Il était simplement dommage que personne ne soit là pour observer.
Cela dit ça lui permettait justement d'amplifier le jeu, ce qui n'était pas plus mal.
Klev regarda les escaliers dorés qui descendaient vers une rue jaune plus basse, avec le sourire. Certains éléments semblaient plus beaux simplement par ce qu'on changeait sa façon de les regarder.
Il marcha encore quelques minutes, avec un sourire plus amusé, et arriva au tiers de la rue. À sa droite et à une petite minute de marche, déjà visible, se tenait la collégiale, et au loin devant lui attendait le rond-point inutilisé du centre-ville. Après ça, le monde semblait être resté blanc. Il hésita un instant, puis se dirigea vers la collégiale en se disant qu'il aurait largement le temps d'aller voir le rond-point plus tard vu l'heure qu'il était.
Observant le bâtiment religieux, il le découvrait sous un nouveau jour. Bien que le jaune n'ait pas atteint le haut de la tour de la collégiale, l'édifice lui paraissait à nouveau impressionnant après tant d'années d'habituation. Bien que d'une taille modeste, il imposait par sa stature et son architecture sobre et épurée. Certains auraient dit pauvre, mais Klev appréciait. S'approchant plus, il toucha le mur de pierre froide, et s'arrêta quelques minutes pour penser. Un instant lui vint en tête l'idée de prier, puis il se ravisa en retira sa main, et fit le tour du bâtiment pour en trouver les portes. Par malheur elles étaient fermées. Klev fit la moue et repartit en direction de la rue qui menait au rond-point du centre-ville.
Après quelques minutes, il vit enfin nettement le blanc. Posant un regard sur la mappemonde de métal au centre de la fontaine du rond point, maintenant dorée, sur lesquelles seuls les continents étaient présents, laissant du vide là où les océans auraient du être, il s'en détacha pour détailler à une petite dizaine de mètres le blanc, qui s'étendait après une ligne imaginaire en face de sa propre couleur. Klev s'approcha de la frontière, et regarda celle-ci en cherchant à voir l'avancée de son jaune. Ses empreintes à lui s'étendaient aussi là où il marchait, aussi il dut regarder un peu plus loin que directement sous lui pour en avoir une idée. Il sourit à lui-même en voyant le jaune avancer doucement, tout doucement.
Puis, il regarda le centre du rond-point, la mappemonde. Une envie mégalomane lui vint en tête. Après tout, il était seul.
Son vertige lui rappela que grimper sur une mappemonde de métal n'était probablement pas une bonne idée.
Mais il était seul. Personne ne pourrait le faire tomber.
Il remarqua à nouveau la présence du bassin d'eau autour de la mappemonde, et cela le découragea.
Il soupira à nouveau, s'étira, et décida de partir dans le blanc, autant pour étendre sa couleur que par curiosité. Ses pas laissaient des traces sur le sol encore pur. Il sourit, amusé, et avança au milieu de la rue encore pure qui se prolongeait en face de lui.


Dernière édition par Klev le 10.05.15 18:05, édité 2 fois (Raison : corrections des à)

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Message  Bacrima 10.05.15 20:42

Le titre est bien trouvé, et j'adore l'ambiance qui se dégage du texte : découverte, désabusement, et pointe de mégalomanie naissante :mrgreen: .
Un tout petit truc qui m'a interpellé c'est la répétition de l'expression "un certain temps" au début du texte.
Pourquoi ce spoil sur les objets de bureaux ?
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